Airbus A380 : Le convoi et développement économique

12 avril 2004
05m 48s
Réf. 00649

Notice

Résumé :

Les éléments de l'Airbus A 380 arrivent par la mer à Pauillac où un appontement a été construit. La barge achemine les éléments sur la Garonne jusqu'à Langon où un port a été aménagé. L'étape routière vers Toulouse est nocturne. Des milliers de curieux regardent passer le convoi en Sud Gironde et Landes. Grâce à un partenariat entre Conseil Général des Landes et Airbus développement, une fibre optique longe l'itinéraire à grand gabarit. La communauté de communes du Gabardan mise sur la fibre optique pour son développement économique.

Type de média :
Date de diffusion :
12 avril 2004

Éclairage

La mise en scène est superbe ! Il est beau, ce cylindre de métal qui s’avance lentement, majestueusement, à contre-jour, comme un soleil précédant une aube nouvelle ! Car il s’agit bien de cela pour ces terres excentrées du Gabardan et de l’Armagnac landais, les grandes laissées pour compte d’un développement qui a favorisé d’autres parties du département ces dernières décennies 1.

Ici, l’espoir vient donc des airs mais aussi de la terre. Airbus et fibre optique doivent régénérer les terres ancestrales porteuses de vignes et de pinhadars. Comment en est-on arrivé là ? Il faut tout d’abord savoir que l’Airbus A380, avion de ligne très gros porteur, quadriréacteur à double pont fabriqué par Airbus civil aircrafts, filiale d’Airbus Group, est le produit d’un projet européen. De ce fait, les éléments sont créés et assemblés dans différents pays de l'UE, en France essentiellement mais aussi en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni. D'autres pièces proviennent d'autres pays, dont la Belgique, et l'assemblage final est réalisé sur le site de Toulouse.

D’où la mise en œuvre d’infrastructures spécifiques pour le transport des éléments de la voilure. Énormes…

Il faut ensuite comprendre que, derrière le projet Airbus 380, lancé au milieu des années 1990, avec les retombées économiques directes que l’on connaît 2, existe, via notamment la société Airbus Développement Aquitaine, jouant ici le rôle d’interface, tout un réseau fédérant acteurs économiques et politiques, responsables de la vitalité du territoire. Et, que ce soit dans la bouche du maire de Losse ou dans celle de celui de Créon d’Armagnac 3, le maître-mot est « désenclavement » car pour exister, dans le monde actuel, il faut communiquer, être accessible, avoir une liaison constante avec l’extérieur malgré les distances et les contraintes géographiques.

À deux pas du futur axe autoroutier reliant Bordeaux à Pau dont l’ouverture est prévue en 2010 4, irriguée par un réseau de fibre optique dernière génération 5, cette partie du Pays des Landes de Gascogne s’inscrit bien, a priori, dans le développement durable. Si les changements ne sont pas spectaculaires, la gestion saine et dynamique menée par les acteurs locaux, « boostés », soutenus par le partenariat Conseil général / Airbus a effectivement toutes les chances d’aboutir à un repositionnement positif de territoires ruraux conservant leur identité mais en phase avec leur temps. Au pays de la course landaise, la course est engagée pour ne pas laisser le monde s’échapper.

Une aubaine donc que le choix de cet itinéraire qui transforme les petites routes départementales 303 et 24 en pistes de décollage pour des projets innovants ! C’est ainsi que – mais on n’y pense pas encore et la tempête Klaus n’a pas bouleversé l’économie locale – dès 2009, Serge Jourdan, maire de Losse et président de la communauté de communes du Gabardan, installe la plus grande centrale solaire d’Europe sur 300 hectares 6. Un exemple de la pérennité d’une action de revitalisation menée en concertation et sur la longue durée ; exactement ce que souhaitait, en son temps, le fondateur de l’A.I.R.I.A.L., Roger Duroure 7, dont l’un des cadres, Bernard Rouchalèou, assiste, en ce jour de fête, à l’un des événements les plus importants en Armagnac depuis le mariage de François Ier, au Frêche, le 7 juillet 1530…

 

1)     On pense essentiellement à l’action de la MIACA qui s’est concentrée sur le développement du littoral et à l’impact, hélas lacunaire, des actions mises en œuvre par la DATAR.

2) Le nombre total de commandes fermes reste à 317 à la fin du mois de décembre 2014. Cela représente une moyenne de 22 commandes par an sur 12 ans. Selon le document officiel publié à la suite de la conférence de presse annuelle tenue le 13 janvier 2015, l'année 2014 subit finalement 7 annulations.

3) Petites communes rurales situées dans les Landes, de part et d’autre de l’axe Mont-de-Marsan-Lavardac, aux confins de la Gironde, du Lot-et-Garonne et du Gers.

4) http://fresques.ina.fr/landes/fiche-media/Landes00760/a65-impact-economique-sur-la-communaute-d-agglomeration-du-marsan.html

5) Une fibre optique est un fil en verre ou en plastique très fin qui a la propriété d'être un conducteur de la lumière et sert dans la transmission de données. Elle offre un débit d'information nettement supérieur à celui des câbles coaxiaux et peut servir de support à un réseau « large bande » par lequel transitent aussi bien la télévision, le téléphone, une visioconférence ou des données informatiques. C’est dire son impact sur le développement local.

6)http://fresques.ina.fr/landes/liste/recherche/losse/s#sort/-pertinence-/direction/DESC/page/1/size/10

7) Empreintes landaises : Association AIRIAL, aménagement du territoire.

 

 

2797 caractères (enc)

 

Bénédicte Boyrie-Fénié
Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

(Musique)
Journaliste
C’est par la mer que le futur A380 fait son entrée en Aquitaine. Pour le transport et l’acheminement des pièces du gros porteur, il a fallu tout inventer, tout construire. À Pauillac, un appromptement ou plutôt une station de transfert flottante fabriquée en Pologne. La barge Breuil, elle, est hollandaise. Elle amènera les pièces par le fleuve jusqu’à Langon. Obstacle historique, le pont de pierre. Marée, vents et courants font de son passage un vrai défi technologique. La barge arrive au bout de son voyage, 95 km entre Pauillac et Langon. Pour revenir sur terre, une écluse a été creusée et un vrai petit port aménagé. Chargées sur les camions, les pièces du fuselage partent pour la dernière étape, l’allée routière et nocturne.
(Bruit)
Journaliste
Même si le convoi comporte trois remorques et pas encore six, ce sont les premières vraies pièces d’avion qui vont traverser sud Gironde et Landes cette nuit. Un spectacle suivi par des milliers de curieux.
(Bruit)
Journaliste
Losse, tout au bout des Landes, 300 habitants, mais un bon millier de personnes, certaines sont venues d’Hagetmau ou même de Bayonne. Réunis au son des bandas, dès 20 heures ici, on veut fêter joyeusement le premier convoi.
(Musique)
Inconnu 1
Je suis venu pour la fête et puis pour faire sortir mes petits enfants. J’ai mes petits enfants en vacances, alors je vais essayer de leur montrer un petit peu le passage de l’Airbus pour essayer de les instruire un peu.
Aldric Dudon
Après, nous partons, ce premier convoi, nous allons jusqu’à Barbotin, où là il y a la continuité de la fête, voilà.
Journaliste
Vous allez vous coucher à quelle heure ?
Aldric Dudon
C’est une nuit blanche aujourd’hui, forcé.
(Bruit)
Journaliste
Minuit, pas de nouvelle du convoi, on s’occupe en attendant, et les moins courageux renoncent.
Inconnue 1
Je suis juste venue voir l’Airbus, voilà c’est un peu tard, donc je crois qu’on va rentrer.
(Musique)
Journaliste
Une heure du matin, 25 motards, 10 véhicules d’assistance de la société de transport, la DDE, les techniciens d’Airbus ; au total, une soixantaine de personnes accompagnent les trois remorques qui parviennent enfin au village en empruntant la déviation toute neuve.
(Bruit)
Journaliste
Le convoi passé, reste la route, et sous la route court la fibre optique, une petite merveille qui pourrait changer l’avenir des pays traversés. Créon d’Armagnac, à 7 km de l’itinéraire à grand gabarit. 291 habitants, 46 écoliers, la poste est condamnée, l’hôtel a brûlé, mais le village a retroussé ses manches et bâti un plan de développement sur 10 ans. Achat de terrain pour une quinzaine d’habitations, installation d’un multiple rural, boulangerie, tabac, poste, réouverture de l’hôtel, tout est planifié. Le maire a pris les devants et prépare sa commune pour l’accueil de nouveaux habitants.
Serge Expert
On a beau pensé, lorsqu’il n’y a pas derrière quelque chose qui est porteur, il est difficile de faire avancer les choses. Et je crois qu’aujourd’hui, le passage de l’Airbus sur notre canton va amener à booster l’envie de faire avancer les choses, c’est sûr.
(Bruit)
Journaliste
Créon fait partie de la communauté de communes du Gabardan qui mise sur la fibre optique pour amener le développement économique. Gage de réussite, le partenariat entre le conseil général des Landes et Airbus Développement, société créée tout exprès.
Alain Lecocq
On s’appuie sur l’ensemble des compétences et des capacités de la société Airbus en France pour avoir une expertise rare dans tel ou tel domaine ; pour avoir tel conseil, pour avoir telle entrée dans tel réseau, pour approcher certaines personnes qui peuvent débloquer des situations, etc. Essayer de faire bénéficier la communauté de communes au profit de ces projets bien sûr, de l’ensemble de l’expertise airbusienne.
Journaliste
Projet phare de la communauté du Gabardan sur ce terrain public à Gabarret ; elle va créer une zone d’activité au carrefour des quatre départements en bordure de l’itinéraire à grand gabarit doté de la fibre optique. Un développement industriel à maîtriser pour ne pas gâcher l’autre atout, le tourisme.
Serge Jourdan
Nous voulons développer notre terroir, mais aussi le conserver avec son identité. Donc, nous regarderons tous les projets de développement. L’important, c’est qu’ils s’inscrivent dans un développement durable qui maintienne le territoire à l'identique à celui qu’il est aujourd’hui ; et qui amène un développement de nos activités pour soutenir l’activité économique existante autour des commerçants et des artisans ; mais aussi soutenir les services publics qui ont des difficultés pour maintenir leur poste.
Journaliste
Le pays Landes de Gascogne, auquel appartient le Gabardan s’est fixé un objectif, doubler sa population sur une génération, sur un territoire équilibré. D’ici 2019, 700 convois portant les éléments de l’Airbus A380 traverseront ces territoires. Mais c’est d’un trésor enfoui sous la route qu’élus et population attendent un avenir meilleur.