Fermeture des Nouvelles Galeries des Sables-d'Olonne

21 octobre 1982
03m 41s
Réf. 00508

Notice

Résumé :
Ouvertes en 1906, les Nouvelles Galeries des Sables-d'Olonne vont fermer et licencier 30 salariés. Cette situation est la conséquence de difficultés financières provoquées par la concurrence des grandes surfaces, face auxquelles bon nombre de commerces du centre-ville ne peuvent rivaliser. Le principal problème réside dans le stationnement, les clients allant au plus simple.
Date de diffusion :
21 octobre 1982
Source :

Éclairage

Ouvertes en 1906, les Nouvelles Galeries des Sables-d'Olonne ferment en 1982. Dans ce sujet diffusé en octobre, le licenciement de 36 salariés est annoncé pour la fin de l’année. C’est la conséquence de difficultés financières provoquées par la concurrence de grandes surfaces installées il y a moins d’un an, aux portes de la ville, sur la commune du Château-d’Olonne. Pour quelques Sablais interviewés, cette fermeture d’un grand magasin traditionnel sonne la fin d’une animation et d’un service de proximité mais l’analyse principale réside dans la question du stationnement, les clients allant au plus simple, et les supermarchés offrant des possibilités de parking à proximité des rayons.
Une partie du problème n’est pas spécifique aux Sables-d’Olonne, car la France entière connaît dans les années 1980 une forte croissance des grandes surfaces implantées en périphérie des centre-ville. Pour une enseigne telle que Leclerc, on compte par exemple 50 magasins en 1968, 137 en 1969, 264 en 1979. En réaction à ce développement rapide, les gouvernements ont bien tenté de légiférer afin de limiter les ouvertures de grandes surfaces. Dès 1973, c’est la loi Royer avec création des commissions départementales sous l’égide d’une commission nationale d’urbanisme commercial présidée par le Ministre du commerce. Cependant, rien ne parviendra à inverser la tendance qui est globale dans les pays développés.
Aux Sables-d’Olonne, les restructurations sont d’autant plus douloureuses que le contexte balnéaire ajoute à ces évolutions de l’offre de biens marchands, deux paramètres liés à l’évolution de la demande. En effet, travaillée en profondeur par la flambée des prix de l’immobilier, la population sablaise diminue (-10% dans les années 1980) et son vieillissement s’accentue, conséquence de l’exode des actifs et de l’irruption de propriétaires aisés mais âgés. D’un autre côté, la mutation des goûts et des habitudes de consommation des estivants, dont beaucoup de citadins rompus aux courses au supermarché, accentue la désaffection pour le commerce de centre-ville. La fermeture des Nouvelles Galeries en 1982 aux Sables-d’Olonne peut ainsi être présentée comme un bon révélateur des évolutions des modes de consommation des Français, au seuil des années 1980.
Thierry Sauzeau

Transcription

(Bruit)
Journaliste
C’est donc la fin de ce que l’on appelait un grand magasin. À la fin de l’année, les Nouvelles Galeries des Sables-d’Olonne vont fermer définitivement leurs portes, entraînant le licenciement de 36 employés. Les Nouvelles Galeries connaissaient ces dernières années de grosses difficultés financières, et avant que ne se termine l’exercice 82, les responsables du magasin pouvaient prévoir un large déficit. Pour la direction des Nouvelles Galeries, il est évident qu’elle ne pouvait plus faire face. Le commerce local tel qu’elles le pratiquaient est dépassé, concurrencé par les grandes surfaces, et l’installation de l’hypermarché aux portes des Sables-d’Olonne il y a un an a porté le coup de grâce à cette institution qui avait été créée en 1906.
Intervenant 1
Les Sablais étaient tellement habitués à se rendre dans ce magasin, bien souvent avec les enfants, c’était un but de, qui était d’accorder aux enfants, surtout au moment des jouets pendant le mois de décembre. C’était également une attraction du centre-ville, parce qu’on allait aux Galeries d’une façon très facile et là, certainement que nous allons avoir un manque d’élément moteur du centre-ville.
Journaliste
L’accusé, le voici, l’hypermarché Rallye. Il a ouvert ses portes sur la commune du Château-d’Olonne au mois de novembre dernier. Il offre aux consommateurs tout ce que celui-ci est en droit d’attendre d’un hypermarché, possède une galerie marchande et ouvre aux automobilistes un vaste parking de plusieurs centaines de places. Une concurrence qu’a mal digéré le commerce du centre-ville.
(Bruit)
Journaliste
À votre avis, quels sont les secteurs les plus touchés, le vôtre, votre secteur, celui de la confection, il est touché de manière importante ?
Intervenant 2
Pas vraiment, maintenant, tous les secteurs sont touchés différemment ; ce qu’on regrette surtout, c’est le secteur alimentaire qui est très touché dans le centre-ville, et ce qui fait que tout le commerce perd un peu ce passage journalier qui est apporté par l’alimentation.
Journaliste
Alors, à votre avis, quels sont les handicaps que subissent les commerçants du centre-ville vis-à-vis de l’hypermarché ?
Intervenant 2
Vis-à-vis de l’hypermarché, ben, c’est-à-dire, c’est énorme, parce que c'est un apport de la population extérieure alors qui vient un petit peu, un petit peu gêner, si vous voulez, la concentration de population que le centre-ville fait par une vitrine très variée dans tous les domaines et dans tous les articles.
Journaliste
Pourtant, les Sables, ce n’est pas une ville comme les autres. L’été est une période faste, mais les vacanciers, eux aussi, se précipitent vers l’hypermarché. L’idée reçue que la période estivale pouvait faire vivre toute l’année une station balnéaire n’est plus valable aujourd’hui. Une clientèle potentielle de 35 à 40000 personnes dans l’agglomération sablaise, malgré la vitrine qu’offrent les rues piétonnes, les 90 commerçants du centre-ville ont du mal à suivre le rythme de l’hypermarché.
Intervenant 3
Je pense qu’il faudrait d’abord s’unir davantage, être motivés encore davantage, puis d’un autre côté, disons, mettre aussi un peu la municipalité dans le coup. Parce qu’on demande à cor et à cri les parkings, et ça, je pense qu’il faut bien le dire, les parkings sont la première des choses pour, disons, revitaliser notre centre-ville.
Journaliste
Eternel problème de l’accessibilité du centre-ville, le client va au plus simple, mais le centre, à travers le commerce, l’animation des petites villes doit-il mourir, la fermeture des Nouvelles Galeries des Sables pose la question.
(Bruit)