Explosion d'un terril à Calonne-Ricouart

26 août 1975
04m 30s
Réf. 00151

Notice

Résumé :

Une violente explosion d'un terril à eu lieu à Calonne-Ricouart, faisant cinq morts et quatre blessés dans les maisons proches ainsi que de nombreux dégâts matériels. Interview du capitaine des pompiers sur les circonstances de l'accident. Un des habitants présents sur les lieux affirme que cela fait la troisième fois que ça se produit. Pour Max Hecquet, directeur des Houillères , c'est la première fois que l'ont voit un phénomène d'une telle envergure.

Date de diffusion :
26 août 1975
Source :
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Éclairage

Un "Vésuve sur charbon" en Artois : c'est en quelque sorte ce qu'ont vécu les habitants des corons de la cité de la fosse 6 à Calonne-Ricouart (Pas-de-Calais, arrondissement de Béthune). Dans la nuit du 25 au 26 août 1975, une violente déflagration retentit, immédiatement suivie par le déferlement de plus de 11 000 m3 de blocs de schistes et de cendres incandescentes sur les maisons situées à proximité immédiate de l'imposant amas de débris issus de l'exploitation du charbon. Au petit matin, c'est un paysage de zone de guerre que les habitants - on pourrait dire les survivants – découvrent : sur 3 hectares, une couche de poussière de charbon encore chaude de 30 cm à 1 m d'épaisseur couvrent le quartier, un bulldozer du chantier d'exploitation voisin a été projeté à plus de 250 m du lieu où il était garé et des blocs de roche de plusieurs tonnes ont été projetés à proximité des habitations. Au-delà de l'impact et du souffle de l'explosion (l'un des sauveteurs parle de "blast injuries"), c'est le feu qui a fait le plus de dégâts et les victimes sont retrouvées carbonisées ou profondément brûlées.

Un terril est constitué des petits morceaux de charbon impropres à la commercialisation mais surtout de "stériles" ou déchets schisteux, associés aux résidus divers qui constituent les sous-produits de l'exploitation minière. Il est l'un des deux marqueurs fort, immédiatement reconnaissables de la mine, l'autre étant le chevalement : l'un ne va pas sans l'autre et les "gueules noires" vivent au quotidien à l'ombre des ces masses imposantes, à la fois familières et menaçantes. Les risques inhérents à la proximité d'un terril sont d'ailleurs connus et un triste précédent hante les mémoires : le 21 octobre 1966, à Aberfan (Pays de Galles), un terril s'affaisse et dévaste la localité, faisant 144 victimes dont 116 écoliers et leurs 5 instituteurs.

A Calonne-Ricouart, l'origine du sinistre est tout autre : depuis les débuts de l'exploitation de la fosse 6, on entasse les déchets mais le lavoir "inauguré" en 1922 filtre imparfaitement les particules de charbon qui s'entassent et favorisent la constitution de poches de gaz à l'intérieur même du terril. Naturellement inflammable au contact de l'oxygène ambiant, ce gaz peut provoquer une explosion en cas de fortes précipitations, comme en cette fin de mois d'août. Le phénomène est d'ailleurs connu, comme l'attestent deux témoins : l'un des habitants signale que c'est la troisième fois que la chose se produit sur le site et le représentant de la compagnie exploitante reconnaît qu'il y a bien "de temps en temps de petites explosions", et explique sur la sollicitation du journaliste le phénomène à l'œuvre (il parle entre autre de "gaz à l'eau" et reconnaît, dans un lapsus remarquable, que "les ... certains terrils brûlent", n'y voyant là qu'un fait naturel).

Restent les victimes : 5 morts (trois femmes et deux hommes) et 2 blessés, souvent âgés (de 42 à 76 ans) ce que confirme le reportage qui parle d'habitants en majorité retraités. Leurs patronymes (les couples Kopaczyk et Poganiatz, Jeczen, Goralski pour les premiers ; Gabrielczyk et Sekierzak pour les seconds) signalent assez qu'il s'agit là de populations d'origine polonaise et les images montrent quelques maghrébins, les uns et les autres formant deux générations successives de travailleurs immigrés venus travailler dans les mines du Nord-Pas-de-Calais.

Matthieu de Oliveira

Transcription

(Silence)