La dune de Tarnos
Notice
Sur la dune de Tarnos, les espèces végétales, certaines mêmes endémiques, sont menacées par l'urbanisation, le nivellement des plages et les déchets souterrains. Soutenus par l'Office National des Forêts, les Tarnosiens se mobilisent et envisagent la création d'une association pour la sauvegarde des végétaux.
Éclairage
Tarnos, dans le pays de Seignanx [1], se situe à l'extrémité méridionale du long bourrelet dunaire rectiligne qui va de la pointe de Grave, en Gironde, à l'embouchure de l'Adour. Enchâssée entre la mer et les plans d'eau résiduels témoins de l'ancien passage du fleuve, la dune y constitue un milieu vivant, hébergeant une faune et une flore d'une richesse insoupçonnée.
Dans la dune mobile, poussent l'Astragale de Bayonne, l'Épervière laineuse, l'Euphorbe maritime, le Liseron des sables, le Panicaut de mer, la Roquette de mer et la Silène de Thore ; dans la dune fixée (ou lette grise), on trouve l'Alysson des sables, le Carex des sables, le Gaillet, l'Immortelle des dunes, le Lis mathiole, l'Oeillet des dunes, le Sedum acre et le Serpollet et, dans la frange forestière se fixent arbustes et arbres nanifiés sous l'effet du vent (l'Ajonc d'Europe, la Bruyère à balais, le Chêne-liège, le Ciste à feuilles de sauge, le Genêt à balais et le Pin maritime).
L'Oyat ou Gourbet (Amophila arenaria) et le Chiendent des sables (Agropyron) assurent ici la sécurité, fixant le sable dans les griffes de leur vaste réseau racinaire.
Peuplant ce milieu complexe, s'est adapté tout un petit monde rampant ou volant dont le Fourmillon, le Lézard ocellé, la Nébrie des sables, l'Oedipoda (un petit criquet à ailes rouges) et le Theba pisana (un petit escargot vivant en colonies).
Mais ce biotope est fragile : érosion naturelle et érosion anthropique se conjuguent bien souvent, menaçant la dune du Métro [2] qui aurait reculé - selon les spécialistes - de 25 à 30 mètres en un demi-siècle. Il est donc urgent d'agir et, bien avant le Grenelle de l'Environnement, l'Office National des Forêts, fondé en 1966, soucieux de préserver les écosystèmes, se préoccupe à la fois de fixer et de protéger ici le cordon dunaire qui ourle le massif forestier.
Cette protection passe par l'information d'une population locale déjà sensibilisée par le classement, en 1969, des zones humides du secteur comme site inscrit [3] sous l'appellation "Étangs landais sud". Quelque 206 ha font en effet déjà l'objet d'un inventaire ZNIEFF [4] qui a pour objectif, depuis 1982, d'identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. Un site d'intérêt majeur qui, compte tenu de ces éléments, entre tout naturellement dans le réseau Natura 2000 en 2003 [5] et en ZSC [6] en 2006.
Même si l'Association pour la sauvegarde des végétaux de la dune ne s'est jamais concrétisée, le secteur de Tarnos semble donc bien protégé des évolutions néfastes en ce début des années 1990. Malheureusement, presque 20 ans plus tard, le constat est navrant : Alain Perret, adjoint à l'environnement s'inquiète toujours du maintien de la dune et, devant le nombre croissant des incivilités, les autorités locales et les services de l'État prévoient des sanctions. Parallèlement, des mesures de protection sont mises en place pour maintenir certaines espèces animales comme le Lézard ocellé ou le Lis mathiole (Pancratium maritimum) implanté en 1794 par le citoyen Granferry qui participe à des expériences visant à fixer les sables des dunes [7].
[1] Le pays de Seignanx englobe Biaudos, Biarrotte, Le Boucau, Tarnos, Ondres, Saint-André-de-Seignanx, Saint-Barthélémy, Saint-Martin-de-Seignan et Saint-Laurent-de-Gosse. Il trouve son origine dans le nom de l'antique tribu des Sexsignani – l'une des branches des Tarbelles - évoquée par Pline.
[2] Le toponyme est lié à l'implantation en 1938 d'un centre de vacances réservé aux enfants des employés du métro parisien.
[3] Un "site inscrit" est un label français qui désigne les sites naturels dont l'intérêt paysager exceptionnel qui, sans présenter une valeur ou une fragilité telles que soit justifié leur classement, ont suffisamment d'intérêt pour que leur évolution soit surveillée de très près.
[4] Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
[5] Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels européens, terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales, et de leurs habitats. Natura 2000 concilie préservation de la nature et préoccupations socio-économiques. En France, le réseau Natura 2000 comprend 1753 sites.
[6] Une zone spéciale de conservation (ZSC) est, en droit de l'Union européenne, un site naturel ou semi-naturel désigné par les États membres, qui présente un fort intérêt pour le patrimoine naturel exceptionnel qu'il abrite.