Restructuration d'un coron à Auchel
Notice
Un premier essai de restructuration urbaine à partir d'un coron a été entrepris à Auchel. Fernand Degrugillier, son maire fait la description de sa ville sur des images des cités minières ainsi que des travaux de réhabilitation des corons. Il évoque la fin de l'activité minière et les tentatives de réindustrialisation. C'est suite à la décision du ministre de l'équipement d'entreprendre des opérations de réhabilitation dans le Bassin que la cité Rimbert a été choisie pour effectuer un test. La partie technique a été confiée à deux architectes dont Monsieur Evard qui présente le projet sur une maquette.
Éclairage
L'extrait concerne la cité Rimbert d'Auchel, construite par la Compagnie des mines de Marles entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles après le forçage en 1867 et 1889 des fosses n°4 et n°4 bis de Marles. Cette cité, de type coron, est assez isolée. Elle se situe à 1 km au nord du centre d'Auchel. De ce fait, elle dispose d'un équipement assez complet avec une église et deux écoles, une maternelle et une primaire. Cette cité est incluse dans le périmètre classé au Patrimoine mondial par l'Unesco en 2012.
La restructuration de la cité est effectuée au tournant des années 1960-1970, soit 20 ans après la fermeture des puits 4 et 4bis, fermetures qui avaient motivé la restructuration. Cette opération est liée à la vétusté de cette cité, particulièrement prononcée dans un secteur qui n'a pas été touché par les combats de la Première Guerre mondiale et qui n'a donc pas connu de reconstruction. Parallèlement, son bon équipement, évoqué ci-dessus, et l'absence de risque d'affaissement minier, la sauvent de la destruction.
Le reportage commence par des vues aériennes de la cité, où l'encombrement des jardins par les appendices habituels (toilettes, pigeonniers, poulaillers, cabanes à outils, etc.) est particulièrement visible. Il se poursuit ensuite par l'interview du maire d'Auchel, qui insiste sur les phases de transformation de sa commune : de village-rural en ville-mine, puis en ville à reconvertir. Les images placées sur l'interview sont particulièrement révélatrices de la transformation récente d'Auchel et insistent sur sa modernité. Elles montrent en effet des pavillons dans une zone boisée ; des collectifs en forme de blocs et barres classiques des années 1960 ; puis, des zones industrielles fraîchement construites, rassemblant des hangars fonctionnalistes caractéristiques de l'architecture industrielle depuis l'Après Seconde Guerre mondiale et contrastant avec un terril visible au loin, symbole de l'économie minière passée.
La seconde partie du reportage est directement consacrée à la restructuration de la cité. Le terme évoque non seulement la réhabilitation des logements, mais aussi le travail plus large sur l'organisation de la cité minière elle-même. Il s'agit en effet de la rendre plus attractive face à de nouveaux logements dont la construction est toujours plus coûteuse que la réhabilitation d'anciennes habitations. Ainsi, dans un contexte de plein emploi durant les Trente Glorieuses, les raisons de cette opération de restructuration sont essentiellement économiques et pragmatiques, absolument pas identitaires ou patrimoniales comme cela pourrait être le cas aujourd'hui.
Le travail concret est enfin présenté à partir d'un jeu très pédagogique de maquettes et les canons de la restructuration se retrouvent ici comme dans d'autres opérations du même type : les longues barres de corons sont éclaircies pour rompre un peu l'alignement, la monotonie et "la longue perspective des corons", les petits logements de mineurs sont agrandis et des pavillons jointifs sont construits à la place de quelques barres de corons entièrement détruites. Enfin, les espaces verts et les cheminements sont pris en compte, à une époque où le développement de l'automobile, évidemment absente à la naissance de la cité, complique la circulation. En effet les longues lignes droites longeant les corons incitent à la vitesse et il s'agit donc de les briser par la restructuration.