Dans les mines du nord, la machine remplace le mineur

10 janvier 1956
01m 24s
Réf. 00344

Notice

Résumé :

Ce reportage, tourné à la fosse Gayant de Waziers, fait l'éloge des différents procédés de mécanisation dans les mines "du Nord". On aborde ainsi les différentes phases de l'extraction avec les rabots, convoyeurs, berlines, lavoirs , criblage... L'automatisme est poussé jusqu'à l'alimentation des chaudières.

Type de média :
Date de diffusion :
10 janvier 1956

Éclairage

Ce document daté de 1956 sous couvert de montrer l'automatisation (le commentateur parle "d'automaticité") des charbonnages à l'issue des modernisations de la Libération, est une utile initiation au vocabulaire technique de la mine. C'est l'occasion d'expliquer le vocabulaire employé.

Pour extraire le charbon, il faut réaliser le forage des puits, puis le traçage des galeries. Il faut ensuite abattre le charbon puis le transporter. Ce dernier est enfin lavé en surface et valorisé (triage, calibrage).

Le rabot d'extraction est mentionné. C'est un engin d'abattage avec des cuirasses et des pics, qui exerce une pression sur la veine de charbon grâce à un convoyeur blindé, lequel est poussé par des appareils hydrauliques. Il découpe le charbon en tranches minces. Le mineur qui conduit le rabot ou la haveuse est le haveur. Les rabots et haveuses neuves utilisés après la Deuxième Guerre mondiale sont souvent d'origine britannique. Ils remplacent les marteaux-piqueurs qui ont eux-mêmes remplacés les anciens pics.

Le transport du charbon est assuré par des convoyeurs (des tapis roulants) qui l'amènent à la recette du fond sous l'œil attentif du "dispatcheur". Le minerai transporté dans des berlines est ensuite remonté au jour grâce à un skip (benne en anglais) ou "coffre ascenseur".

Le charbon est enfin conduit au criblage puis au lavoir. Celui-ci permet de séparer par gravité les pierres du charbon. Enfin, dans l'exemple cité, le charbon est utilisé, grâce à une vis sans fin, directement pour le chauffage de l'établissement des Charbonnages de France.

Ce document est aussi intéressant pour la comparaison qu'il propose : la mine est devenue grâce à la modernisation comme une sorte d'usine en continu. Il est vrai que la modernisation qui suit la Deuxième Guerre mondiale a considérablement modifié certains postes de travail comme ceux des haveurs ou ceux des salariés du lavoir, des femmes, qui triaient auparavant à la main. Ces mutations du travail supposent un important effort de formation des mineurs.

L'ampleur des modernisations réalisées se traduit aussi par une décroissance des effectifs de mineurs et une progression remarquable du rendement (la quantité moyenne de charbon extraite par chaque mineur). Les mineurs étaient au nombre de 290 000 en France en 1950, dont environ 170 000 dans les Houillères du Bassin Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC) et ils sont environ 220 000 en 1960, dont environ 123 000 aux HBNPC. Simultanément, le rendement qui était en France de 1 203 kilos de charbon par homme en 1950 passe à 1 814 en 1960. Le rendement des HBNPC passe quant à lui de 1 089 à 1 562 kilos par homme.

Cependant la nature du gisement du bassin du Nord-Pas-de-Calais composé de veines étroites et profondes n'a pas permis contrairement à d'autres bassins aux couches régulières et épaisses comme en Lorraine, de généraliser la mécanisation de l'abattage. Ainsi l'exploitation est devenue de moins en moins rentable à partir des années 1970.

Philippe Mioche

Transcription

(Musique)
Journaliste
Heure nouvelle également dans la mine française où la généralisation de l’automatisme transforme les mineurs en mécaniciens. Nous avons vu dans les Houillères du Nord et du Pas-de-Calais le rabot arraché à la veine, le charbon que des convoyeurs blindés et des tapis roulants emportent pour le déverser dans des berlines qui le conduisent à la recette du fond ; véritable gare de triage dirigée par un seul homme, le dispatcher.
(Musique)
Journaliste
Au terme de sa route, chaque berline est automatiquement déchargée dans une grande benne dénommée skip.
(Musique)
Journaliste
Le skip, c’est le coffre-ascenseur qui remonte en surface 7 tonnes à chaque voyage.
(Musique)
Journaliste
Après criblage, le charbon est repris sur des tapis roulants. Sans une interruption, le traitement succède à l’extraction. Le charbon est entraîné vers le lavoir où, passant dans un liquide à forte densité, il flotte, tandis que les pierres coulent. Epuré, il est à nouveau criblé, calibré. Mais cette chaîne qui apparente la mine à l’usine la plus moderne ne s’arrête pas là puisque par l’intermédiaire d’une vis sans fin qui alimente la chaudière, les Houillères ont réalisé le chauffage automatique au charbon. De la mine au chauffage, une performance de ce qu’on appelle aujourd’hui l’automaticité.