Deux accordéons face à face : Aimable et André Verchuren jouent Les Gueules noires
Notice
Deux accordéons face à face : Aimable et André Verchuren interprètent ensemble Les Gueules noires de Pierre Drucbert.
Éclairage
Aimable, tout comme André Verchuren - deux accordéonistes de renom-, appartiennent à une famille de mineur. Le premier des deux est né à Trith Saint-Léger (Nord), la famille du second, d'origine belge, est venue s'installer dans le bassin minier du Nord, où le grand-père, puis le père d'André, Raymond, travaillèrent comme houilleurs. Au sein des communautés minières, la musique joue, à partir des années 1880-1890, un rôle important. Sa pratique est encouragée tant par les compagnies houillères, que par les syndicats et les partis ouvriers, les premières dans le but de fournir aux meilleurs de leurs travailleurs, des loisirs dont ils ne bénéficient pas habituellement et qui peuvent contribuer à les détourner de la lutte et de la revendication, les seconds ayant pour objectif de proposer, à leurs adhérents, un accès privilégié à la culture musicale et littéraire, ainsi qu'au sport. Les fanfares et autres harmonies qui se multiplièrent dans les communes minières, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, offrent à ceux qui ont la chance et le talent pour pouvoir y participer, une ouverture sur un monde qu'ils ignoraient jusque là. Tel fut le cas pour Aimable Pluchard, dit Aimable, qui, avant de devenir un accordéoniste connu, fit partie de la fanfare de son village. Quant à André Verchuren, il sera formé par son père qui a ouvert une école de musique. L'accordéon, instrument populaire par excellence, est souvent appelé "piano à bretelles" ou "piano du pauvre". Il est très lié à l'histoire des bals musettes, ainsi qu'à celle des loisirs ouvriers. Aimable et Verchuren appartiennent au même milieu social et à la même génération, celle des années 1920, leurs pères respectifs – et sans doute même le grand-père de Verchuren - jouaient déjà de cet instrument avant eux et les ont initié à sa pratique au point d'en faire des virtuoses. Fidèles à leurs origines, ils dédient une de leur composition aux "gueules noires", morceau qu'ils prennent visiblement un grand plaisir à interpréter.