Rétrospective de la vie et de l'œuvre du Docteur Schaffner
Notice
A la suite de son décès, rétrospective à base d'archives de la vie et de l'œuvre du Docteur Schaffner, député-maire de Lens. Médecin, résistant, élu maire en 1947, il est est à l'origine des modernisations de la ville après la Libération et tout particulièrement celles de l'hôpital et de la maison de retraite. Il a consacré sa vie à la lutte contre la silicose. Fernand Varlet, adjoint au maire, fait l'éloge du docteur en rappelant qu'il a fait progresser la médecine au péril de sa santé.
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Éclairage
Si le décès du docteur Ernest Schaffner, député-maire de Lens, a jeté, comme le dit le commentaire, la consternation dans les corons et le pays minier. C'est que ce Strasbourgeois d'origine (1) a œuvré dès sa nomination dans le Pas-de-Calais en 1928 pour le dépistage, le traitement et la prévention de la silicose des mineurs.
La notion de "maladie professionnelle" assimilée à un "accident du travail" est reconnue en 1898, mais la loi de 1919 instituant le système de reconnaissance des pathologies liées au travail n'inscrit pas la silicose au tableau des maladies professionnelles (2). Le médecin du travail payé par l'employeur, minimise la gravité de l'infection, d'autant que la détection clinique de la silicose est difficile. Alors qu'elle est reconnue comme maladie dans plusieurs pays (3), en France, les compagnies minières freinent sa reconnaissance jusqu'en 1945. C'est dans ce contexte que le docteur Schaffner est nommé en 1928 médecin-chef des dispensaires d'hygiène sociale de la région de Lens. Il dirige alors les dispensaires antituberculeux du bassin minier du Pas-de-Calais (Lens, Hénin-Liétard, Avion, Carvin, Bully-les-Mines, Oignies, Vitry-en-Artois) et organise les services de pneumologie des sociétés de secours minières de Lens-Liévin. Alfred Maës, maire de Lens, le charge de suivre la construction de l'hôpital de Lens dont il est nommé médecin-chef en 1929. L'hôpital est inauguré le 23 octobre 1932.
Responsable du service de pneumo-phtisiologie, il se préoccupe particulièrement des méfaits de la silicose sur la santé des mineurs. Le diagnostic repose sur des radiographies thoraciques régulières. Il décrit et classe les différents cas. Le matériel médical utilisé à cette époque ne protège pas des conséquences nuisibles des manipulations radiologiques. Le docteur Schaffner est atteint dès 1934 d'une radiodermite grave qui entraîne 18 opérations chirurgicales et l'amputation de la main gauche en 1955. Malgré cela, il poursuit ses recherches et continue de soigner les mineurs silicosés. Il obtient dans ce combat une victoire avec la loi du 4 février 1946 reconnaissant la silicose comme maladie professionnelle.
En mai 1935, il est élu au conseil municipal de Lens sur la liste SFIO présentée par le député-maire Alfred Maës qui débute alors sa carrière politique.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans la Résistance et organise le service de santé de la Résistance dans le Pas-de-Calais. En décembre 1941, il est relevé de ses fonctions de médecin-chef de l'hôpital de Lens par les autorités de Vichy. Il retrouve ce poste à la Libération et fait alors partie du Comité de Libération pour l'administration provisoire de la municipalité, dirigé par Paul Sion. En 1945, Le Parti Communiste remporte les premières élections municipales de l'après-guerre avec Auguste Lecœur mais c‘est une liste d'union MRP-SFIO conduite par Ernest Schaffner qui l'emporte aux élections d'octobre 1947. Pendant près de vingt ans, jusqu'à son décès, il s'efforce de moderniser la cité lensoise avec en particulier l'agrandissement de l'hôpital et la construction d'une maison de retraite, avec la reconstruction de l'hôtel de ville, la rénovation d'écoles et la construction du collège Condorcet, l'aménagement de quartiers comme la Résidence Sellier et la Grande Résidence. Lors de ses funérailles, le 26 septembre 1966, une foule nombreuse et recueillie lui rend hommage, dont de nombreux représentants de la corporation minière. Le Centre Hospitalier de Lens porte son nom.
(1) http://www.archivespasdecalais.fr/Anniversaires/30-avril-1901-naissance-a-Strasbourg-du-docteur-Ernest-Schaffner
(2)Paul-André Rosental, De la silicose et des ambiguïtés de la notion de "maladie professionnelle", Revue d'histoire moderne et contemporaine 1/2009, 56-1, p. 83-98.
(3) Paul-André Rosental, Jean-Claude Devinck, Une maladie sociale avec des aspects médicaux : la difficile reconnaissance de la silicose comme maladie professionnelle dans la France du premier XXe siècle, Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1/2009, 56-1, p. 99-126.