Construction d'une centrale solaire dans le Gabardan
Notice
Dans les Landes, de nombreux projets de constructions de centrales photovoltaïques voient le jour. Au grand dam des écologistes, des centaines d'hectares de pins sont rasés pour accueillir des panneaux solaires, comme ici dans le Gabardan. Face à l'engouement pour le solaire, l'Etat doit réguler la demande pour protéger notamment les terres agricoles qui pourraient être vendues au profit du photovoltaïque.
Éclairage
La consommation d'électricité est marquée, ces dernières années, par une hausse constante des besoins. Cela n'a rien d'étonnant ; c'est un phénomène général qui touche la plupart des pays de la planète. Sauf qu'en France, on est grandement dépendant d'autres puissances pour la fourniture de matières premières.
Face à cette évolution, la Loi programme n° 2005-781 du 13 juillet 2005 fixe les orientations de la politique énergétique qui se résume en deux points : faire des économies d'énergie et développer une offre diversifiée qui limite les émissions de gaz à effet de serre tout en réduisant la dépendance vis-à-vis des matières non renouvelables.
L'objectif principal est de produire 10 % des besoins à partir d'énergies renouvelables, à l'horizon 2010. Agrocarburants, géothermie, énergie éolienne, biomasse et photovoltaïque sont des termes qui reviennent donc régulièrement désormais dans les discours officiels bien que cette question environnementale ne soit pas nouvelle. Déjà, en effet, la construction du four solaire d'Odeillo en 1970 [1] et la création du Commissariat à l'énergie solaire en 1978 [2] prouvent que les pouvoirs publics sont depuis longtemps bien conscients des limites de la France en matière de production électrique, même dans une période qui était pourtant celle du "tout nucléaire".
En 2007, le contexte est bien différent ; les évènements donnent raison aux plus pessimistes et, dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, la France précise son programme en matière d'énergie. Elle définit un "plan climat" et oblige notamment EDF à racheter l'électricité produite par des particuliers ou des entreprises, issues de ressources renouvelables, à un tarif plus élevé que les prix du marché. Les crédits d'impôt attirent très vite ménages, entreprises et collectivités qui veulent investir - entre autres - dans le photovoltaïque [3].
Il faut en effet agir vite. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la facture énergétique de la France est passée de 15 milliards d'euros courants entre 1985 et 2000 à plus de 45 milliards d'euros à la fin des années 2000 en raison de la forte augmentation du prix du pétrole [4] et cela représente 88 % du déficit commercial du pays.
L'enjeu est de taille et l'on comprend que toute démarche allant dans le sens d'une indépendance énergétique soit encouragée.
Or, avec une moyenne annuelle de 2000 heures d'ensoleillement, le département des Landes peut jouer la carte du photovoltaïque. Les tempêtes de 1999 et de 2009, qui ont grandement endommagé le massif forestier, prouvent que la filière bois est fragile. Propriétaires particuliers et municipalités tirant un revenu de leurs communaux sont lésés, ce qui explique l'engouement de certains pour ce projet.
Mais il est difficile de s'imposer face à l'opposition des défenseurs de la terre, paysans et écologistes qui considèrent les nuisances à court terme et à long terme causées par des installations dont on ne peut évaluer - faute de recul - l'évolution dans le temps. Dans les Landes, la centrale du Gabardan se veut exemplaire ; d'autres réalisations voient timidement le jour mais l'avenir du photovoltaïque, pas plus que celui de l'éolien n'est vraiment assuré du fait que la réalisation des programmes est étroitement liée aux lois de financements et à la conjoncture politique.
[1] Le four solaire d'Odeillo (en Cerdagne, dans les Pyrénées-Orientales), de 54 m de haut et 48 m de large, est un four fonctionnant à l'énergie solaire. Sa puissance thermique est de 1 mégawatt. Avec le four solaire de Parkent, en Ouzbekistan, c'est l'un des deux plus grands du monde ; il a démontré le potentiel de l'énergie solaire et ses multiples applications.
[2] Suite au décret 82-404, le Commissariat à l'énergie solaire (COMES) fusionne avec plusieurs organismes publics (l'Agence pour les économies d'énergie, le Comité Géothermie et la Mission nationale pour la valorisation de la chaleur) pour donner naissance le 13 mai 1982 à l'Agence française pour la maîtrise de l'énergie (AFME). Cette dernière devient en 1992 l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME).
[3] L'énergie solaire photovoltaïque est une énergie électrique renouvelable produite à partir du rayonnement solaire.
[4] Ces chiffres sont portés à plus de 61 milliards d'euros en 2011.