Commando Georges [muet]
Notice
Images non montées du commando Georges en action, composé uniquement d'anciens « fellaghas » ralliés.
Éclairage
Le commando Georges est emblématique de la politique voulue par le général de Gaulle par rapport aux « rebelles ». Après la « paix des braves » qu'il édicte fin 1958, de nombreux « ralliés » entrent dans les rangs de l'armée française. Le commando Georges, composé uniquement d'anciens « fellaghas » (jusqu'à 240 en 1961) et dirigé dès sa création en février 1959 par le lieutenant Georges Grillot (d'où son nom), est également typique de la formule des « commandos de chasse » qui se met en place dès la fin 1958 sous l'impulsion du général Bigeard. Son organisation colle à celle de l'ALN elle-même, avec des katibas pour mieux la combattre sur le terrain. Les succès du commando dans le sud-oranais sont rapides et spectaculaires, ce qui lui vaut une gloire rapide. Le commando Georges fera l'objet, grâce à ces rushes, d'une actualité militaire au sein du Magazine Algérie-Sahara, sujet pour lequel « Le colonel Cousteau, chef du 3e bureau de l'EMI a précisé dans un briefing avant le reportage, que celui-ci devait s'appliquer à montrer que le commando Georges est surtout formé de musulmans. 2/ l'entente entre ceux-ci et l'aviation d'observation. 3/ la recherche de renseignement et son exploitation » (archive SCA). Les rushes rendent bien compte de la demande officielle : ils ont été clairement filmés dans l'optique d'un montage postérieur ; il ne sont donc pas « documentaires ». Dans la première partie, ils mettent en scène les membres du commando Georges à la fois dans un exercice de représentation (défilé) et dans leurs techniques quotidiennes de recherche : discussions « spontanées » avec des « rebelles »... La mise en scène transpire par le biais de l'aspect amusé des « comédiens » face à la caméra, mais aussi à travers les prises permettant d'avoir le meilleur mouvement d'hélicoptère. On peut voir le fanion du commando « Chasser la misère ». Quelques rares plans sont strictement documentaires, comme celui sur le bousier roulant sa boule et, au milieu de plans plus mis en scène, ces plans parfois choquants de cadavres de combattants de l'ALN déchiquetés. C'est justement l'intérêt des rushes comme ceux-ci que de relever de deux statuts filmiques différents, documentaire et semi-fictionnel. Le commando sera surtout connu à travers un sujet de l'émission télévisée Cinq colonnes à la une, filmé par Pierre Schoendoerffer, qui mettra largement en valeur ces hommes et leur chef, et en particulier leur maîtrise du terrain du fait de leur connaissance des techniques de l'ALN (caches, etc.) et de la langue arabe (voir le document L'opération "Jumelles"et le commando Georges). Après le 19 mars 1962, les membres du commando Georges ne seront pas autorisés à rejoindre la France et nombre d'entre eux seront assassinés en Algérie.