Le plan Marshall : modernisation et productivité

1948
02m 01s
Réf. 00362

Notice

Résumé :

Rétrospective à base d'archives consacrées au Plan Marshall réalisé pour le magazine d'actualités "Vingt quatre heures sur la deux" en 1970. Le commentaire met en avant les efforts de modernisation de l'industrie française au lendemain de la guerre et l'efficacité du Plan Marshall pour atteindre cet objectif.

Date de diffusion :
08 juin 1970
Date d'événement :
1948
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Cet extrait provient d'un montage à base d'archives consacré au Plan Marshall, réalisé en 1970 par le journaliste libéral, Michel Drancourt. Les archives appartiennent à différentes périodes. Elles évoquent au plus tôt les "18 mois depuis le Plan Marshall", soit l'automne 1948, et montre la locomotive BB 9003, construite en 1952. Elles sont complémentaires du document produit par le Plan Marshall en 1955 sur les procédés modernes de mécanisation pour l'extraction du charbon.

Le gouvernement du Président Truman a présenté le Plan Marshall en juin 1947. Il s'agit d'accorder aux pays d'Europe occidentale des prêts et des dons afin de financer leurs reconstructions et leurs modernisations. Les motivations américaines sont d'origines diverses, mais la voix off du documentaire insiste particulièrement sur l'une d'entre elles : l'Europe compte se redresser grâce au Plan Marshall "pour éviter que l'Europe ne devienne communiste".

L'extrait d'un document des Actualités Françaises datant de 1952 (intitulé "Les Houillères françaises" -Produire, propagande pour les Houillères de France -), qui a comme slogan : "produire davantage, produire mieux", renvoie au discours communiste de 1946, mais nous sommes six ans plus tard, peu avant la mort de Joseph Staline, en pleine Guerre froide, et la guerre de Corée n'est pas achevée.

L'hommage aux charbonnages est un passage obligé. Le document précise que les Houillères ont obtenu des "résultats remarquables" avec une augmentation de 40% du rendement au fond depuis la Libération. Puis l'extrait s'arrête sur les 19 centrales électriques modernes qui ont permis d'économiser annuellement 1,2 million de tonnes de charbon, car le but de ce document n'est pas de rendre hommage aux efforts des mineurs.

En effet, son intérêt historique vaut aussi pour ce qu'il nous livre de son époque. Le discours de 1970 continue d'exploiter les thématiques de la Libération en récupérant les idéaux : "Les chemins de fer, qui ont gagné la bataille du rail, vont maintenant gagner la bataille de la modernisation". Il veut montrer que l'œuvre de la Résistance (La Bataille du rail , René Clément, 1946) se poursuit par la modernisation. Malgré l'hommage aux mineurs, les différentes branches industrielles françaises ne sont pas logées à la même enseigne et la sidérurgie n'est pas à son avantage. Le commentaire "les aciéries usées, vieillies sont enfin dotées d'un matériel moderne", s'accompagne de l'image d'un vieux train à fil.

Bien après la fin de la mise en œuvre du Plan Marshall (il s'interrompt en 1952 pour l'aide civile et se prolonge quelques années sous forme d'une aide militaire), certains médias entendent convaincre rétrospectivement les spectateurs de la légitimité républicaine, de la modernisation issue des projets de la Résistance et de l'efficacité du Plan Marshall. Ce plan est une facette du débat français entre pro et anti USA, un débat qui demeure très actif sept ans après les grèves des mineurs et surtout deux ans après les "événements" de Mai 1968.

Philippe Mioche

Transcription

Journaliste 1
Le plan Marshall n’est plus aujourd’hui un projet, c’est maintenant une réalité. A Washington, le Président Truman a signé la loi votée par le Congrès et qui assure aux Nations participantes d’Europe quelques 6 milliards de Dollars, soit 1800 milliards de Francs. Grâce à cette aide, dont l’idée fut lancée voici dix mois, l’Europe compte se redresser définitivement.
(Musique)
Journaliste 2
Pour éviter que l’Europe ne devienne communiste, les américains ont trouvé la vraie parade, les machines, le blé, la prospérité.
(Musique)
Journaliste 1
Produire davantage, produire mieux, tel est aujourd’hui l’impératif numéro 1 de l’industrie qui a mis à l’ordre du jour le terme de productivité, maître mot de l’économie moderne. C’est la productivité qui abaisse les prix de revient et permet d’augmenter les salaires. C’est la productivité qui, en cinq ans, a valu à l’industrie houillère d’obtenir des résultats remarquables. L’indice de la productivité dans les mines est fourni par le rendement au fond. Or, le rendement, en cinq ans, s’est accru de 40%. Une telle augmentation est due d’abord à la mise en œuvre d’un immense plan d’équipement qui a intensifié la mécanisation du travail et qui a fourni aux Houillères un matériel ultramoderne.
(Musique)
Journaliste 2
Les aciéries usées, vieillies, sont enfin dotées d’un matériel moderne.
(Musique)
Journaliste 1
Depuis 1946, 19 centrales nouvelles mises en service, soit 1 200 000 000 de kilowattheures de plus par an, permettant d’économiser annuellement 1 200 000 tonnes de charbon. Et ce précieux charbon dont l’importation épuise nos réserves de devises.
Journaliste 2
Les chemins de fer qui ont gagné la bataille du rail pendant la guerre vont maintenant gagner la grande bataille de la modernisation.
(Musique)