Le retour du soleil

01 mai 1942
02m 18s
Réf. 00042

Notice

Résumé :

Avril 1942, le France du régime de Vichy voit revenir les beaux jours. Alors que les Parisiens s'adonnent à des activités estivales et que les paysans retournent à leur terre, dans les Landes, cent-cinquante ouvriers construisent des digues sommaires pour protéger la forêt du sable ainsi qu'un réseau routier à travers les pins.

Date de diffusion :
01 mai 1942

Éclairage

Le 1er septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale commence avec l'invasion de la Pologne par les troupes allemandes. Ce conflit qui répond aux humiliations du traité de Versailles, signé à la fin de la guerre 1914-1918, se termine en août 1945 lors du bombardement par les Américains des villes d'Hiroshima et de Nagasaki, au Japon.

Le 14 juin 1940, Paris est occupé, le gouvernement se replie à Bordeaux, Paul Reynaud présente la démission de son gouvernement et le maréchal Pétain devient président du Conseil avec l'aval du président de la République, Albert Brun. Encore nimbé du rôle qu'il a joué lors du premier conflit mondial, Pétain est accueilli comme un homme providentiel mais, le 17 juin, il demande l'armistice, signé 5 jours plus tard dans la forêt de Compiègne, là même où avait été signée la capitulation allemande du 11 novembre 1918.

Les civils fuient l'avancée des troupes de la Wehrmacht : c'est l'Exode. Le 1er juillet, le gouvernement s'installe à Vichy, en zone libre, et Pétain est alors investi des pleins pouvoirs par l'Assemblée Nationale le 10 juillet suivant. Il s'octroie, le lendemain même, le titre de "chef de l'État français", qu'il conserve durant les quatre années d'occupation, et engage la "Révolution nationale". La devise républicaine Liberté, Égalité, Fraternité est remplacée par Travail, Famille, Patrie.

Au milieu d'un conflit majeur qui devait faire 55 millions de morts, l'année 1942 marque un tournant décisif car les forces de l'Axe, à leur apogée, rencontrent les premières défaites : sur le front soviétique, Stalingrad résiste annonçant la capitulation des Allemands du 2 février 1943 ; en Afrique du Nord, les troupes anglaises de Montgomery remportent la victoire d'Al Alamein et, dans le Pacifique, les Américains sont vainqueurs à Midway.

Face à ces défaites, les Allemands ripostent. Les 16 et 17 juillet, ils regroupent 13 000 Juifs dans le vélodrome d'hiver de Paris et les envoient vers les camps de la mort : c'est la rafle du Vél' d'Hiv qui annonce des opérations de plus grande ampleur dans le cadre du programme antisémite de l'Allemagne et du régime de Vichy. En novembre de la même année, la zone libre est envahie et le pays entièrement occupée par l'ennemi.

Mais, de tous ces événements, la presse et les médias en général, ne s'en font pas l'écho ! Le gouvernement, par le truchement de l'Office Français d'Information (OFI), à la fois office de censure et de propagande, maîtrise tout. Le cinéma, alors en plein essor, n'est plus un art mais une arme avec la création, depuis le 29 juillet 1939, du Commissariat Général de l'Information (CGI) ; un journal d'actualités et un documentaire passent alors avant tous les films, véhiculant maintenant l'idéologie du régime et le culte du Maréchal.

Dans son appel du 20 juin 1940, le futur chef de l'État avait invoqué le laxisme du pays : "Depuis la victoire, l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice...On a voulu épargner l'effort. On rencontre aujourd'hui le malheur". La réponse à ce constat se trouve donc, de façon récurrente, entre fin juillet 1940 et novembre 1942, dans les messages divulgués par France Actualités et Pathé-Gaumont qui sont des films d'intérêt national, porteurs d'espoir, montrant des images d'Épinal d'une France tournée vers des valeurs traditionnelles.

Dans ce type de reportage, on gomme bien évidemment l'Occupation et les désastres multiples sur les fronts étrangers, valorisant seulement une jeunesse saine et vaillante, celle, précisément, qui est enrôlée dans les chantiers de jeunesse, sorte de service civil destiné à occuper de jeunes hommes à la réalisation de travaux d'intérêt public.

Au printemps 1942, on se promène donc à bicyclette à la veille de le rafle du Vel' d'Hiv', on fait du canoë sur la Marne - rivière emblématique s'il en est - on se retrouve entre amis pour jouer aux cartes, dans l'heureuse nouvelle condition du retraité protégé par l'Allocation aux Vieux Travailleurs Salariés (AVTS) tout récemment créée par un décret du 14 mars 1941 du gouvernement de Vichy. Dans les campagnes, le geste auguste du semeur rassure car "la terre ne ment pas".

Sur une plage des Landes, loin de Paris et de la Marne, on met la théorie en pratique en proposant une vie saine, au plein air, aux jeunes enrôlés de gré ou de force dans les chantiers de jeunesse...

Le retour du soleil est pour bientôt !

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

(Musique)
Journaliste
Le sourire du soleil. Avril a rendu aux parisiens leurs plaisirs d’été. Aux Buttes-Chaumont, les joueurs de belotte ont recommencé leurs interminables parties. Tandis qu’au bois de Vincennes, les académies de boulistes ont retrouvé leurs fidèles.
(Musique)
Journaliste
Avril est revenu avec son doux soleil et les premiers canoës descendent le cours calme et tranquille de la Marne. Les jeunes gens quittent la grande ville pour aller respirer l’air pur de nos campagnes où le soleil a ramené la vie.
(Musique)
Journaliste
La terre renaît, la terre promet.
(Musique)
Journaliste
Le paysan de France a repris son travail. Partout c’est l’effort qui féconde la terre.
(Musique)
Journaliste
Les arbres ont retrouvé leurs bourgeons. Mais la forêt des Landes appelle au secours contre la mer qui vient de la ronger durant tout l’hiver. Au premier rayon du soleil, les ouvriers sont revenus construire des digues sommaires afin que le sable n’envahisse pas les terres. La France veille sur ses richesses.
(Musique)
Journaliste
La journée terminée, les équipes rejoignent le cantonnement. 150 hommes, hier chômeurs, aujourd’hui rendus à l’activité, mènent dans ce camp une vie saine, une vie proche de la nature. Création d’un réseau routier à travers les pins, lutte contre les empiètements de la mer, travail sans cesse renaissant, conditions du relèvement de la France. La France tout entière sait que dans les graves circonstances présentes, seuls les mots d’ordre du Maréchal peuvent assurer notre salut : union et travail, discipline et solidarité.
(Musique)