Les anciens du Racing Club de Lens

01 mars 1964
03m 32s
Réf. 00040

Notice

Résumé :

Rencontre avec des anciennes gloires Racing Club de Lens. Vital Lerat, ancien dirigeant, explique les raisons de la reprise du club par les Houillères (HBNPC). A la fin de leur carrière footballistique, les joueurs trouvent un emploi aux HBNPC comme Stanis qui est électricien ou Georges Beaucourt chef du contentieux du groupe d'Aniche. Certains d'entre eux faisaient partie des grandes équipes de la période de guerre comme le hongrois Ladislas Siklo qui a commencé à jouer au RCL en 1934.

Type de média :
Date de diffusion :
01 mars 1964
Source :

Éclairage

Présenté par les dirigeants du Racing Club de Lens (RCL) comme le prolongement de l'œuvre sociale de la Compagnie des mines de Lens puis des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC), le contrôle du club par les Houillères constitue l'un des archétypes du paternalisme sportif. Les témoignages des anciennes gloires du Racing, arrivées au club lorsque ce dernier accède à l'élite professionnelle à la fin des années trente confirment le souci affiché des dirigeants du Racing de tisser des liens étroits entre footballeurs et monde de la mine. Siklo (Ladislas Smid, arrivé au club en 1934), Stefan Dembicki dit "Stanis" (redoutable attaquant auteur de 16 buts lors d'une rencontre de Coupe de France en 1943) ou encore Georges Beaucourt (transféré de l'Olympique Lillois à Lens en 1938 pour la somme record de 150 000 francs, soit près de 23 000 euros aujourd'hui) inscrivent leur nom au Panthéon des joueurs-vedettes du club, de la fin de l'entre-deux-guerres jusqu'aux années cinquante. Les bons résultats enregistrés par le RCL au cours de "années noires" (avec la mise en place en Zone interdite d'un "football de guerre") permettent au club de rejoindre à la Libération l'élite professionnelle et d'accumuler les performances sportives (champion de la Zone Nord en 1944, finaliste de la Coupe de France en 1948, Champion de 2ème Division en 1949). A l'image des "polonais du Racing", le RCL privilégie au cours de cette période un football offensif où l'engagement physique compense parfois le manque de technicité de certains joueurs. Ce style de jeu caractéristique, associé à la présence de joueurs d'origine polonaise, confortant l'identité minière du club. Identité d'autant plus forte que les joueurs du Racing, qu'ils soient ou non immigrés, se voient généralement offrir avant-guerre un emploi au sein de la Compagnie des mines de Lens, ainsi que des conditions matérielles privilégiées (logement, travail "au jour" compatible avec les contraintes des entraînements et des matches officiels, salaires majorés, etc.). Ces "mineurs-footballeurs" bénéficiant d'ailleurs, après leur carrière professionnelle, de facilités de reconversion, soit au sein du club (en devenant entraîneurs des équipes non-professionnelles), soit au sein de la compagnie, puis des HBNPC.

Dans les années 1950 -1960, grâce à sa politique de formation, le recrutement renforce l'identité minière du club avec les joueurs polonais Maryan Winiewski, Théo Szkludlaski, Stephan Ziemczak, Arnold Sowinski ou Georges Lech formé aux Carabiniers de Billy-Montigny.

Olivier Chovaux

Transcription

(Silence)
Vital Lerat
Les mines de Lens et les Houillères nationales ensuite ont saisi l’occasion pour créer ce club qui rentre dans le cadre de leurs œuvres sociales pour, premièrement satisfaire les nombreux publics qui aiment le football dans la région minière. Deuxièmement, pour former des footballeurs, faire faire du football aux gamins de la région minière. Troisièmement aussi, pour donner du travail à ces footballeurs professionnels qui ne font que du football. Et il y a Stanis qui est électricien...
Jean Crinon
Quel est votre record de buts, Stanis ?
Stefan Stanis
Alors le record de buts c’est le 16 contre Auby à Lens.
Jean Crinon
En 16ème ?
Stefan Stanis
En 16ème de finale.
Jean Crinon
Combien vous avez marqué ce jour là Stanis ?
Stefan Stanis
16 buts.
Jean Crinon
16 buts, soit la moitié du score ?
Stefan Stanis
Oui.
Jean Crinon
Et en championnat, combien avez-vous marqué au cours d’un match, le maximum.
Stefan Stanis
Au cours d’un match, c’était 5 buts par match, des fois.
Jean Crinon
Et au classement des buteurs, vous êtes arrivé à quel chiffre ?
Stefan Stanis
42, 43, 47 buts.
Jean Crinon
Et vous avez enlevé bien souvent donc le classement des buteurs ?
Stefan Stanis
Oui.
Jean Crinon
Quels sont vos meilleurs souvenirs de vos matchs ?
Stefan Stanis
Mes beaux souvenirs ? Surtout celui de Bordeaux, par exemple, quand on a gagné le quart de finale avec Monsieur Brossard, avec son chronomètre dans la main.
Jean Crinon
Et avec les [Aston], [Simonnier].
Stefan Stanis
Oui, [Aston], [Simonnier], tout ça, la grande équipe qui était quand même battu par le Racing Club de Lens.
Jean Crinon
Le public ne vous a pas demandé un tour d’honneur ce jour-là ?
Stefan Stanis
Oui, à la fin du match, oui. Et c’était d’ailleurs cette année-là que nous sommes allés en finale.
Jean Crinon
Contre Lille ?
Stefan Stanis
Contre Lille, il n’y a que là qu’on a perdu par 3 buts à 2.
Jean Crinon
Vous avez eu la compensation de monter en première division ?
Stefan Stanis
Oui, par la suite.
Jean Crinon
C’était la fin de votre carrière,
Stefan Stanis
Oui, avec 36 ans et puis deux cotes cassés.
Jean Crinon
Il y a Gouillard qui est conducteur de travaux, il y avait le malheureux Ourdouiller qui est mort maintenant, qui était chef de bureau ; et il y a surtout Georges Beaucourt qui, ayant continué ses études en travaillant et en jouant au football, est maintenant Docteur en droit, et Chef du service du contentieux, du groupe Danish. Georges Beaucourt, qu’évoquent vos 7 années passées au Racing Club de Lens ?
Georges Beaucourt
1938, c’est l’année de mon arrivée aux mines et au Racing Club de Lens. Ça sent la guerre, nous terminons 7ème du championnat. Ensuite, une année de guerre et une année de captivité, je retrouve le Racing Club de Lens en pleine forme et c’est avec une grande équipe que nous gagnons le championnat de la Zone Nord. Puis, ce sont les équipes fédérales, Lens-Artois termine 1er du championnat de France. C’est l’époque des alertes, des bombardements, des voies ferrées coupées ; enfin, un tas d’aventures qui est arrivé à cette équipe qui n’a duré qu’une année. 1944, la libération, encore une grande équipe de Lens mais cette fois-ci, c’est encore une fois une Zone Nord qui voit triompher le Racing, toujours en tête.
Jean Crinon
Ladislas Siklo, c’est une carrière complète que vous avez effectuée au Racing Club de Lens ?
Ladislas Siklo
Oui, je suis arrivé à Lens en 1934, j’avais 19 ans, j’arrivais de Budapest. J’ai commencé à jouer au Racing Club de Lens en 1934, nous avons monté en division nationale en 1937, nous avons redescendu en 1947 et nous avons remonté en 1948. Mes meilleurs souvenirs à Lens, c’était d’avoir été deux fois champion de France Seconde Division et avoir participé à la finale de la Coupe de France en 1948.