Côte landaise, côte poubelle

22 février 1991
03m 20s
Réf. 00084

Notice

Résumé :

Si en été, les communes peuvent assurer un entretien quotidien des plages, le reste de l'année, le littoral landais est envahi de tonnes de détritus en tous genres portés par les forts courants du golfe de Gascogne. Or, à partir de 1991, un nettoyage régulier des quelque 100 kilomètres de côte sera financé par les pouvoirs publics.

Type de média :
Date de diffusion :
22 février 1991
Personnalité(s) :

Éclairage

Au début des années 1990, on commence à se soucier des questions environnementales. Timidement certes, mais force est de constater que les conséquences néfastes de la société de consommation atteignent aussi la côte landaise. Les plages blondes du rivage atlantique ne sont plus ce qu'elles étaient. Certes, la Mar Grana - l'océan Atlantique pour les Gascons - a toujours déposé épaves, bois flottés et autres laisses de haute mer. Mais lorsque s'accumulent des cargaisons de bidons, bouteilles, sacs, sachets ou filets en matière plastique sur la Côte d'Argent, ce n'est pas très brillant.

C'est d'abord un spectacle désolant pour l'image de nature sauvage de la Côte Aquitaine dont on vante la beauté depuis tant de lustres. On comprend que les responsables des stations balnéaires littorales soient inquiets.

Cela révèle ensuite la manifestation, à l'époque, d'une certaine inconséquence ou d'une inconscience chez les voisins d'Outre-Bidassoa où trop de décharges sauvages sont encore autorisées dans les rias ou petits estuaires basques et cantabriques. Les courants se chargent d'acheminer vers la côte landaise les objets les plus divers.

En France, on commence à peine à trier, à récupérer et à traquer les ordures à l'abandon. Mais s'il y a encore bien du chemin à faire dans l'Hexagone, en Espagne la législation concernant le traitement des déchets est balbutiante et assurément la population n'est pas suffisamment sensibilisée à ces questions.

C'est enfin un souci majeur pour les pêcheurs, ceux de Capbreton en particulier, qui constatent, au fil de leurs sorties et de leurs prises, que la mer devient une gigantesque poubelle.

On comprend que le déjà célèbre magazine Thalassa [1] porte son regard sur cette nuisance qui va croissant mais qu'il serait pourtant aisé d'atténuer et même de faire disparaître avec des mesures simples de contrôle et de bonne gestion des dégâts collatéraux de la société de consommation.

[1] Le magazine dédié à la mer Thalassa, sur France 3, existe depuis le 25 septembre 1975.

Jean-Jacques Fénié

Transcription

Journaliste
Plus de 100 km de plages, de dunes, d’océan, c’est la version carte postale des côtes landaises. Un tas de détritus au nord de l’embouchure de l’Adour, la plage version hiver. Hors saison touristique, elle n’est pas nettoyée. Ici, quand la mer se retire, elle laisse sur le sable des mètres cubes de déchets en tout genre. Branchages, bidons, bouteilles, plastiques, ils vont et viennent selon les marées et les vents. Etalée sur le littoral, c’est une longue guirlande irrégulière. On ramasse 3 000 tonnes chaque année, juste avant l’été et les regards des touristes.
(Silence)
Journaliste
70% des détritus viendraient d’Espagne. Les forts courants du golf de Gascogne transportent à la fois les déchets de la côte industrielle de Biscaye et ceux de l’Adour, direction nord, nord-est, la côte landaise.
(Silence)
Intervenant
C’est presque propre. Comparativement à ce qui se passe habituellement après un coup de temps, après une mer assez forte, le vent du sud-ouest, tout est couvert de détritus. Que ce soit des matières plastiques, des bouteilles, enfin tout ce qui s’en suit, ça vient, et c’est tout écrit en espagnol. Je suis sectaire peut-être mais c’est comme ça.
(Bruit)
Intervenante
C’est tout le temps, tout le temps. Il y a toujours de... ça vient toujours de l’Espagne... je ne sais pas d’où ça vient tout ça. Va savoir, et voilà.
(Bruit)
Jean-Yves Montus
On faisait un gros nettoyage de printemps et ensuite toutes les plages sont nettoyées tous les jours l’été. Mais c’est vrai que l’hiver, compte tenu de la dimension de nos plages, de la largeur, les moyens financiers en matériel à mettre en place étaient trop importants pour les communes.
Journaliste
Personne ne râlait.
Jean-Yves Montus
Si les gens râlaient un peu mais il y a des moments où lorsqu’on n’a pas l’argent, il faut savoir aller, laisser les choses comme elles sont.
Journaliste
L’ensemble du littoral landais va être nettoyé régulièrement à partir de cette année. Son coût sera supporté par les pouvoirs publics. Sept millions de francs lourds pour 15 000 m3 à incinérer. Mesure de toilettage, on ne guérit pas, on traite.
Inconnu 2
Souvent on est obligé de rentrer carrément, de mettre tous les filets à bord, de rentrer, de venir démailler le plastique ici tellement on en a. Des fois c’est impressionnant. Le plastique qu'il peut y avoir. Et surtout, je vous dis, après une tempête.
Journaliste
Un comité franco-basque a été créé il y a 7 ans avec un objectif, limiter cette pollution un peu trop voyante. Contrôler les rejets industriels et domestiques. Un travail long, une décharge sauvage seulement a été fermée en Espagne. Rêvons un peu et imaginons l’arrêt de toutes ces pollutions. Ce ne serait en aucun cas la fin des bidons sur les plages: pendant 10 ans encore, l’océan déposerait ses déchets sur le sable.