L'arbre d'or
Notice
En 1857, la loi d'assainissement des Landes de Gascogne, initiée par Napoléon III, aboutit à la plantation massive de pins maritimes mettant à mal les anciennes structures du système agro-pastoral. L'espace boisé devient ainsi le théâtre de graves incendies, dont celui de 1949, point de départ d'une politique de prévention et d'expérimentation sur la réhabilitation d'anciennes fermes.
Éclairage
"Le Pin, l'arbre d'or des Landes ". La formule est d'Alexandre Léon, entrepreneur bordelais qui bâtit sa richesse sur l'exportation de poteaux de pins bruts en direction de l'Angleterre vers 1860. Ironie du sort, ce même Alexandre Léon allait périr lors des grands incendies de 1870, illustrant par là-même la profonde symbiose entre la forêt landaise et les incendies. S'arrêter sur la création du massif landais permet de comprendre pourquoi celui-ci fut si longtemps propice aux feux de forêts.
La forêt landaise telle que nous la connaissons est littéralement sortie de terre dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il s'agissait primitivement d'assainir une région agricole grâce aux plantations de pins maritimes. Toutefois, jamais la volonté politique n'aurait réussi à créer un massif d'un million d'hectares, ni à lui garantir les débouchés indispensables à sa survie, si de nouveaux modes d'exploitation n'étaient nés grâce au progrès technique.
Un ingénieur bordelais, le docteur Boucherie, trouva le moyen de pérenniser le bois en lui injectant du sulfate de cuivre ce qui permit d'en multiplier les usages : bois de soutien pour les mines anglaises, traverses pour le chemin de fer, poteaux télégraphiques. Le Second Empire voyait le développement de l'industrie et l'amélioration des transports. .
Mais ce fut la Guerre de Sécession qui fit à la fois la richesse et la ruine de la forêt. En pleine guerre civile, les Etats-Unis ne pouvaient plus produire ni exporter leur résine. Les Landes restaient le seul massif à même d'en fournir. S'ensuivit alors une véritable escalade des prix qui fit la fortune des propriétaires sylvicoles. Devant une telle opportunité, les communes s'arrangèrent pour pouvoir vendre leurs terrains, heureuses d'en tirer des revenus. Ce fut la catastrophe.
En quelques années, les Landes furent couvertes de pins maritimes plantés de manière anarchique, où seul importaient le volume et le rendement. Ce qui entraîna la disparition des troupeaux, beaucoup moins rentables mais qui broutaient les sous-bois et prévenaient le départ de feux. Les exploitations agricoles qui permettaient d'aérer le massif en formant des coupe-feux naturels, furent rapidement abandonnées. Toutes les conditions étaient alors réunies pour favoriser des incendies gigantesques, tel celui qui sévit en 1870.
Ce fut le début d'une spirale. Quand bien même la folie du gemmage s'achevait à la fin des hostilités américaines, les Landes s'étaient définitivement tournées vers une économie sylvicole. De grands incendies anéantirent alors des milliers d'hectares, notamment dans les années 1940, où 400 000 hectares partirent en fumée. Dans la seule année 1949, un grand incendie ravagea 47 000 hectares et causa la mort de 82 sauveteurs. Un tel choc força les pouvoirs publics et les sylviculteurs à agir de concert pour éviter que ne se reproduise une telle tragédie.