Décès de Léon Delfosse
Notice
Rétrospective à base d'archives suite au décès de Léon Delfosse, président d'honneur CGT et secrétaire général. Administrateur des Houillères en 1960, il a marqué l'histoire des mineurs. Évocation de ses réalisations sociales (dont le château de La Napoule, lieu de vacances des mineurs du Nord-Pas-de-Calais). Il a été le premier maire de Libercourt et membre du comité central du PCF.
Éclairage
Ce rappel du parcours de Léon Delfosse est diffusé deux jours après sa mort dans sa 76e année, le 20 mars 1986.
C'est d'abord son rôle crucial dans la construction des acquis sociaux des mineurs qui est souligné. Le document s'ouvre sur des images du château d'Agecroft, à La Napoule (Alpes-Maritimes). Acheté en 1947 à l'initiative de Delfosse pour le compte des Houillères du Nord-Pas-de-Calais, il devient le premier grand centre de vacances des "gueules noires". Sont évoquées ensuite les "maisons Delfosse", ces nouvelles cités minières avec leurs habitations modernes, plus confortables. Son implication, comme syndicaliste, dans la nationalisation des mines et l'obtention du Statut du mineur en 1946 est également rappelée, ainsi que ses fonctions au sein de l'entreprise publique. Après avoir été membre du Comité consultatif des Houillères Nationales en 1945, il est nommé en 1946 directeur général adjoint des Houillères du Nord-Pas-de-Calais et administrateur des Charbonnages de France, postes dont il est révoqué le 14 novembre 1947 pour avoir critiqué les orientations du gouvernement, en ce début de Guerre froide.
Son enracinement local, son attachement à Libercourt, ne sont pas oubliés. Il participe à la mobilisation pour l'autonomie de ce hameau qui faisait partie de la commune de Carvin tout en étant éloigné du siège de l'administration communale. En 1947, Libercourt devient une commune à part entière. C'est principalement dans la dernière partie de sa vie, une fois ses fonctions syndicales transmises, que Delfosse exerce des responsabilités dans sa ville. Premier adjoint de la municipalité d'union de la gauche de 1971 à 1983, il est alors élu maire et le reste jusqu'à son décès.
C'est surtout sur son militantisme syndical et politique qu'insiste la rétrospective. Il se syndique dès son entrée à la mine. D'abord adhérent de la CGT, il rejoint ensuite la CGTU, fondée après la scission syndicale de 1921 par des syndicalistes proches du PCF. Il accède rapidement à de multiples responsabilités : secrétaire adjoint de la section syndicale des mines d'Ostricourt, administrateur du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais, délégué mineur, ou encore secrétaire de la section syndicale unifiée de Libercourt. Il s'engage parallèlement dans l'action politique. D'abord membre des Jeunesses socialistes à Oignies, puis du PS-SFIO, il rejoint le PCF au début des années 1930.
Quand retentit le tocsin de la Seconde Guerre mondiale, il est fait prisonnier en mai 1940. Il réussit à s'évader, reprend son travail à la mine, milite clandestinement et participe à la grève des mineurs de mai-juin 1941. Recherché, il s'éloigne du Nord-Pas-de-Calais et se fait arrêter par la police de Saint-Étienne pour "activité communiste" (1). En mars-avril 1943, il est transféré à Béthune, puis à Douai où le tribunal le condamne à 6 ans de prison. Il s'évade en juillet du camp d'Eperlecques et rejoint la résistance. Responsable régional du Nord pour les mineurs au sein du Comité d'unité syndicale et d'action, il prépare la grève insurrectionnelle d'août 1944 et termine la guerre comme capitaine FFI.
C'est dans la France des Trente Glorieuses qu'il occupe ses plus hautes responsabilités au PCF et, surtout, à la CGT. Il est une figure de proue des grandes grèves de 1947, 1948 et 1963, d'abord en tant que secrétaire de la Fédération régionale des mineurs, puis comme secrétaire général de la Fédération du Sous-Sol à partir de 1960, fonction qu'il transmet à Achille Blondeau en 1968, pour occuper le poste honorifique de Président. Au PCF, il est élu en 1950 suppléant au Comité central, réélu en 1954 ; il en devient titulaire en 1957 et jusqu'en 1959.
En militant international du syndicalisme qu'il fut aussi, le soutien à la grève des mineurs britanniques de 1984-1985 marque son ultime engagement.
(1) Claude Pennetier, "Delfosse Léon", Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social. De 1940 à mai 1968, Paris, Éditions de l'Atelier, t. 4, 2008, p. 227-228.