Les cent ans de l'appellation Armagnac
Notice
En 1909, un décret délimite l'aire d'appellation "Armagnac" aux départements des Landes, du Gers et du Lot-et-Garonne. Cette zone, qui obtient l'AOC en 1936, représente aujourd'hui 15 000 hectares de vignes dont 25% dans les Landes ; en 2009, les exportations vers les Etats-Unis et la Russie chutent du fait de la crise économique.
Éclairage
La crise du phylloxéra, qui frappe le vignoble français à partir des années 1870 a produit une baisse considérable de la production. Celle d'eau-de-vie de vins a été divisée par vingt environ en une vingtaine d'années (1870-1890). Les replantations et une certaine augmentation des rendements a permis une reprise assez nette : 1893 reste une année fameuse où la quantité récoltée n'eut d'égale que l'excellente qualité des vins et eaux-de-vie produits ; elle reste encore une référence en ce qui concerne l'armagnac. Si bien que dès le début du XXe siècle, certains signes de surproduction commencèrent à se manifester, d'autant plus qu'on avait planté en quantité en Algérie. Les zones de production de masse connurent alors de graves difficultés, marquées par la révolte des vignerons du Languedoc en 1907.
Devant cette crise, fortement incité par les élus des régions viticoles, le gouvernement répondit par l'interventionnisme et la réglementation. Celle-ci ne concerna que les vins et alcools de qualité qui obtinrent, à partir de 1905, des décrets délimitant les zones de production et les conditions de production (cépages, rendements etc.). C'est l'origine des appellations contrôlées, une législation pionnière qui servit de modèle par la suite pour de nombreux autres pays.
C'est le 30 septembre 1907 que fut réunie à Condom la commission chargée de délimiter géographiquement la zone productrice d'armagnac. Composée d'élus des trois départements concernés (Gers, Landes, Lot-et-Garonne), ceux du Gers étant largement majoritaires, et de représentants de la Chambre de Commerce de ce même département, elle mit en œuvre les travaux qui allaient conduire à la délimitation des trois appellations : Bas Armagnac, Ténarèze et Haut Armagnac, les communes des Landes se trouvant dans la première, la plus prisée. Pour ce faire, elle pouvait s'appuyer sur les travaux de Jules Seillan (1860) et sur les prix pratiqués par le négoce. Le décret fut publié le 25 mai 1909, sous la signature du président de la République, Armand Fallières, lui-même producteur d'armagnac à Mézin dans le Lot-et-Garonne. Ce décret est une simple énumération des cantons et communes où la production d'armagnac était autorisée. C'est un autre décret, celui du 6 août 1936, qui définit les conditions de production et récemment, une série de décrets (2005-2009) a précisé de nouveau les conditions de production de l'armagnac ; ils instituent une délimitation parcellaire, comme pour les régions productrices de vins de qualité et autorisent la production et la commercialisation d'une eau-de-vie jeune, non vieillie sous bois, la "blanche d'armagnac", revenant ainsi aux origines de la production, au XVIIe siècle, quand la clarté et la limpidité étaient les qualités requises pour les eaux-de-vie.