L'érosion des dunes à Mimizan
Notice
A Mimizan, les engins des Ponts et Chaussées consolident les assises d'une villa dont les fondations sont menacées par l'érosion des dunes. Pour préserver le tourisme et les habitations riveraines, le conseiller général Cassagne espère l'aide des pouvoirs publics pour la mise en œuvre d'un plan d'ensemble d'aménagement des digues.
Éclairage
Les Mimizannais, comme tous les habitants du littoral des Landes de Gascogne, ont toujours lutté contre l'invasion des sables et l'incessante érosion des dunes. Un dicton local ne rappelle-t-il pas, en gascon [1], que le navigateur doit se préserver du "chant de la sirène, de la queue de la baleine et du clocher de Mimizan" ? Apercevoir ce clocher, qui servait d'amer, c'était en effet risquer de s'échouer. Car cette côte du Golfe de Gascogne est dangereuse et aucun port, entre Bordeaux et Bayonne, hormis Capbreton, ne peut abriter un vaisseau.
En 1966, un an avant la création de la Mission Interministérielle à la Côte Aquitaine (MIACA), les élus locaux s'émeuvent des dégâts causés par les grandes marées, d'autant plus que certaines maisons anciennes sont construites sur la dune vive plus ou moins stabilisée, et exposées aux aléas climatiques. Cette situation s'explique, selon le docteur Cassagne, conseiller général, par la configuration des lieux ; depuis 1873, en effet, le "courant" arrive au droit de la station balnéaire accentuant le phénomène naturel d'érosion engendré par les courants côtiers nord-sud.
Cet exutoire de l'étang d'Aureilhan prend naissance à Mimizan, à la passerelle de Gombaut et se fraie un chemin d'environ sept kilomètres entre les dunes, en autant de petits méandres qu'il y a de lettes à emprunter et de tucs à contourner, notamment le Tuc d'Udòs (51 mètres d'altitude) qui sépare le bourg de la plage.
Si aujourd'hui le nombre de pêcheurs y a diminué, longtemps l'activité halieutique y fut importante. Vers 1035, Guillaume, comte de Poitiers, et son frère Pierre donnent à l'église de Mimizan "la dîme de deux nasses ou pêcheries établies sur le fleuve côtier de cette localité" et un rôle gascon du 25 juillet 1281 autorise la construction d'un moulin sur le même cours d'eau, "entre l'étang et la mer" [2].
Mais, depuis cette époque où le "havre" de Mimizan accueillait quelques navigateurs et pèlerins, le visage du petit bourg a bien changé. Les cartes et portulans des XVIe et XVIIe siècles et la carte de Cassini de la fin du XVIIIe siècle rendent d'ailleurs compte de l'évolution du trait de côte et placent bien l'embouchure du "courant" au sud de l'actuelle station balnéaire alors que le cordon dunaire n'est pas encore réellement établi. De ces divagations anciennes témoignent encore deux petits étangs, les "Mailloueyres" [3], qui se trouvent aujourd'hui dans une réserve naturelle de la forêt domaniale. En 1828, suite à un automne et un hiver pluvieux, le barrage sablonneux, entre l'actuelle Mailloueyre et le lieu de l'embouchure actuelle, est rompu ; des travaux de redressement sont vainement entrepris en 1838.
En 1905, Maurice Martin dans son fameux ouvrage intitulé La Côte d'Argent, fait observer que "vingt chalets d'avant-garde" sont déjà édifiés par d'audacieux adeptes des séjours aux bains de mer dont la mode s'est développée. Héritage de cette belle époque du tourisme climatique, pareillement à Arcachon, la rive sud du courant est toujours qualifiée de "Ville d'hiver".
C'est dans ce secteur, régulièrement envahi par les sables arrachés à la dune nord que se situe "La Vigie" soumise à la fois, par l'effet conjugué du vent et de la mer, à l'ensablement et à l'érosion de la dune sur laquelle elle repose. Seule une digue protectrice peut s'avérer efficace mais il faut attendre l'année 2007 pour que des structures adéquates protègent le courant de l'ensablement. Canalisé entre deux digues, solidement empierrées, le "courant" ne divague plus, évacuant régulièrement les eaux du lac d'Aureilhan et des autres étangs du Born en amont.
Juguler l'avancée du sable demeure cependant, pour les services locaux de la D.D.E, une préoccupation majeure même si certaines techniques récentes comme la pose de filets sur les dunes, limite les dégâts.
[1] "Que Diu ens preservi deu cantic de la sirena, deu codic de la balena e deu clochèr de Mamisan."
[2] Cité par Bernard Saint-Jours, Le littoral gascon, page 163.
[3] Du gascon malhòu, "coquille bivalve ronde et striée des zones sablonneuses couramment appelée coque", dans une forme collective malhoèira.