L'immigration et les mines du Nord-Pas-de-Calais depuis 1945
Introduction
Ce parcours est issu d'une proposition pédagogique pour le cours d'histoire de troisième. Il n'a pas la vocation à refléter la démarche qui aura été suivie dans le cadre d'un cours. Le scénario pédagogique est consultable sur le site d'histoire-géographie-éducation civique de l'académie de Lille à l'adresse suivante : http://histgeo.discipline.ac-lille.fr/events/projet-memoires-de-mines/utilisation-pedagogique-des-videos-en-histoire
Les documents ont été sélectionnés pour leur exploitation possible dans le cadre des programmes officiels de l'Education nationale.
Le choix des documents audiovisuels
Ce parcours se fonde sur six vidéos.
Vidéo 1 : un mineur italien à Waziers
La première vidéo sélectionnée dans le cadre de ce parcours s'intitule « un mineur italien à Waziers » (1976). Elle repose essentiellement sur le témoignage d'un immigré italien originaire de Calabre et mineur à Waziers. Celui-ci raconte son arrivée et son installation en France.
Vidéo 2 : l'intégration de la communauté marocaine à Avion
L'intégration de la communauté marocaine à Avion
Reportage à Avion où la mine est en déclin et le chômage est important. Cent familles marocaines y habitent et leur arrivée a perturbé la vie des cités minières. A la cité 4 on a recruté un professeur qui alphabétise les enfants. L'intégration est plus difficile chez les adultes. La cité 5 est un véritable ghetto, ce sont les Houillères qui ont procédé à ce regroupement. Le racisme n'existe pas puisqu'il n'y a aucun contact avec la population autochtone mais les problèmes ne font que commencer, ils s'aggraveront quand les jeunes chercheront dans quelques années du travail.
La deuxième vidéo sélectionnée s'intitule « l'intégration de la communauté marocaine à Avion » (1983). Il s'agit d'un reportage sur les difficultés d'intégration des familles marocaines qui habitent Avion, où la mine est en déclin et le chômage important.
Vidéo 3 : un mineur italien à Waziers
Grève des mineurs marocains dans les Houillères du Nord-Pas-de-Calais
Les mineurs marocains de Courrières sont en grève. Une lettre qui leur est adressée annonce la fermeture du siège de Courrières. Témoignage de l'un d'entre eux, Hamid Oukattou : il a choisi la reconversion et ne veut pas retourner au Maroc. Il affirme qu'il n'y a pas de limite à la grève, elle durera tant que la direction ne répond pas.
La troisième vidéo sélectionnée s'intitule « grève des mineurs marocains dans les Houillères du Nord-Pas-de-Calais » (1987). Elle donne la parole à Hamid Oukattou, jeune mineur marocain de Courrières, qui affirme sa volonté de reconversion et son refus de retourner au Maroc.
Vidéo 4 : un couple d'immigrés italiens dans le bassin minier
Un couple d'immigrés italiens dans le bassin minier
Un couple d'immigrés calabrais témoignent de leur vie dans le milieu de la mine en France. Lui est mineur. Ils ne veulent pas que leur fils devienne mineur ; elle explique (en italien) qu'il sera mécanicien ou électromécanicien. Elle, elle regrette son pays : "ici il fait froid, on se croirait toujours en hiver".
La troisième vidéo sélectionnée s'intitule « grève des mineurs marocains dans les Houillères du Nord-Pas-de-Calais » (1987). Elle donne la parole à Hamid Oukattou, jeune mineur marocain de Courrières, qui affirme sa volonté de reconversion et son refus de retourner au Maroc.
Vidéo 5 : le foyer de mineurs italiens à Aniche
Le foyer de mineurs italiens à Aniche
Sur le carreau de la mine de la fosse Barrois de Pecquencourt, Christiane Rabiega interroge en italien un groupe de mineurs originaires de la Calabre qui font partie des 3 700 mineurs d'origine italienne du Nord-Pas-de-Calais. On retrouve ces mineurs à l'intérieur de leur foyer à Aniche où ils s'adonnent en communauté à des loisirs : chants du pays et jeux de cartes. Une chorale interprète un chant en italien sur des images alpestres.
Cette vidéo, datée de 1963 et intitulée « le foyer de mineurs italien à Aniche », nous présente un groupe de mineurs originaires de la Calabre. Ceux-ci sont logés dans un foyer qui constitue un véritable lieu de sociabilité où ils s'adonnent à des loisirs.
Vidéo 6 : les mineurs marocains à Noyelles-sous-Lens
Les mineurs marocains à Noyelles-sous-Lens
Reportage à Noyelles-sous-Lens où 117 mineurs marocains sont logés par les Houillères dans de petites maisons basses à l'écart de la ville. Recrutés sur des contrats prévoyant 18 mois de travail, la plupart ont renouvelés leur contrat. Félix Mora qui a recruté 66 000 Marocains dans le sud Maroc, explique les conditions de ce recrutement : les visites médicales, l'arrivée en France à Lille-Lesquin, etc. Immigrés peu intégrés, les mineurs marocains sont un élément économique indispensable dans le cadre de la récession minière.
Cette vidéo, datée de 1979 et intitulée « les mineurs marocains à Noyelles-sous-Lens », évoque le recrutement, l'arrivée et l'intégration des mineurs marocains à Noyelles-sous-Lens.
Que nous apprennent ces documents ?
Qui sont les étrangers de la mine ?
Les vidéos mettent en valeur deux communautés étrangères, bien représentées dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais : les Italiens et les Marocains.
Avant 1945, la France est déjà un pays d'immigration et le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais accueille de nombreux Polonais dans les années 1920. Dès 1945, l'immigration est relancée.
Une seconde vague d'immigration italienne (la première vague a eu lieu après la Grande Guerre) touche le Nord-Pas-de-Calais entre 1945 et 1962, comme en témoignent les vidéos 1, 4 et 5. Ces immigrés italiens proviennent essentiellement du Sud de la Péninsule, et surtout de la Calabre.
Les Marocains, dernier courant d'immigration dans les Houillères, arrivent massivement à partir des années 1960, sans pouvoir avant longtemps bénéficier du statut du mineur créé en 1946 (vidéo 3).
Pourquoi sont-ils dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais ?
A partir de 1945, l'immigration est encouragée par les autorités françaises pour reconstruire le pays et soutenir l'activité économique. Dans les mines du Nord-Pas-de-Calais, on manque de bras et les Français cherchent de plus en plus à échapper au travail éprouvant et dangereux au fond de la mine (vidéos 3 et 4).
Dans les années 1950, le Nord-Pas-de-Calais recrute de nombreux Italiens du Sud prêts à quitter leur terre natale du fait du manque de travail et de salaires dérisoires.
Dans les années 1960, les travailleurs marocains arrivent nombreux, mais ils sont souvent recrutés pour une courte période (vidéo 6).
A partir de 1974, la France suspend officiellement l'immigration de travail : la montée du chômage, qui traduit la fin des Trente Glorieuses, ne rend plus indispensable l'arrivée massive de travailleurs étrangers. Cette hausse du chômage touche particulièrement la communauté marocaine fraîchement arrivée dans le bassin minier (vidéo 2).
Mais la politique du regroupement familial mise en place par le gouvernement à partir de 1976 explique l'arrivée des femmes et des enfants des mineurs marocains (vidéo 2).
Comment se passe l'intégration des mineurs étrangers et de leur famille ?
Les vidéos sur les immigrés italiens nous montrent que leur intégration n'a pas été ressentie comme satisfaisante par tous. L'arrivée en famille est certainement vécue comme un atout dans l'adaptation au nouveau milieu. L'école est aussi un élément majeur d'intégration des familles italiennes immigrées dans le Nord-Pas-de-Calais (vidéo 1). L'intégration des Italiens, surtout les hommes qui sont arrivés seuls, est aussi favorisée par les lieux de sociabilité qui se développent pour maintenir les traditions (vidéo 5).
Mais la nostalgie n'est jamais loin et des problèmes d'adaptation, liés à la météo et aux conditions de logement notamment persistent (vidéo 4).
L'intégration des mineurs marocains est plus difficile dans la mesure où ils ont été rassemblés par les Houillères dans de véritables ghettos, comme la cité 5 d'Avion (vidéo 2). Les Marocains, qui vivent dans des maisons construites spécialement pour eux, ont donc peu de contact avec la population locale (vidéo 6).
Regards d'aujourd'hui
Avec les fermetures des puits de mine qui se multiplient jusqu'en 1990, la reconversion des mineurs devient la priorité dans le bassin minier. Mais lors de cette reconversion, les droits accordés aux Marocains ne sont pas les même que ceux octroyés aux Français. Il faut attendre avril 2011 pour que la Cour d'appel de Douai reconnaisse officiellement cette discrimination et donne raison 24 ans plus tard au combat d'Hamid Oukattou (vidéo 3), devenu artiste au théâtre de La Gayolle à Lens.