Randonnée dans les Landes
Notice
Dans les Landes, chaque randonnée amène son lot de découvertes, comme cette noiseraie cachée au milieu des pins sur le circuit des sept lacs sur la commune de Gaillères, et rime avec convivialité. Tout au long de l'année, des équipes de bénévoles mais également des agents du Conseil général repèrent, ouvrent et balisent des sentiers qui doivent rester les plus sauvages possibles.
Éclairage
Les évolutions sémantiques sont parfois curieuses : le très sérieux dictionnaire étymologique d'Oscar Bloch et Walther von Wartburg [1] définit ainsi le mot randonnée : Apparu au XIIe siècle, après avoir été usuel au sens de course impétueuse, s'est restreint en un sens propre à la langue de la vénerie : "circuit que fait à l'entour d'un même lieu une bête qu'on a lancée". Dérivé de l'ancien verbe randonner, XIIe siècle, "courir rapidement".
Que ce soit dans les Landes ou ailleurs, "randonner", c'est bien sûr, aujourd'hui, le contraire ; c'est, avant tout, prendre le temps de découvrir, de protéger tout en surveillant la nature ; en un mot, un geste citoyen. À l'instar de Carlo Petrini, fondateur du mouvement Slow Food [2], les associations qui réunissent des milliers de marcheurs peuvent d'ailleurs reprendre à leur compte l'un de ses principes suivant lequel "Il est inutile de forcer les rythmes de notre existence. L'art de vivre consiste à apprendre comment dédier du temps à chaque chose."
C'est bien, en somme, ce que dit Michel Darregert quand il parle de "loisir sportif non compétitif, rassembleur et convivial". Un bon résumé de l'esprit qui anime les très nombreux adhérents du Comité Départemental de la Randonnée pédestre des Landes. Bien plus que des marcheurs, ces hommes et ces femmes "de terrain" sont mus par un désir d'appréhender leur pays, ou plutôt, "leurs" pays sous un angle authentique et dans la globalité.
Car le département des Landes, sous une apparente homogénéité est multiple. Résultant de l'atomisation d'un pan de l'ancienne province de Gascogne sous la Constituante, en 1790, il émane de quatre diocèses et se retrouve écartelé entre le Béarn au sud, l'Armagnac à l'est, le Bazadais et le Bordelais au nord dont il reçoit toujours les influences. Les apparences sont donc trompeuses et ce territoire original, au cœur de la Gascogne linguistique, ne se résume pas à de grands axes routiers festonnant des vastitudes monotones. Les Landes se méritent et tant pis pour ceux qui ne font que passer, qui "ne savent pas découvrir" la quinzaine de terroirs qu'un tourisme responsable sait mettre aujourd'hui en valeur tant par des actions de terrain que par l'élaboration de publications et de sites en ligne de mieux en mieux documentés.
La réhabilitation et l'entretien des quelque 2500 km de chemins anciens - dont 600 km de voies jacquaires - soutenus par le Conseil Général des Landes, constitue donc une initiative heureuse développant des relations interactives entre ceux qui "font" le chemin et ceux qui "suivent" le chemin en toute "convivialité", terme dont l'origine remonte – il ne faut pas l'oublier – au latin convivium, "repas, festin" : la récompense, in fine, de ceux qui font un bout de chemin ensemble.
[1] BLOCH, Oscar, WARTBURG, Walther (Von), Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris : P.U.F., sixième édition, 1975.
[2] Le mouvement Slow Food est fondé en Italie, en 1986, par Carlo Petrini en réaction à l'émergence du mode de consommation rapide du type fast food. C'est aujourd'hui un vaste réseau international qui cherche à préserver la cuisine régionale ainsi que les plantes, semences et races d'animaux locales qui lui sont associées. Son emblème est un escargot.