Hastingues, Landes : opération villages
Notice
L'opération village à Hastingues cherche à revitaliser le village et améliorer l'aspect extérieur du village, ce qui suscite le débat des écoliers.
Éclairage
Si l'Aquitaine a été longtemps rattachée à la couronne d'Angleterre (1154-1453), rares sont les toponymes anglais dans notre région. Seules les bastides de Nicole (Lot-et-Garonne), Libourne (Gironde) et Hastingues (Landes) portent des noms qui rappellent cet épisode (1). Comme la plupart des petites bastides du sud de la France, Hastingues constitue un ensemble architectural remarquable, expliquant que, dans le cadre du développement touristique des Landes, initié notamment par la MIACA sur la côte dans les années 1970 (2), on ait cherché à la valoriser.
Sise aux confins du pays charnego (3), entre terres gasconnes et basques, la bourgade domine du haut d'un promontoire la vallée des Gaves réunis, au fond de laquelle se niche l'abbaye d'Arthous à laquelle son histoire est intimement liée (4) : un point stratégique à l'écart de l'antique chemin menant à Ostabat et au col de Roncevaux (Orreaga), un trésor architectural sur la route des vacances.
En cette année 1978, l'émergence d'un tourisme vert, plus culturel, incite en effet les élus des petites communes rurales de l'intérieur du département à valoriser leur patrimoine. On parle de plus en plus de « qualité de la vie ». C'est ainsi que l'on confie à Michel d'Ornano le « ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie » qui prend en compte la montée en puissance de la question environnementale, de plus en plus prégnante depuis une décennie ; un mouvement qui annonce la création d'une Mission du patrimoine ethnologique en 1980.
Hastingues constitue donc un cas d'école ; et c'est précisément l'Ecole Nationale Supérieure d'architecture et du paysage de Bordeaux qui est chargée du dossier. Elle met en place cette opération « Villages » dans ce site protégé, réalisant une étude qui s'articule autour de deux axes : la valorisation du patrimoine architectural et l'aménagement urbain. (5)
Hastingues, aujourd'hui rénovée, bénéficie de la proximité de l'abbaye d'Arthous, dont la vie est rythmée par des manifestations culturelles couvrant un large spectre.
(1) Nicole, fondée par Edouard Ier, en 1303, se réfère à la prestigieuse ville de Lincoln, dans les Midlands ; Libourne et Hastingues, fondées respectivement en 1270 et 1289 doivent leur nom à Roger de Leyburn et John Hastings.
(2) Mission Interministérielle d'Aménagement de la Côte Aquitaine (MIACA). Elle était chargée de la coordination de l'aménagement de la Côte Aquitaine, à travers notamment la définition d'un programme général d'aménagement, de l'identification des moyens de son exécution et du suivi de sa réalisation.
(3) Le pays charnegou (« charnière » ou « métis », en gascon), est une zone linguistique intermédiaire, où des influences basques s'immiscent dans le gascon noir parlé localement. Il englobe les communes d'Arancou, Bergouey-Viellenave, Bidache, Came, Guiche et Sames, au contact du Béarn, du petit pays d'Orthe landais et du Pays basque.
(4) L'abbaye de Prémontrés d'Arthous, édifiée en 1167, située en bordure de vastes bartas, constitue une étape, comme sa voisine de Sorde, sur la voie de Compostelle dite via turensis. Elle occupe une place stratégique entre seigneurs de Navarre, de Béarn et d'Aquitaine et cède par un acte de paréage une partie de ses terres au sénéchal anglais John de Hastings pour fonder, en 1281, la petite bastide de Hastingues. C'est le lieu idéal que choisit le Conseil général des Landes pour créer un centre culturel départemental.
(5) De Guenin (Catherine) et Serieis (Jean), Une opération « Villages », Hastingues, Ecole d'Architecture de Bordeaux, 1980, 86 pages.
Bénédicte Boyrie-Fénié