François Mitterrand propose des nationalisations d'entreprises

16 mars 1981
02m 24s
Réf. 00031

Notice

Résumé :
Dans le cadre de la campagne présidentielle, François Mitterrand est interrogé sur les nationalisation et revendique son attachement à celles-ci. Il annonce le chiffre d'une dizaine d'entreprises. Il explique les motivations politiques de ce choix et l'inscrit dans la lignée des nationalisations réalisées en 1945 par le Général de Gaulle.
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Date de diffusion :
16 mars 1981
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Éclairage

Au cours de l'émission Cartes sur table, organisée dans le cadre de l'élection présidentielle de 1981, François Mitterrand est interrogé par Jean-Pierre Elkabbach sur son adhésion personnelle aux nationalisations. Issues de la première négociation du programme commun de gouvernement de la gauche entre le Parti socialiste et le Parti communiste en 1972, les nationalisations sont parfois perçues comme une concession politique du premier au second, condition du ralliement du PCF.

François Mitterrand revendique dans sa réponse son attachement aux nationalisations. Il tente d'inscrire cette politique dans une continuité historique avec le Front populaire (nationalisations du secteur de l'armement et des chemins de fer) mais aussi avec la politique menée à la Libération par le Général de Gaulle. Alors que la proposition de nationalisations bancaires du candidat Mitterrand fait débat, il rappelle implicitement que De Gaulle avait procédé à la nationalisation de la Banque de France et de quatre grandes banques de dépôts, dont le Crédit lyonnais.

Ce faisant, François Mitterrand se place à la fois comme un héritier du programme du Conseil national de la Résistance et réfute la dénonciation d'une politique idéologique économiquement dénuée de sens, orchestrée par la droite gaulliste et notamment par le RPR de Jacques Chirac.
Vincent Duchaussoy

Transcription

Jean-Pierre Elkabbach
On a entendu parler de, des nationalisations. Et je peux me demander, sans qu’on entre dans une grande discussion, si vous n’allez pas donner raison à ceux qui croient que, si vous vous êtes prononcé pour les nationalisations à un certain moment, c’est moins par conviction que parce qu’il fallait à un moment ou à un autre, faire des concessions de caractère politique à un allié.
François Mitterrand
Vous vous trompez, complètement. Je pense nécessaire la nationalisation d’un certain nombre d’entreprises, une dizaine, qui appartiennent à une famille, à une personne ou à un groupe, qui occupent un secteur-clé de l’économie, et qui soit, remplissent un rôle de monopole, soit, à tendance de monopole. L’avion de bombardement, l’industrie chimique, l’industrie pharmaceutique sont de ceux-là, on pourrait ajouter pour demain, tout ce qui participe à la création du nucléaire. Je pense que ces nationalisations sont indispensables, elles s’inscrivent dans une tradition récente. Cette tradition récente, c’est celle du Général de Gaulle en 1945, car, les nationalisations qui avaient précédé le Général de Gaulle, c’était celles de l’armement en 1936, et celles des chemins de fer en 1937. Et c’est en 1945, que le Général de Gaulle, Monsieur Chirac ferait bien de s’en souvenir davantage, a réalisé le grand train des nationalisations qui ont permis quand même, d’assurer une certaine prospérité aux années qui ont suivi. Ça a été les charbonnages et vous savez dans quelles conditions, ça a été surtout, permettez-moi de vous le dire, les banques. Et ça a été les assurances, indépendamment de la liste longue que je pourrais citer, je ne le ferais pas par économie de temps. Or, si aujourd’hui, il y a des investissements en France, qui permettent de créer des profits, et non pas le contraire, c’est parce que ces investissements sont réalisés par les sociétés nationales. Alors que l’investissement privé est pratiquement à sec. Ce sont des sociétés nationales, nationalisées, qui à l’heure actuelle, entraînent toute l’économie française, aussi bien sur le plan de l’automobile, que sur le plan de l’électricité, que sur le plan de l’aviation. Alors non, mais vous disiez, je voudrais…mais parce qu’elles remplissent un service public ! Elles remplissent un service public. Quand on parle de la SNCF ou de l’EDF, elles se substituent aux charges de l’État. Il faut bien que les Français aient de l’électricité et qu’ils puissent monter en chemin de fer.