La gestion des communes forestières dans les Landes
Notice
Dans la Haute Lande, la gestion des communes forestières pose des problèmes. Ces communes retirent l'essentiel de leurs revenus des impôts sur la forêt quand elles ne possèdent pas suffisamment de bois elles mêmes. Reportage et interviews d'élus : le Maire de Callen, le Maire de Le Sen, le député des Landes.
Éclairage
La forêt française a longtemps été considérée comme un "bien commun" qui n’avait pas de maîtres mais des usagers. La notion de propriété a, de ce fait, beaucoup de mal à s’affirmer jusqu’au milieu du XIXe siècle.Dès 1346, des lois visent en effet à protéger une ressource économique considérable pour les rois et les seigneurs propriétaires forestiers puisque les guerres sont largement financées, depuis le Moyen Âge, par la vente de bois. Entre les XVe et XVIIe siècles, la forêt est ensuite très exploitée car elle constitue une source d’énergie essentielle pour le chauffage, les forges, les verreries et les tuileries ; sans oublier la construction navale. De ce fait, il ne reste, en 1850, que 7 à 8 millions d’hectares de forêt en France (1).À partir de 1827, de nouvelles mesures de protection limitent donc le défrichement et des actions de reboisement sont menées par l’État. De nombreuses forêts, jusqu’alors utilisées par les communautés rurales pour faire paître les animaux d’élevage ou prélever du bois de chauffage selon des "droits d’usage" (2) sont dorénavant confiées à l’Administration des Eaux et Forêts devenue en 1966 Office National des Forêts. Celle-ci met alors en œuvre des pratiques de gestion durable (3).En parallèle, les pressions sur les zones boisées diminuent avec l’arrivée de nouvelles sources de combustibles et l’exode rural. La forêt se reconstitue dès lors peu à peu et s’étend naturellement dans les secteurs où elle avait été éliminée, grâce à de nouveaux boisements. Le Second Empire marque le lancement de grands travaux, notamment le boisement des Landes de Gascogne et de la Sologne, dans une volonté d’assainissement et de rentabilisation de ces espaces défavorisés (4).Dans la seconde moitié du XXe siècle, entre 1946 et 1999, l’État, par le biais du fonds forestier national, accorde des aides aux particuliers et aux communes pour reboiser et lancer ou relancer la sylviculture.Dès lors, on comprend que, dans le département le plus boisé de France, où le pin maritime joue un rôle prépondérant dans l’économie, on soit attentif aux décisions prises en haut lieu en matière de gestion forestière. Car, en 1981, la situation n’est pas brillante dans la Grande Lande où le déclin démographique a vidé de sa substance un territoire qui ne s’est pas vraiment encore remis des dommages causés par les grands incendies des années 1940 (5). De fait, "l’argent manque" : les rentrées fiscales sont faibles du fait de la composition d’une population rurale vieillissante aux faibles revenus et les recettes engendrées par les communaux diminuent alors que l’activité de gemmage devient anecdotique.L’espoir des élus se porte donc, quelques mois seulement après l’élection du premier gouvernement socialiste de la Ve République, vers l’État et les retombées des mesures prises dans le courant du mois de juillet en faveur des agriculteurs dans le cadre des "110 propositions" proposées par Pierre Mauroy (6).
(1) À titre de comparaison, le massif forestier aquitain (Gironde, Landes et Lot-et-Garonne), couvre, à son apogée, 1 million d'hectares.
(2) Ces droits d'usage ancestraux perdurent d'ailleurs dans les forêts "usagères" de La Teste et de Biscarrosse.
(3) Chalvet (Martine), Une histoire de la forêt, Le Seuil, Paris, 2011.
(4) Sargos (Jacques), Histoire de la forêt Landaise, L'Horizon chimérique, Bordeaux, 1997
(5) http://wwwv1.agora21.org/ari/doc2005/rapport-Jullien-Lemarie.pdf(6) http://www.lours.org/default.asp?pid=307