Vivre à Mont-de-Marsan
Notice
Reportage qui s'intéresse aux pratiques culturelles dans une ville moyenne de province telle que Mont-de-Marsan. Du cinéma au musée, de la bibliothèque au disquaire, en passant par le sport ou encore la télévision, deux Montois, un professeur et une mère au foyer, nous parlent de leurs activités. A leurs témoignages s'ajoutent ceux des professionnels de la vie culturelle montoise et notamment de Raymond Farbos, président de l'Association Culturelle de la ville.
Éclairage
Le document illustre les pratiques culturelles d'une petite ville de province (30 000 habitants), préfecture des Landes, à la fin des années 1970. Les politiques culturelles locales sont, à cette époque, en pleine réflexion, notamment depuis la mise en œuvre d'un ministère des Affaires culturelles en 1959. Pour autant, l'époque est très incertaine en la matière : les inégalités des pratiques culturelles, mises en évidence depuis le début des années 1960 par les travaux de Pierre Bourdieu, contrastent avec la volonté du ministère de "démocratiser la culture" et de la rendre accessible à tous.
Les inégalités territoriales, notamment celles entre Paris et la province, sont aussi dénoncées par les élus locaux, qui réclament plus de marge de manœuvre et la possibilité de disposer de véritables leviers institutionnels pour développer des politiques culturelles locales dynamiques. L'heure de la décentralisation culturelle n'a pas sonné, les projets de maisons de la culture tant attendus par André Malraux ont été abandonnés. En ce sens, les professionnels de la culture (artistes, libraires, bibliothécaires etc.), les associations culturelles attendent la mise en œuvre de nouveaux mécanismes législatifs et un renforcement de l'implication des collectivités locales dans le secteur culturel : aides aux compagnies locales, aides aux libraires indépendants, construction de salles de spectacles ou de cinéma etc.
Les besoins des petites et moyennes villes sont d'autant plus forts, que les pratiques culturelles ont tendance à se développer et à se diversifier depuis le début des années 1960 : développement du cinéma, diversification des genres musicaux etc. 1968 a permis de montrer les importants écarts qui existent entre la volonté de démocratisation souhaitée par Malraux et les attentes des masses. Celles-ci sont déçues par un ministère brouillon et autoritaire qui donne la priorité au patrimoine architectural et quelques créations qui correspondent aux goûts d'un ministre très critique sur les arts contemporains. Les années suivantes, qui se caractérisent par un désengagement de l'Etat, et par le manque de marge de manœuvre des collectivités locales pour impulser des politiques dynamiques, confirment la tendance.
Le reportage illustre remarquablement la situation culturelle du pays à la fin des années 1970. Les années 1980, de part le volontarisme du ministère Lang et les pratiques de décentralisation culturelle modifieront la donne.
Bibliographie :
- MOLLARD, Claude , Le Cinquième pouvoir. La Culture et l'Etat de Malraux à Lang, Paris : A. Colin, 1999.
- POIRIER, Philippe, L'Etat et la culture en France, Paris : Larousse, 2007.