Révolution industrielle et mécanisation
Notice
Cet extrait des Portes de l'abondance, un film de l'Encyclopedia Britannica produit par les Services d'Information des États-Unis, énumère les progrès dus à la mécanisation et à la révolution industrielle depuis le milieu du XIXe siècle. Une nouvelle société en découle : la société de l'abondance (ou société de consommation). La mécanisation, rendant le travail humain moins pénible, permet aussi d'abaisser le temps de travail hebdomadaire, et les familles peuvent alors dégager du temps pour les loisirs.
Éclairage
Sous couvert d'un hymne au progrès, cet extrait diffusé en 1953 est une apologie de la "productivité". La productivité occupe une place très importante dans le Plan Marshall dans le cadre duquel ce film est diffusé. Le Plan Marshall comporte le financement des "missions de productivité" grâce auxquelles les différentes branches industrielles françaises et européennes ont pu observer sur place l'organisation et les méthodes de l'industrie américaine au début des années cinquante. Pour les États-Unis, il s'agissait d'exporter leurs compétences et leur modèle afin de conforter leur domination. Mais l'objectif est aussi de contribuer au relèvement économique de l'Europe afin qu'elle redevienne un partenaire commercial et qu'elle repousse le communisme.
Le commentaire du document annonce que la productivité est née en 1850. De fait, le concept est utilisé par Karl Marx et par l'École de Vienne (années 1870), mais il connaît une véritable renaissance après la Deuxième Guerre mondiale et son usage peut être considéré comme un marqueur de l'influence américaine sur les économies et les pensées économiques occidentales.
De Colin Clark au niveau théorique, on passe à l'administration américaine du Plan Marshall en Europe (Economic Cooperation Administration) qui fait la promotion de la "productivité". Les médiateurs du concept et de ses usages en France sont nombreux, d'Alfred Sauvy à Jean Monnet, mais il faut surtout citer Jean Fourastié et ses nombreuses publications d'après-guerre qui aboutissent à son ouvrage majeur de 1949 : Le Grand Espoir du XXe siècle. Progrès technique, progrès économique, progrès social.
L'aperçu de la croissance des moyens de production énergétiques montre surtout des images liées au pétrole (une très brève séquence sur un convoyeur de charbon). L'image du productivisme industriel qui nous est suggérée est assez éloignée des concepts du développement durable qui seront développés plus tard.
On peut y voir aussi un reflet daté de l'optimisme économique qui règne à l'époque des Trente Glorieuses à un moment (1953) où l'opinion commence à prendre conscience de la croissance de l'Europe.