Arrivée des troupes françaises à Haïphong en mars 1946 [muet]

13 mars 1946
13m 37s
Réf. 01050

Notice

Résumé :

[Document muet] Du 6 au 8 mars 1946 a eu lieu le débarquement des troupes françaises à Haïphong dans le cadre de l'opération "Ben Tre", sous le commandement du général Leclerc. Les soldats appartiennent à la 9e Division d'Infanterie Coloniale (DIC), au Bataillon Mobile de la 2e DB, à la Brigade de Marche d'Extrême-Orient, et à des unités de soutien, ce qui représente près de 20 700 hommes.

Type de média :
Date de diffusion :
13 mars 1946
Lieux :

Éclairage

Ce document muet issu des collections de l'ECPAD (Etablissements de Communication et de Production audiovisuelle de la Défense) est un bout-à-bout de rushes tournés au moment du débarquement des troupes françaises dans le port d'Haïphong (Opération Ben Tre) au Tonkin, du 6 au 8 mars 1946.

Il est particulièrement intéressant de comparer ce document brut aux effets de mise en scène du Magazine des Armées (=CODE À CREER) lors du débarquement des forces françaises à Saïgon (Cochinchine) en septembre 1945. En effet, ici aucun montage, aucun commentaire pour orienter la compréhension des plans, aucune sélection d'images pour forcer la lecture de l'événement : le spectateur est laissé seul face à la jeunesse des combattants embarqués dans les bâtiments français qui se déploient au large d'Haïphong, il assiste à leur arrivée devant un port aux quais à peine bordés d'une seule rangée de silhouettes, maigre assistance comparée aux scènes de liesse populaire de l'arrivée de Leclerc dans le Sud. Plus étonnant, il existe parmi ces rushes des scènes tournées depuis des embarcations rudimentaires conduites par des Vietnamiens (essentiellement des femmes et des enfants) en guenilles venus à la rencontre de la flotte en espérant recevoir un peu de nourriture jetée, à leur attention, par dessus bord par les soldats.

Les plans ici proposés sont tous très courts, preuve d'un tournage réalisé dans des conditions difficiles, à l'arraché, filmés comme l'opérateur aurait pu photographier, uniquement pour saisir l'instant sans réellement pouvoir le laisser s'installer dans la durée. Il immortalise ainsi un port en état de choc, sidéré, des sentinelles chinoises livrées à elles-mêmes devant des ruines ou dans des postes désormais inutiles. Plus conformes aux attentes de la propagande pour fournir les documents audiovisuels officiels : il filme par deux fois exactement la même scène, un drapeau français hissé par les mêmes hommes sur le toit du même bâtiment. Le caractère répétitif de ce moment prouve qu'il a cherché, en variant les axes de prise de vue, à mettre en scène cette action pour obtenir l'effet le plus convaincant à l'écran. Tout comme les plans embrassant des vues de la ville, il s'agit là de « plans utiles » selon la terminologie des techniciens, de « stockshots » selon celle des spécialistes des archives, faciles à employer dans des montages d'actualité pour illustrer n'importe quel temps fort de la reconquête du Tonkin.

Delphine Robic-Diaz