Bilan du reboisement dans les Landes cinq ans après la tempête Martin

25 décembre 2004
02m 49s
Réf. 00077

Notice

Résumé :

Cinq ans après le passage de la tempête Martin dans les Landes, seule la moitié du reboisement des 21 000 hectares de forêt dévastés est réalisée ; les subventions de l'Etat se faisant attendre. Par ailleurs, les nouvelles essences de pins plantées inquiètent les propriétaires quant à leur capacité de résistance à des vents violents.

Date de diffusion :
25 décembre 2004
Source :

Éclairage

La tempête Martin fut en décembre 1999 une catastrophe pour le massif landais. De par la spécificité de son peuplement, une monoculture de pins maritimes, la forêt landaise était une cible idéale pour les vents violents. Hauts, alignés, faiblement enracinés, les pins ont connu des pertes équivalentes à plus de cinq ans de récoltes (soit 37,1 millions de m3 de bois).

Afin de venir en aide aux sylviculteurs, l'État mit en œuvre dès 2000 un "plan pour la forêt" articulé en deux phases : la première, prioitaire, qui devait s'étendre sur 12 à 18 mois, concernait la récolte, le stockage et la valorisation du maximum de bois chablis (arbres couchés par la tempête), avec en parallèle, la mise en place d'aides aux exploitants forestiers.

La seconde était destinée à s'inscrire dans le long terme. Un engagement budgétaire de dix ans était pris à l'égard des investisseurs forestiers pour soutenir la reconstitution des peuplements sinistrés.

Les acteurs locaux (Centre Régional de la Propriété Forestière, Coopérative Agricole et Forestière Sud–Atlantique) furent consultés pour conseiller les propriétaires sur le choix des nouvelles plantations. Des études menées sur l'acclimatation d'autres essences révélèrent que le pin taeda pouvait avantageusement remplacer le pin des Landes, une meilleure croissance lui permettant de fournir du bois d'œuvre en moins de trente ans, à condition de le réserver aux terres les mieux hydratées.

Trois ans après Martin , les surplus de bois étaient écoulés et le marché retrouvait son niveau d'antan. Le volet du plan destiné à résorber rapidement les dégâts avait bien fonctionné, à la satisfaction des partenaires. En revanche, les délais de mise en œuvre des mesures annoncées, soumis aux lenteurs administratives, concentrèrent toutes les critiques. De fait, en 2004, le reboisement était à peine engagé.

En 2009, 2000 hectares avaient été replantés de pins taeda ; et ce, peu avant la tempête Klaus...

Sébastien Poublanc

Transcription

Présentatrice
Décembre 99, tout le monde s’en souvient; presque 5 ans jour pour jour après la tempête, les plaies sont encore vives. Dans les Landes les sylviculteurs s’en remettent à peine. La campagne de reboisement n’est toujours pas terminée et les crédits de l’Etat manquent à l’appel. C’est le dossier de cette édition, il est signé Philippe Niccolaï, Laurent Montiel et Vincent Dubroca.
Thierry Carbonnière
On repart à zéro à cause de cette tempête.
Journaliste
5 ans après la tempête, la phrase claque et fait toujours mal. Comme dans le Médoc, certains propriétaires forestiers landais ne verront jamais leurs pins grandir. A l’âge de la retraite ou presque, Jean-Louis et Jean-Jacques le répètent, la tempête de décembre 1999 a saccagé au moins 20 ans de travail de sylviculteur.
Jean-Louis Saint-Marc
J’avais déjà vécu celle de 76, n’étant pas trop propriétaire à cette époque-là, mais enfin, en tant qu’agent forestier, j’étais déjà passé en plein dedans. Enfin, c’était de moindre importance que maintenant quand même. Pourtant il faut bien faire face, hein.
Journaliste
Pour faire face au défi de replanter les 21 000 hectares dévastés, les propriétaires comptent sur les aides d’Etat. 19 millions d’euros ont déjà été versés, soit 80% du nettoyage du massif mais les subventions pour le reboisement tardent à venir.
Patrice Schocké
Notre inquiétude, c’est qu’en 2004 l’engagement de l’Etat n’a pas été tenu, et donc les dossiers sont en attente de financement et on espère trouver un débouché sur 2005 par rapport à cette question. Et si cet engagement est tenu, on devrait réaliser les reboisements d’ici 2007, 2008.
Journaliste
Mais avec l’argent l’autre souci des propriétaires c’est la résistance des essences. Planté il y a quelques mois, ces jeunes pins maritimes génétiquement améliorés, résisteront-ils à des vents très violents comme en 99?
Thierry Carbonnière
Non, il n’y a pas eu de recherche génétique dans ce sens-là. On est seulement sur la rectitude et la croissance. C’est les deux critères qui ont été pris en compte, et on ne peut pas jurer qu’il y aura une meilleure résistance. On ne peut pas aujourd’hui orienter les propriétaires en disant ça, c’est une très bonne qualité de plant et vous aurez une très bonne stabilité derrière. Ça, je ne peux pas le dire.
Journaliste
Avec un quart de sa vie consacrée aux pins, dévastée, et des tracas administratifs interminables, Jean-Jacques joue les philosophes.
Jean-Jacques Rémaud
Peur ou ne pas avoir peur, ce sont des réalités, on n'a pas à avoir peur de ces choses-là. Seulement il faut les entrevoir et faire en sorte que les quelques produits qu’on peut en sortir nous soient favorables. La nature garde ses droits, et on va de l’avant et on se dit que ça se reproduira.
Journaliste
Considéré avancé, le reboisement des Landes n’est réalisé qu’à moitié, 5 ans après la tempête.