10 mai 1981 : le film de la nuit
11 mai 1981
07m 03s
Réf. 00144
Notice
Résumé :
Alors que la gauche n’a jamais été au pouvoir depuis la fondation de la Ve République en 1958, François Mitterrand est élu président de la République le 10 mai 1981. Après l’annonce de sa victoire à vingt heures, de nombreuses manifestations de liesse populaire, à Paris ou en province, ont lieu et se prolongent tout au long de la nuit.
Type de média :
Date de diffusion :
11 mai 1981
Personnalité(s) :
Éclairage
Le 10 mai 1981, pour sa troisième candidature, François Mitterrand est élu (51,8 %) président de la République face au sortant Valéry Giscard d’Estaing. Avec lui, quelles que soient les relations entre PS et PCF, l’ensemble de la gauche triomphe. L’événement est historique.
En effet, si nombre de ses dirigeants – à commencer par François Mitterrand, onze fois ministre – ont occupé des responsabilités gouvernementales durant la IVe République (1946-1958), jamais la gauche n’avait plus remporté de claire victoire nationale depuis celle du Front populaire en mai 1936. Surtout, depuis la fondation de la Ve République en 1958, elle a accumulé les déceptions, parfois cruelles.
D’abord très affaiblie face au nouveau pouvoir gaulliste, elle a progressivement reconquis le terrain perdu et semblait devoir bientôt l’emporter quand la crainte du désordre, consécutive au mouvement de mai 1968, a momentanément renforcé ses adversaires. Ensuite, le 19 mai 1974, François Mitterrand échouait de peu (49,2 %) contre Valéry Giscard d’Estaing. Pour être frustrante, cette défaite était néanmoins prometteuse mais la victoire annoncée lors des législatives de mars 1978 se dérobait après la rupture de l’union de la gauche six mois plus tôt.
Aussi, dans un pays très politisé, il y a, chez les vainqueurs, un certain goût de revanche et, plus encore, une soif de fête. C’est ce que saisit ce reportage. Non en opposant, classiquement, l’explosion de joie au siège du PS au silence, suivi de dérisoires cris de révolte, qui règne chez les giscardiens mais en donnant à voir les rassemblements, qui, bravant les intempéries, ponctuent cette soirée du 10 mai. Si le plus important et le plus symbolique d’entre eux se déroule place de la Bastille à Paris, ils ont lieu partout en France et leur spontanéité se mesure en partie aux musiques diffusées – rock, funk ou reggae – toujours ou presque anglo-saxonnes. Ils forcent aussi une double identification : d’une part, entre gauche et élan collectif, François Mitterrand, depuis Château-Chinon, n’apparaissant que de manière presque subliminale ; d’autre part, entre gauche et jeunesse qui a certes voté à plus de 60 % pour le nouveau président.
Bien sûr, cet état de grâce va se révéler éphémère mais dure suffisamment pour permettre une large victoire socialiste lors des législatives anticipées de juin. La gauche peut alors véritablement gouverner.
En effet, si nombre de ses dirigeants – à commencer par François Mitterrand, onze fois ministre – ont occupé des responsabilités gouvernementales durant la IVe République (1946-1958), jamais la gauche n’avait plus remporté de claire victoire nationale depuis celle du Front populaire en mai 1936. Surtout, depuis la fondation de la Ve République en 1958, elle a accumulé les déceptions, parfois cruelles.
D’abord très affaiblie face au nouveau pouvoir gaulliste, elle a progressivement reconquis le terrain perdu et semblait devoir bientôt l’emporter quand la crainte du désordre, consécutive au mouvement de mai 1968, a momentanément renforcé ses adversaires. Ensuite, le 19 mai 1974, François Mitterrand échouait de peu (49,2 %) contre Valéry Giscard d’Estaing. Pour être frustrante, cette défaite était néanmoins prometteuse mais la victoire annoncée lors des législatives de mars 1978 se dérobait après la rupture de l’union de la gauche six mois plus tôt.
Aussi, dans un pays très politisé, il y a, chez les vainqueurs, un certain goût de revanche et, plus encore, une soif de fête. C’est ce que saisit ce reportage. Non en opposant, classiquement, l’explosion de joie au siège du PS au silence, suivi de dérisoires cris de révolte, qui règne chez les giscardiens mais en donnant à voir les rassemblements, qui, bravant les intempéries, ponctuent cette soirée du 10 mai. Si le plus important et le plus symbolique d’entre eux se déroule place de la Bastille à Paris, ils ont lieu partout en France et leur spontanéité se mesure en partie aux musiques diffusées – rock, funk ou reggae – toujours ou presque anglo-saxonnes. Ils forcent aussi une double identification : d’une part, entre gauche et élan collectif, François Mitterrand, depuis Château-Chinon, n’apparaissant que de manière presque subliminale ; d’autre part, entre gauche et jeunesse qui a certes voté à plus de 60 % pour le nouveau président.
Bien sûr, cet état de grâce va se révéler éphémère mais dure suffisamment pour permettre une large victoire socialiste lors des législatives anticipées de juin. La gauche peut alors véritablement gouverner.
Antoine Rensonnet
Transcription
(Bruit)
Patrick Poivre d'Arvor
Mesdames, Messieurs bonsoir, un journal exceptionnel pour un événement exceptionnel. Pendant plus d’une heure, en effet, nous allons essayer de comprendre pourquoi les Français ont élu un Président de Gauche, comment ils l’ont fait et surtout ce qu’ils en attendent. Pour l’histoire, sans doute, le symbole de cette victoire de François Mitterrand, le symbole de ce 10 mai restera cette image de la place de la Bastille, à côté de moi, de ce grand rassemblement populaire que l’on a d’ailleurs retrouvé à une moindre échelle dans d’autres villes de province. Il y aura d’ailleurs dans ce journal beaucoup d’images, beaucoup plus que de déclarations politiques, de réactions en tout genre qui paraissent forcément en retrait en regard de l’événement. L’événement, c’est donc, je vous le répète, une nette victoire de François Mitterrand, voici les derniers chiffres officiels et définitifs : 51,75% pour François Mitterrand, soit trois points de plus exactement que Valéry Giscard d'Estaing. Cela donne, vous le voyez en chiffres, plus de 15 700 000 pour l’un et près de 14 650 000 pour l’autre. Un événement que vous allez donc pouvoir vivre minute par minute depuis le début, c’était donc il y a tout juste 24 heures.(Bruit)
Bernard Marchetti
Rue de Solferino, au PC de campagne de François Mitterrand, dès 18 heures 30 on savait qu’il avait gagné, à 20 heures, c’est la certitude.(Bruit)
Bernard Marchetti
Ils attendaient ça depuis 23 ans.(Bruit)
Coluche
Vous êtes de la télévision ? Il y a longtemps que je ne vous ai pas vu, c’est bien !(Bruit)
Bernard Marchetti
Rue de Marignan, chez les giscardiens, le silence de la défaite maintenant confirmée.(Bruit)
Journaliste
Ravissantes créatures, qui font office d’hôtesses, affichent toutes les marques d’un désespoir poli, affichent toutes les marques d’un désespoir poli…(Bruit)
Bernard Marchetti
Et chez les jeunes, après l’abattement, un sursaut de colère, la révolte contre le mauvais sort.(Bruit)
Intervenant
Je vous demande….Inconnu 2
Écoutez, écoutez, c’est très important !Intervenant
Je vous demande ce soir, aucune manifestation publique, ça n’est pas la peine et cela ferait simplement plaisir à nos adversaires !(Bruit)
Bernard Marchetti
Place de la Bastille, la fête populaire. Ils seront 200 000 au pied du Génie de la Liberté, et cette fois, ce n’est plus pour revendiquer mais pour se réjouir.(Bruit)
Bernard Marchetti
Et avec la musique de leurs 20 ans, les soixante-huitards ont retrouvé leur jeunesse.(Musique)
(Bruit)
Bernard Marchetti
1 heure du matin, l’orage gronde sur Paris, la fête sera écourtée par la pluie.(Bruit)
Bernard Marchetti
Château-Chinon, premier face-à-face du nouveau Président avec les Français.(Bruit)
Bernard Marchetti
La foule est si dense que Danielle Mitterrand mettra un quart d’heure à rejoindre son mari pour le salut aux amis fidèles.(Bruit)
Bernard Marchetti
La fête aussi en province. Un peu partout, les jeunes se rencontrent et se réunissent spontanément, comme ici à Strasbourg. Strasbourg, un exemple d’autant plus significatif que Mitterrand n’y a pas obtenu la majorité.(Bruit)
Bernard Marchetti
Une fête qui a duré jusqu’au petit matin, en Alsace aussi, l’histoire accueillait Mitterrand sur un air de reggae.(Bruit)
(Musique)