Commando de chasse
Notice
Mise en scène d'opérations de "contre-guérilla" menées par les commandos en terrain montagneux et boisé.
Éclairage
L'année 1959 voit l'arrivée du général Challe à la tête de l'état-major en Algérie et la mise en œuvre du « plan Challe ». A partir de cette date, les commandos vont être largement mis en avant, avec un imaginaire guerrier qui poursuit celui des parachutistes, qui étaient les éléments d'élite les plus « spectaculaires » valorisés depuis 1955, toutefois controversés après la « bataille d'Alger » pour leur usage récurrent de la torture. La « contre-guérilla » est toujours au centre du discours et des pratiques ; en cela il n'y a pas de rupture entre avant et après 1958. Les commandos rendent compte de la volonté de l'état-major d'en finir à tout prix avec l'ALN, de Gaulle ayant décidé de négocier avec le FLN une fois l'ALN battue militairement pour être en position de force.
Réalisé par le SCA Algérie en octobre 1959, ce film semble destiné aux soldats des commandos eux-mêmes, et non à un large public. D'une part, il est d'une facture semi-amateur notamment du fait de sa voix over. D'autre part, et surtout, c'est une ambiance de guerre qui est mise en avant, ce qui va à l'encontre de la propagande usuelle sur l'Algérie, tournée vers la « pacification ». Enfin, le narrateur du film s'avère rapidement être lui-même un membre (dont on ne sait s'il est fictionnel ou non au son hésitant de sa voix) d'un commando : « Voici le commando, voici mon commando », dit-il en insistant sur le fait qu'il est composé de « beaucoup de Français musulmans, dont une bonne part d'anciens rebelles ralliés ». Le ton est étonnant et fourmille de bons mots (qui tombent quelque peu à plat) ; le parcours du combattant est par exemple « à déconseiller aux cardiaques ». L'esthétique est clairement celle du film de guerre ou du western, avec une rythmique de tambour. De plus, on y présente le FLN d'une manière plus évidente que d'habitude, à savoir comme un ennemi : « L'adversaire : la katiba », dit le narrateur. Il s'agit d'un film intégralement fictionnel, très découpé dans son scénario et sa mise en scène, comme le montrent les séquences d'opération. C'est l'un des rares films (avec quelques films d'instruction) où l'on voit une unité de l'ALN en action, ce qui est une preuve qu'il s'agit d'une fiction, d'autant plus que certains des « rebelles » sont habillés et armés comme des soldats français. Le film présente la vie d'une unité de commando, d'abord en instruction puis en opération, de manière à mettre en valeur son action : « C'est au tour du rebelle de se trouver en insécurité ». La vie de l'unité est également bien différente de ce qu'on en voit traditionnellement, avec la séquence de repos et de repas au son de l'accordéon. Le film vise de manière générale à rassurer le soldat d'élite sur sa mission et sa puissance de frappe : « Nous traquons le rebelle ; employant ses méthodes au superlatif, nous le surclasserons ». Il s'agit bien de « chasser la terreur » et de « ramener le calme et la sécurité » dans un esprit de fraternisation, comme le dit le speaker sur fond d'images de soldats crapahutant : « Ainsi, ces jeunes soldats de métropole et ces jeunes musulmans, au coude à coude sur la terre française, animés de la foi tranquille de ceux qui se battent pour un idéal juste et grand, parviendront ensemble à la victoire ».