La formation des jeunes au RC Lens

08 mai 1960
04m 44s
Réf. 00034

Notice

Résumé :

Monsieur Percheron, inspecteur primaire, présente l'école de football du RC Lens. Celle-ci repose sur de nombreuses initiatives, dont l'inscription de l'initiation au football dans les programmes scolaires. Monsieur Ourdouli, chargé de l'organisation générale, explique le fonctionnement de l'école. Il a fallut regrouper trois éléments : les élèves, le terrain de football et les entraîneurs. Ces derniers sont des joueurs professionnels du RC Lens. Les enfants apprennent à jouer au football le mercredi après-midi pendant un trimestre, puis ces leçons se terminent par le concours du plus jeune footballeur. Des confrontations inter-écoles sont également organisées.

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Date de diffusion :
08 mai 1960
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Éclairage

Tissé dans les années trente, le lien organique qui unit la Compagnie des mines de Lens et le RCL (Racing Club de Lens) se prolonge naturellement lorsque les Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC) sont créées. Dans les années cinquante, la nomination de Jean Michaux, directeur de la production du Groupe Lens-Liévin à la tête du club permet de poursuivre la politique dessinée avant-guerre, notamment en direction des supporters et des équipes de jeunes des cités minières environnantes. Dans les années soixante, le "paternalisme sportif" mis en place dans l'entre-deux-guerres s'étend désormais aux écoles élémentaires de la ville de Lens, avec la création des "écoles de football". Légitimées par les autorités académiques locales, elles s'inscrivent d'ailleurs dans un processus de sportivisation des contenus des leçons d'éducation physique, que l'on peut observer à la lecture des programmes officiels. Aiguillés par les compétitions organisées par l'USEP (Union Sportive de l'Enseignement du Premier Degré, fondée en 1939), cette introduction du sport dans les écoles élémentaires permet au Racing Club de Lens d'établir une forme de partenariat original, dont les finalités ne se réduisent pas au seul apprentissage des techniques du football et de ses lois du jeu. Les "démonstrateurs", encadrés ici par Jules Bigot (1), sont des joueurs professionnels du Racing, comme Guillaume Bieganski (2). Les séances d'entraînement et les confrontations "inter-établissements" sont aussi pour les dirigeants du RCL l'occasion de détecter dès le plus jeune âge les futurs talents. Le concours du plus jeune footballeur (dont la première édition, à l'initiative de Gabriel Hanot, date de 1930) participe de cette logique, déjà perceptible dans les années trente, là où les dirigeants des clubs amateurs des cités minières accusaient déjà le Racing de procéder à une forme de "racolage sportif" de leurs joueurs les plus talentueux, y compris dans les équipes "jeunes". Le soutien apporté par la municipalité de Lens et son maire de l'époque, le Docteur Ernest Schaffner (élu en 1947), ne doit non plus rien au hasard. Il permet d'afficher le soutien de la cité lensoise au club (chaque enfant étant considéré comme un supporter "en devenir" du RCL), et de montrer l'intérêt d'une pratique sportive précoce, aux plans éducatif et physiologique.

1) Originaire de Bully-les-Mines où il fit ses débuts, sa carrière de joueur professionnel fut riche (4 finales de Coupe de France dont deux gagnées, un titre de champion de France avec Lille, 6 sélections en équipe de France). Il entame une carrière d'entraîneur en 1950. De 1959 à 1962, il est entraîneur de Lens avec qui il gagne la coupe Drago en 1960.

(2) Champion de France et vainqueur de deux Coupes de France avec le LOSC, il joue au RC Lens de 1959 à 1963.

Olivier Chovaux

Transcription

Journaliste
Une initiative pas comme les autres, l’école de football du Racing Club de Lens en plein horaire scolaire. Monsieur Percheron, inspecteur primaire, qu’est-ce que l’école de football ?
Percheron
C’est une réalisation Lensoise, une réalisation relativement simple mais qui repose sur le concours de nombreuses bonnes volontés. Vous avez vu comme moi, tous nos enfants qui aiment à jouer au ballon dans nos cités, ils y jouent le jeudi, ils y jouent après la classe. Ils encombrent parfois les rues, ils aiment le ballon. D’autre part, nous avons ici à Lens le Racing Club de Lens que l’on connaît. Et bien, il y a Monsieur [Michaux], le directeur délégué, qui voulait, il y a 5, 6 ans de cela, qu’on fasse quelque chose. Il y a aussi le Docteur Schaffner, le Maire de la Ville de Lens, qui a fait beaucoup, beaucoup pour l’éducation physique avec ces moniteurs, dans les écoles ; qui lui aussi, sollicitait, réclamait une réalisation où on mettrait tout en œuvre, c’est ce que nous avons fait. Nous l’avons fait aussi dans l’esprit de l’initiation sportive, en plein accord, en plein esprit avec les programmes de l’école primaire élémentaire. C’est pourquoi, nos grands garçons sont, dans les cadres des programmes scolaires officiels, initiés au football, comme au basket ball dans les écoles primaires de Lens. Tous deviendront vraisemblablement des supporteurs compétents, à défaut d’être des joueurs convaincus.
Journaliste
Les instructeurs, il n’a pas fallu chercher bien loin. Les pros du Racing Club de Lens ne demandaient qu’à divulguer leur savoir-faire. Ces images vous montrent les démonstrations d’une touche et la réception du ballon, avec Bieganski.
(Musique)
Journaliste
Et le parcours à droite sous la direction de Kominek. Monsieur [Hourdoulis], chargé de l’organisation générale, comment fonctionne cette école ?
(Musique)
Hourdoulis
Cette école fonctionne très facilement. Il nous fallait au départ réunir trois choses essentielles, évidemment d’abord les élèves, ensuite les terrains de football, et troisièmement, les entraîneurs ou les démonstrateurs comme on les appelle. La première des choses, les élèves, grâce à la sportivité de Monsieur l’inspecteur, cette question a été résolue très vite. Vous connaissez certainement toutes les installations sportives du groupe Lens Liévin, où presque dans chaque cité, nous avons des terrains de sport. Donc très simplement, la deuxième question a été résolue. La troisième question, qui paraissait la plus difficile, au fond, s’est avérée presque la plus facile puisque nous avons pu bénéficier, grâce à la gentillesse de Monsieur Bigot et à la sportivité des joueurs professionnels du Racing Club de Lens, de démonstrateurs tout prêts. Ces trois choses étant réunies, il ne manquait plus qu’un plan de travail. Ce plan de travail nous l’avons élaboré en partant évidemment, de toutes les techniques du jeune footballeur. Ce plan de travail a été scindé par leçon, et chaque semaine, le mercredi après-midi, sur les terrains de sport avec les démonstrateurs, les gosses apprennent à jouer au football, à conduire une balle. Ces leçons durent environ un trimestre, elles commencent fin septembre, elles se terminent fin mars ; et elles sont couronnées par ce qu’on appelle le concours du plus jeune footballeur, où l’on constate tous les progrès réalisés au cours de cette école de football. En plus de ce plan de travail, nous avons également évidemment, établi à l’intention de nos démonstrateurs, des conférences. Des conférences qui sont données aux gosses quand les terrains sont impraticables ou que les terrains sont trop mauvais. Ils se réunissent soit sur le préau ou dans un vestiaire et ils leur font des conférences sur les lois du jeu, sur les lois qui régissent tout bon footballeur. A la suite de ces écoles de football, nous avons ce que l’on appelle les confrontations inter-écoles. Evidemment, c’est toujours ce fameux esprit de compétition qui est un peu général, si vous voulez, et qui est surtout, bien ancré chez nos gosses. Et nous faisons disputer, à partir de avril, des petites confrontations inter-écoles qui désignent, si vous voulez, le champion du groupe. Voilà, Monsieur, comment fonctionne l’école de football.