Lutte contre les incendies de forêt : étude du feu et vidéo-surveillance
Notice
En collaboration avec l'INRA, les sapeurs-pompiers forestiers des Landes étudient, lors d'exercices grandeur nature, les mécanismes d'éclosion et de propagation des incendies dans la pinède. Parallèlement, un système de vidéo-surveillance du massif forestier, depuis les pylônes d'observation, est testé.
Éclairage
La lutte contre les incendies de forêt dans le massif landais s'appuie sur une observation de plusieurs siècles et sur les recherches menées avec les moyens de l'époque.
Pour limiter les conséquences des incendies, l'expérience a conduit les forestiers aquitains à essayer d'organiser la forêt en damiers en alternant prairies, cultures et pignadars (parcelles de pins). Elle est aussi à l'origine des pare-feux, sorte de longs couloirs, souvent à sable nu, parfois transformés en route, séparant les parcelles de pins.
En 1893, l'ingénieur agent-voyer en chef, M. Clavel et le directeur de l'observatoire de Floirac font un travail de recherche pour le compte du Conseil général de la Gironde sur la sécheresse qui sévit cette année là, et l'évolution climatique. Ils retrouvent des documents qui permettent de suivre l'évolution des précipitations et des températures dans la région sur plusieurs siècles.
L'observation a permis à ces sylviculteurs de comprendre que le feu prend et se propage par le sous-bois. Et plus ce sous-bois est dense et haut, plus le feu est dangereux.
Dans les Landes des techniciens expérimentent du matériel pour nettoyer la forêt à moindre coût. Le rouleau landais, un tube en fer avec des lames qui coupent, écrasent et enterrent la végétation du sous-bois, est le produit de ces recherches. Tiré par un tracteur, il est très efficace mais contesté par les écologistes.
Ces forestiers cherchent à comprendre le mécanisme du feu, son démarrage et son évolution. Ils ont ainsi mis au point une technique de lutte particulière en attaquant par les flancs en remontant vers la pointe.
Dans les années 1940, le docteur Mathio observe le développement du feu lors des incendies et consigne ses observations dans des livres et articles de revues professionnelles.
En 1994, à l'initiative du SDIS, Service Départemental Incendie et Secours, débute une série d'expériences dans les Landes pour analyser et définir dans quelles conditions le feu peut se déclencher, se propager puis se développer. Cette recherche financée par le département, la région et l'État, réalisée par le SDIS des Landes, l'INRA et Météo France et les sylviculteurs avec l'Union Landaise de DFCI (Défense de la Forêt Contre l'Incendie), s'appuie sur des feux volontaires et contrôlés. Des petites parcelles de 100 mètres carrés servent à définir les conditions de déclenchement d'un incendie et sa propagation. En 1999, elles font deux hectares ; on y étudie la progression du feu, mais aussi l'utilisation des mouillants pour l'éteindre et éviter la reprise. Ainsi j'ai pu voir, lors d'une de ces expériences, le feu attaqué à l'eau pure reprendre immédiatement derrière le véhicule de lutte. Mais attaquées avec de l'eau et du mouillant, les flammes ne réapparaissent pas. Cela laisse aux pompiers le temps de circonscrire le feu avant de l'éteindre complètement.
Ces recherches sont à l'origine des indices de risque d'incendie et de propagation de feu dans les massifs forestiers, indices calculés tous les jours par Météo France et transmis aux Centres Opérationnels Départementaux Incendie et Secours des départements forestiers, les CODIS. Les 120 camions citerne forestiers landais sont équipés de cuve de mouillant et de doseur.
Autre expérience, 19 observatoires - tours métalliques hautes de 35 à 45 mètres – permettent la surveillance du massif de mars à octobre. Le premier réseau organisé et relié à des PC par téléphone est entré en service en 1942. Peu de choses avaient évolué dans ces tours de 1942 à 2000, date à laquelle la vidéo et l'informatique commencent à être performantes. Des recherches débutent alors, mais il faudra attendre 2007 pour la mise en place d'un système de vidéo surveillance de la forêt : Prodalis. Plus de guetteurs dans les tours, un opérateur est au CODIS, à Mont-de-Marsan. Il surveille sur un écran l'ensemble du massif. Cette observation est organisée en fonction des indices de risque donnés par Météo France ; d'autres opérateurs peuvent venir en renfort lorsque les risques d'incendie sont élevés.