Incendie de forêt à Soustons

Nous sommes le 15 juillet 2003, il est 12h50 quand l'alerte est donnée. Plusieurs foyers ont été repérés par les guetteurs, depuis les observatoires, dans les dunes boisées entre les étangs au sud de Soustons et la route qui relie Seignosse à Vieux-Boucau. Ils semblent avoir été allumés simultanément. Depuis quelques temps, un ou plusieurs incendiaires sévissent dans le secteur.

Les unités des centres de secours de Soustons, Capbreton, Saint-Vincent-de-Tyrosse et d'ailleurs, composées de deux Camions Citernes Forestiers et d'un véhicule tout terrain léger, soit cinq hommes par unité, sont mobilisées et partent immédiatement sur ces feux.

Au total 15 unités landaises et toute la logistique qui va avec : PC mobile, soutien mécanique, service santé, seront sur le site dans l'après midi avec la gendarmerie, les maires des communes concernées, la préfecture, le procureur. Des renforts viennent des Pyrénées-Atlantiques, de la Gironde et du Gers en fin d'après-midi. Dans la nuit une colonne descendant de la Charente et de Charente-Maritime arrive pour épauler les sauveteurs déjà sur place.

En fait trois ou quatre foyers à quelques dizaines de mètres d'intervalle sont à l'origine de cet incendie dans un secteur de forêt difficilement accessible. Ce sont des dunes sablonneuses boisées. En raison de la sécheresse et de la chaleur - nous sommes en 2003, année de la canicule - les nettoyages mécaniques des sous-bois ont été interrompus pour des raisons de sécurité. Par endroit, la forêt est à l'état sauvage, impénétrable.

Avec leurs CCF, ces Camions Citerne Forestiers tout terrain, les sapeurs-pompiers ne peuvent attaquer le feu normalement du fait du relief et du sol sableux, sans prise pour les roues des véhicules, et de la densité du sous-bois qui fournit aussi un aliment de choix au feu.

Déclenché sur la commune de Soustons, à proximité de l'étang de Hardy, en bordure de chemin, l'incendie se dirige en deux fronts, d'un kilomètre chacun, vers la mer, au nord de Seignosse. L'évacuation du camping "Les chevreuils" est envisagée devant la progression du feu, mais un changement de vent l'évitera. Il repart en sens inverse, vers Soustons, vers l'étang blanc.

Deux Canadairs sont commandés, ils arrivent de Marignane en fin d'après-midi mais un seul pourra opérer. L'autre est victime d'une panne. La conjugaison de l'action des hommes au sol, qui luttent sur plusieurs fronts pour contenir l'incendie, et de l'avion, aura raison des flammes. Mais il faudra trois jours et près de 14 heures pour les éteindre. Deux bulldozers et les tracteurs communaux sont mis à contribution pour tracer un pare-feu de quelques mètres. La garde du feu va durer un mois. Une reprise vite jugulée se produit le 15 août. L'intervention d'un avion Tracker sera nécessaire pour l'éteindre.

260 hectares de forêt seront ravagés par les flammes. Plus d'une centaine d'hommes seront mobilisés. Lors d'une patrouille héliportée, un individu a été repéré en train d'allumer un feu à proximité des lieux du sinistre. Il réussit à s'échapper. Interpellé plus tard, il reconnaîtra être à l'origine de départs de feux dans la région mais niera avoir allumé cet incendie.