Congrès international des mineurs
Notice
Le 25ème anniversaire de l'Union Internationale des syndicats de mineurs, a fait l'objet d'un congrès international organisé à la maison syndicale de Lens. Jan Les, Pologne, président de l'UISM, se dit opposé à la fermeture des mines et estime que plusieurs pays envisagent d'augmenter la production du charbon. Il évoque la contribution de l'UISM à un rapprochement des conditions de vie et de travail des mineurs du monde entier. Léon Delfosse, président de la Fédération CGT des mineurs, souligne le rôle de la France dans cette union internationale.
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Éclairage
En juin 1974 à Lens, la Maison syndicale des mineurs du Pas-de-Calais accueille la réunion du Comité administratif de l'Union internationale des syndicats de mineurs (UISM) qui fête son 25e anniversaire. Adhérente de la Fédération syndicale mondiale (FSM), elle rassemble les organisations des pays liés au bloc soviétique et celles qui, telle la Fédération CGT du sous-sol en France, se reconnaissent dans l'engagement communiste.
Le mouvement ouvrier des "gueules noires" s'est tôt intéressé à sa structuration par-delà les frontières. En mai 1890 se tient en Belgique un premier congrès international avec 80 délégués de cinq pays. Y participent, côté français, des figures militantes comme le mineur de la Loire Michel Rondet et les leaders du Pas-de-Calais, Emile Basly et Arthur Lamendin (1). Les mineurs sont ainsi parmi les premiers ouvriers à disposer d'un Secrétariat professionnel international (SPI).
Mis en sommeil par la guerre, le syndicalisme international du sous-sol resurgit ensuite, dans la division caractérisant désormais volontiers le mouvement ouvrier en Europe et en France, où coexistent entre 1922 et 1935 deux fédérations de mineurs, l'une à la CGT, l'autre à la CGTU proche du PCF. Issu de cette dernière, le Nordiste Henri Martel est d'ailleurs membre du Comité international des mineurs de l'Internationale syndicale rouge, fondée en 1921 à Moscou.
Au lendemain du second conflit mondial, la FSM naît à Paris, dans une démarche unitaire qui ne résiste pas à la situation internationale. La Guerre froide qui conduit à partir de 1947 à la bipolarisation Est-Ouest produit, dès l'année suivante, l'implosion de cette Fédération.
Les organisations qui s'identifient plutôt au bloc occidental se regroupent majoritairement en 1949 dans la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), qui dispose d'une Fédération internationale des mineurs. Face à elle, la FSM se dote de départements professionnels appelés à devenir des Unions Internationales des Syndicats (2). La Fédération CGT s'implique fortement dans l'UISM, dont Martel est le premier président. Après lui, la tradition perdure. Il n'est que de constater à l'image la présence d'Achille Blondeau, secrétaire général en exercice de la Fédération, et de son président Léon Delfosse qui rappelle qu'Attilio Francini, par ailleurs militant communiste et syndicaliste du Gard, est alors secrétaire général de l'UISM.
Son histoire évolue au gré des conjonctures politique et économique. Cet extrait du journal télévisé du 20 juin 1974 l'illustre bien, avec un premier orateur qui fait le tour de la situation internationale, en insistant sur le dialogue entre Etats, en lieu et place de la Guerre froide qui a dominé jusqu'en 1962 des relations Est-Ouest ponctuées de crises aigues. Au mitan des années 1970, la détente entre les Etats-Unis et l'URSS est en passe d'aboutir à la signature des accords d'Helsinki (1975) reconnaissant la situation politique et les frontières de l'Europe issues de la Seconde Guerre mondiale.
Si le monde bipolaire apparaît donc moins gros de dangers, il n'en va pas de même du panorama économique. Interrogé devant la statue érigée en hommage à Casimir Beugnet, le Polonais Jan Les ne manque pas d'exprimer l'opposition de l'organisation qu'il préside à la fermeture des mines, un sujet particulièrement sensible dans le contexte local du bassin du Nord-pas-de-Calais, touché de plein fouet par la récession planifiée depuis le plan Jeanneney de juin 1960.
Les difficultés rencontrées tant au plan national qu'international par l'industrie charbonnière et son syndicalisme vont donc croissant. En 1983, les électriciens viennent lui prêter main-forte pour former une Union internationale syndicale des mineurs et travailleurs de l'énergie (UISMTE) qui se substitue à l'UISM.
(1) Jean-Claude Poitou, Nous les mineurs, Paris, Messidor, 1989, p. 186-187.
(2) François Duteil, "Syndicalisme et international", Cahiers de l'Institut d'histoire sociale Mines-Energie, n° 27-28, avril-juillet 2010, p. 30-47.