Les industries du ski en Isère
Notice
En Isère, trois entreprises (Dynamic, le Trappeur et Rossignol) se consacrent à la fabrication des skis et des chaussures de ski. Les industriels du ski expliquent combien les Jeux Olympiques d'hiver de 1968 ont contribué au succès de leur entreprise notamment grâce à l'évolution des modèles. L'événement a fait connaître le ski français à travers le monde entier. Aujourd'hui, la moitié de leur production est destinée à l'exportation, majoritairement aux États-Unis.
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Éclairage
A l'occasion du salon international des sports d'hiver de Grenoble – le premier date de 1957 –, le journaliste Paul Laporte revient sur les succès de l'industrie française du ski et plus spécifiquement sur l'industrie iséroise. L'Isère est un des berceaux des sports d'hiver. Elle concentre, avec la Savoie et la Haute-Savoie, l'essentiel des fabricants du secteur. C'est l'occasion surtout pour Paul Laporte, qui a « suivi plusieurs fois l'équipe de France dans le monde », de mesurer l'impact des Jeux Olympiques de Grenoble de 1968. Les critiques environnementales, économiques et politiques qui émergent de façon croissante à l'issue de la saison 1970-1971 en France ne sont même pas rappelées . Une large partie du reportage interroge ainsi trois fabricants isérois – « supports importants de l'équipe de France de ski » –, Dynamic, le Trappeur et Rossignol (qui, à l'exception du PDG de Rossignol, Laurent Boix-Vives, ne sont pas nommés). Le reporter met d'abord délibérément l'accent sur l'étroite et salutaire coopération entre compétiteurs de ski et fabricants, les obligeant à « aller à 120 à l'heure ». Cette insistance ne surprend pas. Dès 1959, « un pool des fournisseurs de l'équipe de France de ski » propose équipements et subventions à la Fédération Française de Ski pour pouvoir en retour bénéficier de l'exploitation des victoires françaises. Les liens des deux protagonistes se resserrent encore à l'occasion des Jeux Olympiques de Grenoble que le Premier Ministre, Georges Pompidou, présente d'ailleurs « comme le moyen de développer notre équipement et de donner à nos stations une publicité sans précédent ». La compétition semble encore être considérée en 1971 comme la clef de la réussite économique du secteur. Elle serait à l'origine de l'innovation technique car « compétition et progrès technique » sont intimement liés, comme l'illustre la longue démonstration du représentant de la firme Trappeur sur l'évolution technique de ses chaussures de ski, d'Emile Allais en 1936 aux chaussures encore en cuir de Jean-Claude Killy en 1968, puis au modèle d'avant-garde en plastique prévu pour les Jeux Olympiques de Sapporo. Elle serait aussi un formidable instrument de marketing – élément sur lequel le reportage insiste à plusieurs reprises et qui illustre les importants progrès de cette discipline encore récente. Les « Jeux Olympiques de Grenoble et les grandes victoires de l'équipe de France » auraient contribué à faire « connaître le ski dans le monde entier ». Fort heureusement, les entreprises françaises ont su « s'adapter ». Les multiples plans sur la fabrication en partie automatisée des skis ou des chaussures et la pluie de chiffres dont nous abreuve Laurent Boix-Vives viennent nous convaincre des efforts en matière d'investissements et de productivité de l'industrie iséroise du ski. Ces efforts sont récompensés par le gain de marchés d'exportation. C'est en effet la clientèle étrangère qui est valorisée dans ce reportage. Les touristes français sont à peine mentionnés et lorsqu'ils le sont, c'est pour en montrer le caractère dérisoire face à leurs homologues américains : le marché américain nouvellement conquis par Rossignol serait ainsi, selon Laurent Boix-Vives, un « marché de 300 000 paires, 300 000 paires représentant en gros, j'ouvre une parenthèse, la consommation française annuelle, elle, est de 350 000 ». L'eldorado américain n'est pas nouveau. Fournisseurs de devises qui doivent équilibrer la balance des paiements français, les skieurs étrangers sont recherchés dans la décennie soixante. Pourtant, jusqu'au début des années 1970, en dépit des Jeux d'hiver, la clientèle étrangère sur les pistes françaises se stabilise autour de 10% . Il est frappant de constater que les études de marché ne préconisent pas d'élargir l'éventail des skieurs français, que pouvoirs publics comme fabricants de ski considèrent plus volontiers comme des consommateurs urbains et fortunés. Cette clientèle semble également limitée à la pratique du ski de descente – seul marché du ski présenté dans le reportage. Il faut dire que le journaliste n'autorise guère le représentant de Dynamic à évoquer le « skieur moyen ». La compétition est en effet depuis les années 1930 l'un des principaux moteurs du développement du tourisme hivernal.
Pour aller plus loin :
- Arnaud Pierre, Terret Thierry (1993) Le rêve blanc, olympisme et sport d'hiver en France. Bordeaux : Presses Universitaires de Bordeaux.
- Bourdeaux Philippe (2007) Les sports d'hiver en mutation : crise ou révolution géoculturelle ?. Paris : Hermès Science.
- Terret Thierry (1996) Histoire des sports. Paris : l'Harmattan.