Randonnée dans les Landes 

24 juin 2005
05m 44s
Réf. 00506

Notice

Résumé :

Dans les Landes, chaque randonnée amène son lot de découvertes, comme cette noiseraie cachée au milieu des pins sur le circuit des sept lacs sur la commune de Gaillères, et rime avec convivialité. Tout au long de l'année, des équipes de bénévoles mais également des agents du Conseil général repèrent, ouvrent et balisent des sentiers qui doivent rester les plus sauvages possibles.

Type de média :
Date de diffusion :
24 juin 2005
Source :

Éclairage

Les évolutions sémantiques sont parfois curieuses : le très sérieux dictionnaire étymologique d'Oscar Bloch et Walther von Wartburg [1] définit ainsi le mot randonnée : Apparu au XIIe siècle, après avoir été usuel au sens de course impétueuse, s'est restreint en un sens propre à la langue de la vénerie : "circuit que fait à l'entour d'un même lieu une bête qu'on a lancée". Dérivé de l'ancien verbe randonner, XIIe siècle, "courir rapidement".

Que ce soit dans les Landes ou ailleurs, "randonner", c'est bien sûr, aujourd'hui, le contraire ; c'est, avant tout, prendre le temps de découvrir, de protéger tout en surveillant la nature ; en un mot, un geste citoyen. À l'instar de Carlo Petrini, fondateur du mouvement Slow Food [2], les associations qui réunissent des milliers de marcheurs peuvent d'ailleurs reprendre à leur compte l'un de ses principes suivant lequel "Il est inutile de forcer les rythmes de notre existence. L'art de vivre consiste à apprendre comment dédier du temps à chaque chose."

C'est bien, en somme, ce que dit Michel Darregert quand il parle de "loisir sportif non compétitif, rassembleur et convivial". Un bon résumé de l'esprit qui anime les très nombreux adhérents du Comité Départemental de la Randonnée pédestre des Landes. Bien plus que des marcheurs, ces hommes et ces femmes "de terrain" sont mus par un désir d'appréhender leur pays, ou plutôt, "leurs" pays sous un angle authentique et dans la globalité.

Car le département des Landes, sous une apparente homogénéité est multiple. Résultant de l'atomisation d'un pan de l'ancienne province de Gascogne sous la Constituante, en 1790, il émane de quatre diocèses et se retrouve écartelé entre le Béarn au sud, l'Armagnac à l'est, le Bazadais et le Bordelais au nord dont il reçoit toujours les influences. Les apparences sont donc trompeuses et ce territoire original, au cœur de la Gascogne linguistique, ne se résume pas à de grands axes routiers festonnant des vastitudes monotones. Les Landes se méritent et tant pis pour ceux qui ne font que passer, qui "ne savent pas découvrir" la quinzaine de terroirs qu'un tourisme responsable sait mettre aujourd'hui en valeur tant par des actions de terrain que par l'élaboration de publications et de sites en ligne de mieux en mieux documentés.

La réhabilitation et l'entretien des quelque 2500 km de chemins anciens - dont 600 km de voies jacquaires - soutenus par le Conseil Général des Landes, constitue donc une initiative heureuse développant des relations interactives entre ceux qui "font" le chemin et ceux qui "suivent" le chemin en toute "convivialité", terme dont l'origine remonte – il ne faut pas l'oublier – au latin convivium, "repas, festin" : la récompense, in fine, de ceux qui font un bout de chemin ensemble.

[1] BLOCH, Oscar, WARTBURG, Walther (Von), Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris : P.U.F., sixième édition, 1975.

[2] Le mouvement Slow Food est fondé en Italie, en 1986, par Carlo Petrini en réaction à l'émergence du mode de consommation rapide du type fast food. C'est aujourd'hui un vaste réseau international qui cherche à préserver la cuisine régionale ainsi que les plantes, semences et races d'animaux locales qui lui sont associées. Son emblème est un escargot.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
C’est une randonnée pleine de surprises qui commence sur les sentiers.
Inconnue 1
Alors, on va chercher.
Journaliste
Une journée printanière, le temps idéal pour partir à l’aventure.
Josette Descac-Vives
Aujourd’hui moi j’ai découvert quelque chose, tu vois, j’ai découvert ce [inaudible].
Journaliste
Nous sommes dans le petit village de Gaillères, au nord-est de Mont-de-Marsan, pour une randonnée dans les Landes buissonnières. Au programme, ni château, ni monument spectaculaire, juste des petits sentiers pour entrer dans l’intimité du pays landais comme ici sur le circuit des Sept Lacs.
Josette Descac-Vives
Il y a des petits ruisseaux, bon, il y a des pins, mais ça aussi a un certain charme, bon c’est secret, c’est sauvage. Il faut découvrir les Landes, on passe, les gens passent. Les Landes pour eux, ils passent en voiture, ils ne savent pas, ils ne savent pas découvrir.
Journaliste
La randonnée continue sur les traces d’un patrimoine méconnu. Ce matin, le chemin passe sur une propriété où le maître des lieux décrit un paysage aujourd’hui disparu.
Inconnu 1
Il y avait ici certainement, il y avait une porte là. Ceci était ce qu’on appelle la basse-cour où vivaient des gens, il y avait des constructions. Et ce que vous voyez là, c’est une ancienne route très importante dans les Landes et très passagère.
Journaliste
Aucune monotonie, de la Chalosse aux barthes de l’Adour, les Landes révèlent une belle diversité et parfois des curiosités comme ce verger de noisetiers, inattendu au milieu des pins.
Jean-Yves Prigent
Voilà, vous voyez, la noisette en formation. Alors, on a toujours….
Journaliste
C’est l’une des rares noiseraies des Landes, plus de 5 000 arbres et de nombreux secrets.
Jean-Yves Prigent
La fécondation, c’est maintenant, ça commence maintenant, c’est encore une particularité. Vous en voyez là….
Journaliste
La visite gourmande est offerte par un agriculteur émerveillé.
Jean-Yves Prigent
Quand on voit une noisette, on est en train de chercher partout la fleur, plus que de la fleur de noyer, c’est vrai. Bon, on cherche partout on ne voit rien et ça sort quand même quatre cinq kilos, un arbre comme ça, on se demande comment ça fait.
(Musique)
Journaliste
Le parcours, les rencontres ne doivent rien au hasard, soigneusement préparés par des éclaireurs qui interviennent en coulisse.
Pierre Gonzalez
Juste au coin, il y a un virage.
Journaliste
Ce sont les artisans discrets du repérage et du balisage. Tout au long de l’année, des équipes ouvrent des sentiers, indiquent les directions d’un itinéraire qui doit rester le plus sauvage possible.
Pierre Gonzalez
On rentre dans la forêt et puis on est dans la nature. Et voilà, c’est ce qu’on cherche le plus quoi, à être le plus loin possible du goudron.
(Musique)
Journaliste
Il faut avoir l’œil, un véritable travail de fourmi. L’entretien s’effectue sur plus de 2 500 km de chemins aménagés avec simplicité. Ici un petit pont, une passerelle, un débroussaillage savamment étudié, et des pancartes à ressort conçues pour durer.
Louis Gimenez
Primitivement, on clouait les plaquettes à même le tronc, et avec la croissance du tronc les pointes rentraient dans l’arbre et cassaient les plaquettes. Tandis que ça, ça reste bien plus longtemps.
Pierre Gonzalez
Il faut couper le minimum, qu’on puisse passer. Parfois, il y a le passage d’une personne, tout simplement pour ne pas abîmer la nature, quand c’est possible.
Journaliste
En fait, c’est tout un bataillon qui se mobilise, ces bénévoles mais aussi les troupes du conseil général ; car depuis 1983, une loi oblige les départements à créer leur plan d’itinéraire, un service à part entière contre bureau et terrain.
Denis Quillacq
On est actuellement quatorze agents à temps plein pour couvrir un peu toute la chaîne de fabrication d’un chemin de randonnée, en reconnaissance ; les travaux d’aménagement, le balisage, l’entretien, la mise en place de panneaux au départ des circuits. Donc, ça fait du boulot pour quatorze agents à temps plein.
Journaliste
Une équipe et une enveloppe d’un million d’euros, itinéraire de grande randonnée pour rejoindre les Pyrénées ; ou boucle dans un village, toute une organisation pour ensuite rêver librement sur les sentiers.
Pierre Gonzalez
C’est la récompense, c’est vraiment la récompense. On est content quand même de ce que l’on fait.
Journaliste
36 clubs, plus de 1 500 adhérents au Comité Départemental de la randonnée, dans les Landes, la rando est un vrai succès. Aujourd’hui, la balade s’achève dans un airial au milieu des acacias.
Josette Descac-Vives
Ça, c’est le côté convivial de la randonnée, on finit par un coup final avec des petites spécialités du coin.
Inconnue 2
Bon, ben, on va se laisser tenter.
Inconnue 3
C’est des petits jambons de pays.
Inconnu
La randonnée, loisir sportif, non compétitif, rassembleur et convivial.
Josette Descac-Vives
Ah si, le côté convivial est très important.
Inconnue 2
Merci beaucoup, un peu de pâté.
Journaliste
La traversée des Landes, comme chaque année depuis dix ans, rassemble des centaines de randonneurs pour un voyage d’une semaine au bout du monde, au bout des Landes.