Exposition Dax et ses origines

Les Halles centrales de Dax furent partiellement détruites dans un incendie en 1979. En 1982, lors d'une fouille préalable aux travaux de reconstruction, un dépôt d'objets métalliques fut mis au jour. Il se trouvait dans un secteur où ont été repérés des bâtiments dont les différents états s'échelonnent du Ier au IIIe siècle après J.-C. Il est difficile de dater précisément l'enfouissement de ce dépôt. En effet, le contexte archéologique dans lequel il s'insérait avait malheureusement disparu lorsque la fosse fut découverte au passage de la pelle mécanique, en fin de fouille. Il semble cependant que celle-ci corresponde à une période où le bâtiment était désaffecté, au plus tôt après la fin du IIIe siècle.

Le dépôt, qui représentait 30 kg de métal, se présentait sous la forme de conglomérats métalliques et de figurines corrodées. Il fut confié pour restauration à Brigitte Derion, conservateur chargé du Laboratoire Technique de Restauration du Musée d'Aquitaine, à Bordeaux. Il fallut six ans pour restaurer l'ensemble du dépôt : extraire de leur gangue métallique les objets fragilisés par la corrosion et l'exhumation, leur appliquer un traitement chimique et une protection de surface afin de les stabiliser et de les protéger de l'air ambiant, procéder au remontage et à l'association des objets désolidarisés par la corrosion et le choc de la pelle mécanique.

Tout au long de ce travail minutieux, la restauratrice travailla en étroite collaboration avec l'archéologue Jacques Santrot, alors conservateur chargé des collections protohistoriques et antiques au Musée Aquitaine. Ce dernier procéda à l'étude archéologique complète du dépôt [1].

Ce dernier se compose d'œuvres italiques et gallo-romaines, de datations disparates. L'une des pièces les plus remarquables est un groupe de Mercure, représenté sur un socle avec ses attributs : bourse, caducée et pétase ailé. Mercure était la divinité la plus honorée et représentée en Gaule romaine, sous des caractères propres à cette province. Comme souvent en Gaule romaine, le dieu est associé à un coq et à un bouc. Le style et la datation de cette statuette, de dimensions et de qualité exceptionnelles [2], et des animaux qui l'accompagnent sont très différents.

Le dépôt comporte aussi notamment une très belle figurine du dieu Esculape, avec des yeux incrustés d'argent, et un sanglier sur un socle. Trois lampes à huile ont été dégagées de leur gangue, l'une ornée d'un masque, la seconde avec trois pieds décorés de têtes de lion et la dernière, à trois becs, destinée à être suspendue par une chaînette. Enfin, le mobilier retrouvé comportait divers autres éléments : un socle en forme de rocher, des poids de changeur, des outils en fer comme une herminette et un marteau et des objets incomplets, dont une douille de balance à fléau de bois.

D'après Jacques Santrot, ce dépôt hétéroclite ne constitue ni le mobilier d'un laraire, ni un dépôt de fondeur. Il s'agit plus vraisemblablement de la cachette d'un "antiquaire-restaurateur" qui, à la fin du IIIe ou au IVe siècle, redonnait vie à des "antiquités" en réassemblant divers éléments et réparant et ressoudant des éléments cassés. Cet antiquaire a déposé ces objets pour une raison inconnue dans une fosse, probablement dans un coffre de bois. Cette interprétation explique l'hétérogénéité de l'ensemble et l'assemblage d'éléments de datation et de provenance diverses, visiblement réparés plusieurs fois et réemployés.

Après leur restauration par le Musée d'Aquitaine, les objets du Trésor des Halles entrèrent dans les collections du musée de Borda [3]. Ils furent présentés au public pour la première fois en mai et juin 1988, au cours de l'exposition "Dax et ses origines". Aujourd'hui, le dépôt est conservé dans les réserves du musée. Des copies des pièces majeures du dépôt [4] sont exposées dans la crypte archéologique, site dont le musée assure la conservation et la valorisation.

[1] Étude publiée dans la revue Gallia : SANTROT, Jacques, "Bronzes et fers de Dax, Landes", Gallia, 53, 1996, p. 251-343.

[2] La plupart des statuettes de divinités gallo-romaines en bronze sont comprises entre 7 et 9 cm. Les statuettes de 10 à 20 cm sont particulièrement rares. Le Mercure de Dax mesure 30,6 cm de haut.

[3] Le musée de Borda, musée municipal de Dax, se situe actuellement au 11 bis, rue des Carmes.

Site Internet du musée de Borda

[4] Les pièces authentiques ne peuvent pas être exposées dans la crypte, trop humide, pour des raisons de conservation. La crypte archéologique est accessible au public, en visite guidée, les jours d'ouverture du musée.