Travaux Sur la route nationale RN 10
Notice
Présentation des travaux d'aménagement de la route nationale 10. Un des responsables du chantier explique comment la création de déviations entre Bordeaux et le Muret d'une part et Saint-Geours-de-Maremne et la frontière espagnole d'autre part servira à désengorger un axe routier particulièrement utilisé par les automobilistes.
Éclairage
Au début des années 1970, les Landes se tournent résolument vers l'avenir. La côte est transfigurée sous l'égide de la MIACA : la station d'Hossegor poursuit son essor sous l'impulsion de son maire, Alfred Éluère, et la création du Parc naturel régional des Landes de Gascogne coïncide, à quelques mois près, avec l'inauguration des premiers tronçons du canal trans-aquitain et le doublement de la nationale 10, lancé en 1971.
La France savoure les bienfaits d'une croissance que l'on croit encore exponentielle alors que, le 23 décembre de cette même année, l'O.P.E.P annonce le doublement du prix du pétrole brut (1). L'optimisme domine ; les salaires augmentent, profitant aux emprunteurs. Partout « on fait bâtir ». À Paris, où l'on s'apprête à inaugurer la tour Montparnasse, on vient de boucler le dernier tronçon du périphérique alors qu'Airbus lance son premier vol commercial. (2)
L'évolution du niveau de vie, dans le contexte du 6e plan, s'accompagne de la démocratisation des vacances, ce qui engorge de façon récurrente les axes routiers menant vers les grandes destinations. La France des villes « descend » vers le Midi sur des routes non préparées à cet afflux, vers la Côte d'Azur, l'Espagne ou les stations balnéaires du Pays basque.
L'axe Paris-Madrid est, de ce fait, bien vite saturé, ce qui impose l'amélioration de la traversée des Landes et, en amont, celle de Bordeaux.
Dans ces années précédant la création de « Bison futé », des radars, et des ceintures de sécurité, l'hécatombe est terrible sur la partie landaise de cet itinéraire majeur, souvent nommé le « cimetière des Portugais ». Les jours de grand départ, le mince ruban de bitume, reprenant en gros le tracé du vieux chemin médiéval, ne peut plus contenir un flot de véhicules roulant pare-chocs contre pare-chocs : 2 CV et Ami 6 pétaradantes, 4 L, Citroën CX, Audi 80, élue « voiture de l'année », se croisent dangereusement.
À l'évidence, le réseau n'est plus adapté : près de 400000 personnes sont tuées ou blessées chaque année sur les routes françaises, il faut agir vite. Or, le 6e plan, dont les grandes orientations sont insufflées par Georges Pompidou, prévoit une croissance forte, une amélioration des équipements collectifs, dans le cadre d'une amélioration générale des conditions de vie. C'est le moment de lancer de grands travaux sur cet axe majeur, travaux qui se résument - il faut le noter - dans les propos de l'ingénieur Poggi, au « doublement » et « renforcement » de la chaussée existante.
Si le trajet Bordeaux-Bayonne se fait désormais, pendant deux décennies, sans problème majeur, sur une deux fois deux voies, entre deux tronçons aux normes autoroutières créés ex nihilo, l'augmentation significative du trafic, marqué par un accroissement constant du nombre des camions, pose un problème crucial au début des années 1990. Les quelques aménagements réalisés à la suite d'accidents graves ne suffisent plus à sécuriser ce trajet mais il faut attendre 2011 avant que ne soit confiée au concessionnaire français d'autoroutes Atlandes la mise aux normes définitive des kilomètres qui séparent le Muret de Saint-Geours-de-Maremne (3).
À partir de 2015, il ne devrait plus être question de travaux sur « la 10 » où l'Europe marchande et l'évolution technologique ont bien changé la donne depuis 1973. En effet, c'est près de 30 000 véhicules par jour - dont un tiers de poids lourds - qui empruntent cet itinéraire, filant, à l'heure du timing et du GPS, d'une frontière à l'autre.
(1) L'année 1973 annonce la fin du plein-emploi (taux de chômage inférieur à 3 %) et clôt la période d'expansion économique, liée en grande partie à la Reconstruction, que les historiens appellent « Les Trente Glorieuses ».
(2) Malheureusement, le premier choc pétrolier, fin 1973, se traduit par une division du taux de croissance par deux à l'intérieur des pays de l'O.C.D.E. (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) : on a fini de reconstruire ce que la seconde guerre mondiale avait détruit, on a comblé le plus gros des retards en infrastructures, avec l'aide du plan Marshall, alors que la majorité des foyers français sont déjà équipés en produits manufacturés et biens de consommation. La conjonction de ces éléments explique la baisse brutale de croissance et la difficulté de mettre en place un 7e plan.
(3) En 2011, il a été chargé par décret public de construire et d'exploiter l'autoroute A63 entre Salles et Saint-Geours-de-Maremne. La concession est valable pour une durée de quarante ans. À charge pour Atlandes de l'aménager en autoroute à deux fois trois voies, sur deux sections de 15 km dans un premier temps, au droit des communes de Labouheyre et de Castets, puis intégralement dans une seconde phase.