Le Stade Rennais contre l'Olympique de Marseille

02 juin 1970
07m 07s
Réf. 00047

Notice

Résumé :

Le Stade Rennais reçoit l'OM pour le match de demi finale de la Coupe de France. Les spectateurs survoltés assistent à un match captivant qui donne Rennes vainqueur 3 à 1, après l'épreuve des tirs au but.

Date de diffusion :
02 juin 1971
Date d'événement :
02 juin 1970
Source :

Éclairage

Dans les années 1960-1970, le club de football de Rennes brille par ses bonnes performances en Coupe de France et ses participations à la Coupe d'Europe. Le Parc des Sports de la route de Lorient est réaménagé, disposant de 13 000 places, dont 7 000 assises. Plus tard, face à la tribune Vilaine, une autre tribune de 10 000 places est même construite. Au seuil des années 1960, la capacité du Parc est d'environ 20 000 personnes.

Sous la houlette du président Girard, le club se dote d'infrastructures de haut niveau et souhaite maintenant conquérir des titres. C'est chose faite en 1965 : le Stade Rennais remporte une première fois la Coupe de France en battant en finale Sedan, à l'issue d'un match à rejouer, le premier s'étant soldé par un match nul. Le retour en Bretagne est triomphal. Henri Fréville, député-maire de Rennes, déclare : "Rennes a explosé de joie en apprenant votre succès. L'ambiance que nous vivons aujourd'hui me rappelle celle de la Libération". La même année, le SRUC termine quatrième du championnat, avec la meilleure attaque. En 1965-1966, il joue la Coupe d'Europe mais est éliminé au premier tour, par une équipe tchécoslovaque.

Toujours auréolé de bons parcours en Coupe de France à la fin des années 1960, et ce malgré quelques difficultés financières et la bonne forme des clubs comme Nantes, Saint-Étienne ou Marseille, les Bretons réalisent une nouvelle fois un superbe parcours en 1970-1971. Ils éliminent successivement l'AS Monaco et l'Olympique marseillais en demi-finale, avec une séance de penalty qui a fait d'un certain Marcel Aubour le héros de toute une région. Devant un public déchaîné, Rennes accède à la finale. La fin est heureuse puisque les hommes de l'entraîneur Jean Prouff battent Lyon et confirment leur statut d'équipe de coupe. Grâce à cette victoire, Rennes retrouve les joutes européennes mais de nouveau, ils sont éliminés au premier tour.

Des joueurs cadres quittent alors le club, qui change d'appellation au début des années 1970. Il se nomme dorénavant le Stade Rennais Football Club (SRFC) et se compose essentiellement de joueurs bretons, ce qui contribue à la forte identification du public à ses joueurs. Les années 1980 sont des années instables pour les "rouge et noir". Au gré des saisons, ils connaissent rétrogradations en deuxième division et accessions en première division. Il faut véritablement attendre les années 1990 pour que ces "années yo-yo" se terminent. Le Stade Rennais retrouve une certaine stabilité, grâce à l'apport du groupe Pinault, qui assainit considérablement les finances du club.

En savoir plus :

Fondé au début du siècle à l'initiative d'anciens étudiants rennais de la rue d'Echange - Duchesne, Jamin, Peter et Ghis - il s'agit à l'origine d'un club omnisports (football et athlétisme). En 1904, les deux clubs rennais, le FC Rennais et le Stade Rennais fusionnent. Le nouveau club s'appellera le Stade Rennais Universitaire Club - le SRUC. Les couleurs adoptées, toujours d'actualité, sont le rouge et le noir. Passées les années d'amateurisme où les compétitions se disputent principalement à l'échelle régionale, le SRUC adhère au championnat de France professionnel, créé en 1932, et rencontre désormais des clubs situés aux quatre coins du pays. Pour cette première édition, les "rouge et noir" terminent sixième du classement. Ils dominent tous les terrains de la région et deviennent un des clubs forts du football français. En 1935, ils se qualifient pour la finale de la Coupe de France face à l'Olympique de Marseille, perdue par trois buts à zéro. Deux ans plus tard, le Stade Rennais connaît de gros problèmes financiers : la faillite menace. L'ouverture d'une souscription est décidée. Face à l'intérêt du commerce local, une subvention exceptionnelle est accordée au club. En 1940, de nombreux hommes sont mobilisés au combat et dans ce contexte de guerre, le SRUC ne participe pas au championnat national. Les préjudices de la Seconde Guerre mondiale sont énormes et l'association rennaise redevient amatrice. Elle ne participe plus qu'à la Coupe de France et à quelques matchs amicaux. Mais dès 1941, le Stade retrouve le championnat national. Les années 1950 sont celles de la structuration et, progressivement, un "groupe" se façonne.

François Lambert

Transcription

Gilbert Bousquet
On avait jamais vu cela. Hier soir à Rennes, le stade rennais recevait l'Olympique de Marseille en match retour de demi-finale de Coupe de France de football. Plus de 27 000 spectateurs, une ambiance indescriptible, véritablement, c'était un grand jour, le grand jour du football à Rennes hier soir. Les équipes pénètrent sur le terrain pour Marseille tout en blanc, Escale dans les buts, à l'arrière Lopez, Hodoul, Zvunka et Kula, au milieu du terrain Gress et Novi, à l'avant Magnusson, Skoblar, Bonnel et Loubet. Pour Rennes, encouragé par de vibrants «Allez Rennes», repris en coeur par tout le public, Aubour dans les buts, à l'arrière Cosnard, Sedolin, Chlosta et Cardiert, au milieu du terrain Garcia Nomovitch, avant Guy, Keruzore, Beta et Rico. Keruzore effectuait donc sa rentrée au sein de la ligne d'attaque rennaise. Le match est commencé, d'entrée, on voit que les deux équipes, vont essayer de prendre l'avantage immédiatement, d'impressionner en quelque sorte l'adversaire. Descente de Magnusson aux prises avec Cardiert. C'est une occasion pour Skolbar, Sedolin sauve.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Rennes à son tour attaque par l'intermédiaire de Beta, Nomovitch, en profondeur pour Rico. Regardez bien, c'est la première occasion sérieuse du match, le tir de Rico, but sur le poteau et Guy ne peut conclure une action véritablement immanquable. Revoici cette action. Le tir de Guy s'envolant en quelque sorte dans les nuages, étant repoussé en corner par les Marseillais. Nouvelle occasion pour les Bretons sur corner mais la défense marseillaise fait bonne garde.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Josi peut Skoblar, Bonnel, Gress, Loubet, donner du fil à retordre à la défense rennaise. Mais c'est ici Keruzore qui alertait le plus sérieusement Escale, Escale qui détournait en corner. Coup franc en faveur de Rennes, une fois encore la défense marseillaise réussit à s'imposer mais regardez bien, il nous semble bien que sur cette action, il y ait eu but parfaitement valable.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Voilà Guy s'avance, tire et marque.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Nous sommes là à la 29ème minute de jeu, l'arbitre M. Frossiel refuse ce but pour hors-jeu. Et coup de théâtre, deux minutes plus tard, un loupé de René Sedolin et Loubet sur centre de Skoblar parvient à ouvrir le score, 1 à 0 pour Marseille. On pense alors que les Bretons n'ont plus beaucoup de chance de se qualifier. Mais c'est ne pas tenir compte de la volonté, du courage des Bretons hier soir. En effet, ceux-ci, vont après un petit flottement de 10 minutes réagir et réussir à marquer. Pourtant Gress là offrait à Skolbar une belle occasion, Aubur était à la parade. Une minute avant le repos, Rennes allait finalement égaliser sur cette rencontre et sauver en quelque sorte sa qualification. Vous voyez, ici coup-franc, concédé par Kula sur Beta. Beta tire ce coup-franc qui est prolongé par Cosnard et Guy de la tête.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Là le stade, c'est du délire, à la mi-temps, les deux équipes sont à égalité, un but partout.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Une ambiance sud-américaine et M. Leclerc le président de l'OM avec un chapeau breton. Deuxième mi-temps donc, un slalom de Magnusson sur le côté droit, d'ailleurs le duel Magnusson-Cardieff est encore épique mais Skoblar là manque une belle occasion de donner l'avantage à l'OM. Aubur est inquiet mais il a quand même confiance. Et regardez bien cette action, c'est Magnusson qui veut centrer. Ce ballon est récupéré par Garcia et ça sera une merveilleuse offensive de Rennes avec à l'arrivée un très très joli but. Nomovitch dans le rôle central. Nomovitch qui va voir Rico, le lance en profondeur, Rico qui s'infiltre dans la défense marseillaise et crocheté dans la surface, il y a penalty peut-être mais Keruzore récupère, donne à Guy et c'est le but.
(Silence)
Gilbert Bousquet
2 à 1 pour le stade rennais qui a maintenant le match en main. Voici à nouveau ce but de Guy qui permet à toute la Bretagne d'espérer la qualification pour la finale de la Coupe de France de football. Véritablement une ambiance exceptionnelle hier soir au parc des sports de la route de Lorient à Rennes. 2 à 1 et finalement, coup de sifflet de l'arbitre à la fin du match, ce sera toujours le score 2 à 1. On aura donc recours tout d'abord aux prolongations.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Et pendant ces prolongations, il y aura des occasions de Chakounde comme il y en eu à la fin du match de chaque côté. Chlosta ici qui s'interpose ici avec brio et relance son attaque et particulièrement Rico très très bon hier.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Beta toujours à la pointe du combat, infatigable, aux prises avec Zvunka, réussit à centrer mais Escale est à la parade. 2 à 1 donc alors que M. Roux, le président du Stade Rennais joue du Biniou et de la bombarde pour encourager son équipe. On va jouer donc les prolongations. Au début de ses prolongations, un très bon tir de Guy qui passe juste à côté. Réactions marseillaises maintenant. Un excellent tir là encore à côté du cadre. Et puis un centre sur corner en faveur des Bretons. Une très belle occasion ratée d'extrême justesse, le tir de Guy étant détourné par Zvunka. Deux à un, comme les Rennais ont été battus à Marseille 1 à 0, on a donc recours au penalty pour départager les deux équipes. Et en fait là, Aubour allait sortir le grand jeu. Premier penalty, Lenoir le transforme, 1 à 0. Skoblar rate lui son penalty, 1 à 0 en faveur de Rennes. Guy, 2 à 0. Magnusson, 2 à 1.
(Silence)
Gilbert Bousquet
Chlosta, imparable, 3 à 1. Et c'est là le tournant du match, Kula arrête, premier très très bel arrêt de Marcel Aubour. 3 à 1. Beta... manque son penalty. Mais regardez bien, Kula tir et le tir est repoussé plus exactement, le tir d'Hodoul est repoussé par Marcel Aubour qui fou de joie court à travers le terrain. Un terrain envahit par les supporters grâce au penalty 3 à 1 et bien Rennes ira en finale de la Coupe de France de football et jouera contre l'Olympique Lyonnais le 20 juin prochain. Véritablement, hier soir, on a vu un très très grand stade rennais, une équipe qui a amplement mérité sa victoire sur l'Olympique de Marseille. Mais répétons le, on avait jamais vu cela à Rennes, une ambiance extraordinaire.