La gestion des dunes landaises par l'ONF
Notice
Afin de contrôler le mouvement et l'érosion des dunes du littoral aquitain sous l'effet des vents et de la mer, l'Office National des Forêts met en place un certain nombre de sites pilotes, comme celui de Mimizan, qui visent à recréer un écosystème approprié, largement dégradé en période estivale par l'afflux de vacanciers.
Éclairage
Issus de l'érosion des matériaux arrachés au Massif central et aux Pyrénées, les sables du "plateau landais" sont mis en place à l'ère quaternaire. Au rythme des glaciations ils sont remaniés et le transport éolien met en place les dunes aujourd'hui les plus anciennes. À la période historique, les dunes "modernes" se forment, toujours menacées et menaçantes pour les villages les plus proches tant qu'aucune opération volontariste de fixation ne vient arrêter ce processus.
Ainsi, à Soulac, vers la pointe du Médoc, l'église romane Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres est-elle progressivement recouverte par les sables entre le XVIe et le XVIIIe siècle. En 1801, la municipalité de Mimizan s'inquiète de voir le village "sur le point d'être enseveli par les sables des dunes qui forment autour du bourg un demi-cercle de 24 toises d'élévation" et prie le gouvernement "de faire fixer les dunes qui se précipitent d'une manière effrayante dans l'étang de Mimizan et font refluer les eaux sur les terres de l'intérieur et dans le canal appelé courant. Le sable submergerait alors à la fois les villages de Mimizan, Aureilhan, Saint-Paul et Sainte-Eulalie" (délibération du 22 floréal an XI de la République française).
Ces témoignages expliquent qu'à la fin du XVIIIe siècle on entreprenne la fixation de ces masses instables et qu'au XIXe siècle on forme artificiellement le "cordon dunaire". Car l'alignement continu des dunes sur la côte résulte d'une volonté humaine. En effet, à partir de 1819, les Ponts et Chaussées puis les Eaux et Forêts, posent systématiquement des lignes de palissades pour protéger la forêt "sous le vent" et offrir de la sorte "au vent", c'est-à-dire côté océan, des espaces où s'accumulent les sables qui se stabilisent grâce à l'enracinement des oyats. Cette entreprise, toujours fragile, nécessite donc un entretien permanent et une surveillance continue.
Le succès touristique intense de certains sites engendre en effet un risque toujours vif d'érosion anthropique par le piétinement intensif des visiteurs, en raison d'une fréquentation massive et anarchique vers la plage à travers les dunes. Cela accélère la dégradation de certains sites, aggravant le travail de sape ou d'accumulation des éléments opérés par l'eau et le vent.
Le travail des techniciens de l'ONF a donc pour objectif d'atténuer ces méfaits en interdisant certains secteurs dunaires, en balisant ou en aménageant les accès (barrières, caillebotis, escaliers...) et en replantant les espèces endémiques.
Fondé en 1966, l'Office National des Forêts, succède à l'ancienne administration des Eaux et Forêts et s'occupe donc d'une part des dunes (fixation, lutte contre l'érosion éolienne ou anthropique, préservation des espèces protégées), d'autre part des forêts domaniales. L'empreinte de la rigoureuse gestion des pinhadars par cet organisme se lit d'ailleurs dans le quadrillage rigoureux des pare-feux et les vastes coupes régulièrement opérées dans ce secteur du littoral.
De fait, le littoral, pour les Landais, ce sont avant tout les dunes. Elles constituent une zone-tampon entre la plage proprement dite et les premières parcelles boisées ou construites sur l'arrière-dune. C'est un milieu vivant offrant une biodiversité insoupçonnée. Les spécialistes de ce biotope divisent donc les lieux en 3 parties : la dune mobile, la dune fixée ou "lette grise" et la frange forestière où se développe naturellement une flore parfaitement adaptée à ce milieu.
Dans le premier secteur poussent l'Astragale de Bayonne, l'Épervière laineuse, l'Euphorbe maritime, le Liseron des sables, le Panicaut de mer, la Roquette de mer et la Silène de Thore. Plus à l'intérieur, on trouve l'Alysson des sables, le Carex des sables, le Gaillet, l'Immortelle des dunes, le Lis mathiole, l'Oeillet des dunes, le Sedum acre, le Serpollet et enfin, dans la frange forestière de transition, se fixent arbustes et arbres nanifiés sous l'effet du vent, l'Ajonc d'Europe, la Bruyère à balais, le Chêne-liège, le Ciste à feuilles de sauge, le Genêt à balais et le Pin maritime.
L'Oyat ou Gourbet et le Chiendent des sables assurent ici la sécurité, luttant pour maîtriser la dune, à défaut de la fixer. Mais la surfréquentation de ces zones fragiles facilite l'érosion éolienne engendrée par l'effet du vent sur une dune dévégétalisée, alimentant ainsi un cercle vicieux.
Informer, révéler, mettre en garde, éveiller l'attention sur la fragilité des écosystèmes constitue donc la principale mission de l'ONF quand on sait que la dune d'Ondres, par exemple, a reculé de 25 à 30 mètres en 50 ans....En amont de l'action sur le terrain, la réflexion s'impose pour mener à bien une telle entreprise.