Annonce d'un arrêt de travail par la CGT, suite à la catastrophe de Liévin
Notice
A la suite de la catastrophe minière de Liévin, Achille Blondeau, secrétaire général de la fédération CGT du sous-sol annonce un arrêt de travail en hommage aux victimes. Il souhaite la prise de mesures pour que les conditions d'hygiène et de sécurité soient respectées.
Éclairage
Le 27 décembre 1974 au petit matin, un coup de grisou à la fosse 3 bis, dite de Lens mais creusée à Liévin, tue 42 mineurs. L'émotion est vive face à cette nouvelle catastrophe, la dernière de l'histoire du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, mais aussi l'une des plus meurtrières, après celle de "Courrières" en 1906. Elle intervient de surcroît peu après l'éboulement à la fosse Agache de Denain qui a fait deux morts le 10 avril précédent.
Le 31 décembre, jour de la cérémonie officielle des funérailles des victimes à Liévin, à laquelle assiste le Premier ministre Jacques Chirac, les mineurs du Nord-Pas-de-Calais cessent la production à l'appel de l'ensemble de leurs syndicats. Dans d'autres bassins de France, les “gueules noires” s'associent au recueillement teinté de colère de leurs camarades.
C'est cette initiative qu'annonce Achille Blondeau dès le 28 décembre. Né le 9 juillet 1925 à Auby, il a été embauché à 14 ans comme galibot au puits Bernard, à la Compagnie des mines d'Aniche. Ancien résistant, militant communiste et protagoniste majeur de la grève de 1963, il est secrétaire général de la Fédération CGT du Sous-Sol depuis 1968, fonction qu'il exerce jusqu'en 1980. Il fait également partie de la direction nationale de sa confédération, puisqu'après avoir siégé à sa commission administrative de 1951 à 1969, il participe ensuite à sa commission exécutive jusqu'en 1977.
Outre l'annonce de la solidarité traditionnelle de la corporation minière avec les victimes et leurs familles, Achille Blondeau réclame, comme il est également de coutume après une telle catastrophe, la recherche de ses causes et une amélioration des conditions d'hygiène et de sécurité. C'est en effet sur ce point qu'insistent les organisations syndicales au lendemain du drame. La Fédération nationale du Sous-Sol et l'Union des syndicats CGT du Nord-Pas-de-Calais évoquent ainsi “la nécessité d'une vigilance permanente dans le domaine de l'hygiène et de la sécurité”, tandis qu'au même moment, la Fédération des mineurs CFDT souligne que “cette catastrophe rappelle tragiquement que le métier de mineur reste toujours dangereux et particulièrement difficile. Au-delà de cette constatation, elle doit aussi rappeler à tous ceux qui ont des responsabilités dans la gestion des entreprises minières, que rien ne doit être négligé dans le domaine de l'amélioration des conditions de sécurité et d'hygiène au fond. Nul ne doit ignorer que pendant trop longtemps, les impératifs techniques et économiques ainsi que la politique de liquidation des Houillères ont mis cette exigence au second plan". Le lien est donc clairement établi, au niveau syndical, entre le processus de fermeture des Houillères, qui n'investiraient plus autant que nécessaire pour protéger les travailleurs du fond, et l'événement.
Immédiatement après le drame, une instruction est ouverte. Les syndicats CGT, CFDT et FO se constituent partie civile. Achille Blondeau est d'ailleurs désigné par son organisation, avec son camarade Michel Halipré, pour suivre l'enquête. Ils se rendent sur les lieux quelques jours plus tard, en compagnie du juge Pascal. Le rapport des experts des mines, l'année suivante, pointe des négligences. Le 23 janvier 1981, le procès de la catastrophe se conclut par un verdict donnant en partie satisfaction aux plaignants, avec la condamnation de l'ingénieur Augustin Coquidé, dont les Houillères du Nord-Pas-de-Calais sont déclarées civilement responsables.