Restauration de l'abbaye de Prémontrés dans les Landes

L'ordre des chanoines réguliers des prémontrés, appelés parfois norbertiens, est fondé par saint Norbert de Xanten, au début du XIIe siècle.

En 1120, l'évêque de Laon, lui donne un terrain dans l'actuelle forêt de Saint-Gobain, dans l'Aisne, au lieu-dit Presmontré, pour y fonder une abbaye dont les chanoines sont soumis à la règle de saint Augustin. Là est l'origine du nom de la première communauté qui s'établit en 1167 à Arthous, un lieu broussailleux (1) dominant les barthes des gaves réunis, non loin de l'endroit que choisit, un siècle plus tard, en 1289, John de Hastings pour fonder une bastide.

En cette année 1966, au cœur des "Trente Glorieuses", alors que se construisent le pont d'Aquitaine, à Bordeaux, et le pont de l'île d'Oléron, en pays d'Orthe on bâtit un pont entre le passé prestigieux d'une abbaye et un avenir résolument tourné vers la culture : une initiative heureuse dans le contexte d'un département en plein éveil. De fait, il connaît, dans les années suivantes, des bouleversements majeurs en matière d'aménagement du territoire et de promotion touristique grâce aux initiatives de la DATAR (2) et de la MIACA dont l'action, menée essentiellement sur les communes côtières, a des retombées dans l'arrière-pays.

À l'heure où, à Paris, on rend hommage à Picasso dans de prestigieuses expositions, dans ce coin sauvage des confins des Landes et du Pays basque, on salue le travail des maîtres tailleurs de pierre qui ont laissé un chef-d'œuvre que les travaux engagés par le Département permettent de sauvegarder et de promouvoir dans le contexte d'une prise de conscience de la nécessité de préserver d'urgence un patrimoine mis en péril par des décennies d'abandon.

Ainsi, les bâtiments abbatiaux, inscrits à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques dès 1955, sont-ils classés en 1969, après cette première campagne de restauration, pour devenir le musée départemental d'archéologie au début des années 1970. Une belle initiative du Conseil général des Landes, propriétaire des lieux depuis 1964.

(1) Ce nom est dérivé d'un thème prélatin arte, que l'on retrouve fréquemment dans toute la Gascogne et les provinces basques, avec le sens de "hallier".

(2) Du 25 au 30 septembre 1966, une centaine de personnalités de tous horizons (architectes, aménageurs, ministres, fonctionnaires, responsables d'associations...), réunies à Lurs-en-Provence à l'initiative de la DATAR, mettent en commun leurs réflexions pour inventer la formule de “Parc naturel régional” à la française. Quatre ans plus tard, est créé le Parc naturel régional des Landes de Gascogne.