Exposition Forces et rythmes de l'industrie de Raynold Arnould
Notice
Une exposition Forces et rythmes de l'industrie de Raynold Arnould a lieu au musée des Arts décoratifs de Paris. Certaines des œuvres exposées sont inspirées par l'industrie charbonnière. Madame Boitel qui dirige un club de peinture des jeunes mineurs à Oignies, présente l'œuvre du peintre marquée par le machinisme.
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Éclairage
Le machinisme, l'industrie et les hommes qui y travaillent ont parfois été, dans l'histoire de l'art occidental depuis la seconde moitié du XIXe siècle, choisis comme thèmes par certains des plus grands artistes, tels que le grand peintre anglais Joseph Mallord Turner (1775-1851) dans son célèbre tableau Pluie, vapeur, vitesse. Le Grand Chemin de Fer de l'Ouest (1844), un précurseur dans le domaine, Claude Monet (1840-1936) dans sa série sur la gare Saint-Lazare (1877), voire encore Fernand Léger (1881-1955) au cours de sa période dite "mécanique" ou Édouard Pignon (1905-1993) et ses tableaux sur la condition ouvrière, celle des mineurs, pour ne citer qu'eux.
L'exposition "Forces et rythmes de l'industrie", organisée au Musée des Arts Décoratifs à Paris, en 1959, proposa au public de la capitale, un ensemble d'œuvres dues au peintre d'origine havraise, Reynold Arnould (1919-1980). Elles témoignent de l'émotion que peut susciter, chez un artiste, la production industrielle et ses ouvriers. Soutenu par quelques douze "sponsors", dont les Houillères, Reynold Arnould s'est notamment attaché à représenter les hommes du charbon dans leur labeur quotidien.
Les compagnies ont, en effet, au XIXe, comme au XXe siècle, cherché à établir un lien entre art et exploitation du charbon, en favorisant l'accès de leurs ouvriers et de leurs employés, qui le souhaitaient, à des cours de dessin et de peinture, comme à Oignies avec les cours de peintures financés par les Houillères du Nord et du Pas-de-Calais, mais également dans d'autres bassins miniers en France, en Angleterre et dans les autres pays occidentaux producteurs de houille. Dans le Northumberland, le succès des "Pitmen painters" d'Ashington, auquel un musée est consacré, montre l'importance de ce lien et la force de l'inspiration qui émane du travail au fond. Si les compagnies ont, souvent, fait preuve de paternalisme en offrant à leurs ouvriers la possibilité d'exercer leurs talents dans d'autres domaines que celui de l'extraction du charbon, les syndicats en ont fait de même, tout comme les partis de gauche, socialiste et communiste, dont l'objectif était, non pas de pacifier leurs "troupes", mais de leur permettre d'accéder à la culture avec un grand C.
Dans les années 1950, particulièrement actif dans le domaine de l'art, le Parti communiste défend le réalisme socialiste. Ce "nouveau réalisme" dont le chef de file est le peintre André Fougeron s'oppose à Picasso et Édouard Pignon (son Ouvrier mort de 1952 inspiré d'un accident de la mine est critiqué pour son manque de réalisme).
En 1950, le dirigeant communiste Auguste Lecœur, ancien maire de Lens, et la fédération CGT des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais, invitent André Fougeron dans le Bassin minier où il reste un an en résidence. Sa série sur "Le pays des mines" (1) a permis de renforcer la figure mythique du mineur comme avant-garde de la classe ouvrière. Ces œuvres ont été exposées à Paris en janvier 1951 à la galerie Bernheim-Jeune.
(1) Cette série a été publiée avec une préface d'Auguste Lecœur et André Stil : Le pays des mines d'André Fougeron, Cercle d'art, Paris, 1951.