Réhabilitation des corons de Bruay-en-Artois
Notice
Reportage sur une opération de remodelage de corons entreprise dans la cité des Aviateurs à Bruay-en-Artois. Un responsable des Houillères déclare que pour attirer les industriels, il faut "moderniser les logements des mineurs, et donner à la cité un aspect plus riant". Il dit vouloir supprimer les appendices (rajouts construits au fil des ans, jardins...).
Éclairage
Cet extrait évoque une opération de réhabilitation de la cité des Aviateurs sur la commune de Bruay-en-Artois. Il est divisé en deux parties : une première, exposant les causes de la réhabilitation de la cité, et une seconde, présentant les méthodes utilisées pour cette réhabilitation. Les interviews sont entrecoupées d'images de la cité ouvrière marquée par des friches résidentielles, du plan global de réaménagement et de maquettes de maisons à réhabiliter.
La cité 31, surnommée "cité de Aviateurs" car elle jouxtait un ancien terrain d'aviation, utilisé de 1913 à 1918, a été construite durant l'entre-deux-guerres, sur le modèle des cités pavillonnaires. Les maisons comportent donc un étage et sont séparées, même si les vides ont pu être comblés par des ajouts postérieurs, rapprochant ainsi la cité du modèle antérieur du coron et justifiant le titre du reportage. Les deux modèles de maisons présents dans la cité sont visibles ici. Des maisons à un étage, petites, alignées et jointives forment deux lignes centrales, tandis que, de chaque côté de ces deux lignes, sont alignées de grosses maisons à un étage et à quatre logements.
Les opérations proposées, bien que qualifiées par les interviewés de "rénovation", s'approchent beaucoup plus de la "réhabilitation". En effet, en urbanisme, "rénovation" signifie une destruction de l'ancien pour le remplacer par du neuf et "réhabilitation" implique la conservation de l'ancien et sa mise aux normes, ce qui se produit ici.
Le reportage insiste sur l'opération volontariste et pionnière que constitue cette réhabilitation. En effet, la cité des Aviateurs de Bruay est la première à être traitée, directement sous l'égide des Houillères du Bassin du Nord - Pas-de-Calais (HBNPC) et de sa filiale la SIA (Société Immobilière de l'Artois). Cette opération sera suivie par beaucoup d'autres, avec une intervention croissante des pouvoirs publics.
Les causes évoquées pour ces opérations s'inscrivent bien dans le contexte économique d'une époque où les territoires se livrent à une compétition féroce pour attirer de nouvelles activités. Si l'extraction du charbon décline déjà, la croissance économique est toujours forte et l'on prévoit l'accueil de nouvelles industries qui recherchent un cadre agréable susceptible d'attirer une main d'œuvre qualifiée. Or, le Bassin houiller, où les cités ouvrières anciennes et vétustes sont nombreuses aux côtés de friches minières de plus en plus présentes, n'offre pas ces aménités.
Concrètement, les travaux de réhabilitation concernent à la fois le quartier dans son ensemble et chaque maison :
- le quartier sera amélioré par l'éradication des divers appendices, qualifiés de "verrues" ou de "lèpre" (hangars, pigeonniers, volières, clapiers et même jardins) qui contribuent, par leur diversité anarchique, au manque d'attractivité de la cité. Cette question est d'ailleurs au cœur d'un mini-débat entre l'interviewé et le journaliste, car ces aménagements, personnalisant des logements uniformes et monotones, sont prisés par leurs habitants. Si le mot "uniformiser" est repoussé lors de l'interview, c'est bien d'une homogénéisation du quartier qu'il s'agit. Le discours évolue d'ailleurs au cours du reportage vers une représentation encore assez paternaliste d'un mineur qui doit s'ouvrir à la modernité en réduisant l'autoproduction et transformer son jardin potager en jardin d'agrément... ;
- l'éclaircissement des rangées de cités par la destruction de quelques maisons, permettant la constitution d'une sorte de coulée verte au cœur du quartier, est aussi assez classique de ce genre d'opérations ;
- la construction de garages, à une époque où les transports motorisés se démocratisent, prend place à l'arrière des maisons ;
- la fusion, pour les plus grosses maisons, de quatre logements en deux, avec l'intégration d'une salle de bains et des toilettes, auparavant installées dans l'appendice extérieur, s'inscrit dans la quête d'un confort meilleur.