Éboulement à la fosse Agache de Fenain

11 avril 1975
03m 37s
Réf. 00150

Notice

Résumé :

Un éboulement à la fosse Agache à Fenain a enseveli deux mineurs. Les travaux de recherche sont difficiles. C'est l'attente aux grilles du carreau de mine, les mineurs essayent de comprendre les causes de l'accident.

Date de diffusion :
11 avril 1975
Source :

Éclairage

A la mine, les accidents sont nombreux, souvent graves, parfois mortels. Les catastrophes "majeures" sont heureusement rares : on pense en particulier à celles dite "de Courrières " en mars 1906 (1 099 morts) et de Liévin en décembre 1974 (42 victimes). Un relevé non exhaustif recense une trentaine d'accidents importants et catastrophes dans le seul bassin du Nord-Pas-de-Calais, ayant entraîné le décès de quelque 377 mineurs, en plus des 1 141 déjà cités. Mais toutes c'est sans compter les accidents moins meurtriers, qui sont pourtant beaucoup plus fréquentes, dus souvent à des chutes de pierre et qui ont fait des centaines de victimes "anonymes" au cours des 150 ans d'exploitation charbonnière.

C'est le cas à la fosse Agache en 1975. Située à Fenain (Nord) elle a été foncée en 1907 par la Compagnie des mines d'Anzin. Elle entre en exploitation à partir de 1913 avant de subir des dégradations importantes lors de la Première Guerre mondiale. La reconstruction permet la reprise de l'activité à partir de 1921, puis son essor, amplifié par la modernisation initiée dans les années 1950, au lendemain de la nationalisation et de l'intégration de la Compagnie au Groupe de Valenciennes. Au début des années 1970, on ravale le puits numéro 1 jusqu'à une profondeur de 780 mètres et l'exploitation de cet étage commence en 1972.

Les chiffres sont flatteurs : 600 mineurs extraient chaque jour 1 300 tonnes de charbon des entrailles de la terre. Mais il faut pour cela descendre à 640 mètres et la taille présente une pente de 40%, imposant des conditions de travail difficiles voire dangereuses. Un jour d'avril, deux mineurs pourtant "expérimentés" sont pris dans un éboulement : il s'agit d'hommes encore jeunes (28 et 42 ans), venus d'ailleurs (d'Italie et du Maroc) pour travailler dans les mines du Nord. Dès que la nouvelle se répand, un attroupement se forme devant les grilles de la fosse ; on discute, on argumente, on fait part de son expérience : pour la plupart des témoins, il s'agit là d'un phénomène imprévisible, relevant des "risques du métier", connus et acceptés ; pour d'autres, la sécurité n'est plus une priorité et les piles de soutènement, trop peu nombreuses. Après Liévin, les responsables syndicaux réclamaient que les mesures d'hygiène et de sécurité soient respectées, quelles que soient les fosses. En effet, le manque de moyens et de règles de sécurité sont régulièrement dénoncées pour les mines qui vont prochainement fermer.

Par delà les grilles, au fond de la mine, les équipes de sauvetage s'affairent et déblaient mètre après mètre la galerie envahie de charbon.

Si le reportage se termine sur une note d'espoir, la réalité est plus cruelle : les deux hommes sont retrouvés cinq jours plus tard, décédés. Il est d'ailleurs probable que cette tragédie a accéléré le processus de fermeture du site, initialement prévue pour 1978 ou 1980 et finalement avancée à la mi-1976. A la fin de cette même année, les puits sont remblayés et les chevalements, qui forment le traditionnel horizon des pays noirs, détruits en 1979.

Matthieu de Oliveira

Transcription

(Silence)