Hélène Parmelin interviewée pour son livre Léonard dans l'autre monde
Notice
Hélène Parmelin reçue par Pierre Dumayet, pour son livre Léonard dans l'autre monde, parle du personnage principal : la mine dans le Pas-de-Calais. Mariée au peintre Pignon fils de mineur, elle a pu aborder ce monde qu'elle ne connaissait pas à travers sa belle famille. Elle dit son étonnement à découvrir à chaque visite cet autre monde.
Éclairage
La littérature, française et étrangère, compte de nombreux ouvrages romanesques portant sur la mine et les mineurs. Vingt ans avant la publication de Germinal (1885), pas moins de dix romans-feuilletons ou nouvelles, ayant pour sujet principal ce milieu professionnel très particulier, avaient déjà été écrits. Léonard dans l'autre monde (1) , le roman d'Hélène Parmelin paru en 1957, est en quelque sorte le fruit d'une longue tradition dans laquelle se retrouvent, côte à côte, des hommes de lettres aussi différents que le belge Oscar-Paul Gilbert avec la grande saga des Bauduin (1939-1948), Félicien Bœuf avec Terrils (1959) ou encore Gilbert Bordes avec Ce soir il fera jour (1995), sans évoquer les écrivains d'autres pays, comme le naturaliste et ancien mineur chilien Baldomero Lillo, auteur de Sub-terra (1905) et de Sub-sol (1907) ou encore le très célèbre Richard Llewellyn, dont le roman Qu'elle était verte ma vallée (1939) donna lieu à un film à succès tourné par John Ford.
Comme le souligne Pierre Dumayet dans l'entretien télévisé, réalisé en 1957, lors de la sortie du livre d'Hélène Parmelin, celle-ci réussit à tracer un portrait qui, bien que de fiction, est néanmoins très réaliste de la vie au sein de la communauté des mineurs de charbon du Pas-de-Calais dans les 1950. Mariée au peintre Édouard Pignon, originaire de Marles-les-Mines lui-même ancienne "gueule noire". C'est en se rendant régulièrement dans la famille de son mari que l'écrivaine développe une connaissance de première main de ce milieu minier.
Son personnage, Léonard, libraire parisien, enquête pour comprendre ce qui a provoqué la dépression de sa belle-sœur et cette recherche va lui faire découvrir le monde des mineurs et de leurs familles. Dans cette fiction, Marles-les-Mines devient "Saint-Honoré-les-Mines". Sensible à la beauté et à l'étrangeté du paysage industriel, avec ses terrils et ses corons, Hélène Parmelin est également très frappée par l'omniprésence de la mort dans la vie des houilleurs. L'accident, la catastrophe constituent des menaces permanentes avec lesquelles ces ouvriers, et les leurs, vivent au quotidien. La silicose, cette terrible maladie des "hommes aux poumons de pierre", atteint ou guette un grand nombre d'entre eux. La vie des femmes est décrite assez justement : la solitude, l'attente, mais aussi le manque d'intimité dans le coron.
Mais, dans le roman d'Hélène Parmelin, comme dans beaucoup d'autres et comme dans la réalité, à ces peurs et à ces maux se superposent des joies, celles de la kermesse et de la convivialité de la vie dans les corons. Il s'agit là d'un tableau contrasté, assez fidèle au modèle.
(1) Léonard dans l'autre monde, Paris, Julliard, 1957, Paris, 10/18, 1974.