René Pleven s'exprime après une réunion de la CODER
Notice
René Pleven, président de la CODER (Commission de développement et d'expansion régionale) est interviewé sur le rôle de cette commission consultative et exécutive.
Éclairage
René Pleven (Rennes, 1901 - Paris, 1993) apparaît comme une personnalité politique essentielle de la seconde partie du XXe siècle français. Après une formation en droit et une carrière dans les affaires, la Seconde Guerre mondiale et le choix de la France Libre – à Londres – constituent un tournant qui détermine une nouvelle carrière, une nouvelle vie.
Bras droit du général de Gaulle et homme de l'ombre au cours de l'épopée de la France libre, il est aussi efficace et polyvalent que discret. Cette discrétion qui ne doit pas masquer son rôle-clef dans l'action administrative, économique, diplomatique et coloniale du premier résistant de France. Inconnu des libérés en août 1944, il est hors de question pour René Pleven de retourner à l'anonymat du monde des affaires. Comme la plupart de ses camarades de Résistance, il est tenté par une carrière politique dans un pays qui a besoin de cadres jeunes et nouveaux pour se reconstruire. Il est nommé membre du GPRF (Gouvernement provisoire de la République française) sans avoir suivi avant la guerre le cursus électoral traditionnel, n'ayant jamais été maire ni député.
Il doit donc s'enraciner électoralement dans une région, choisir et diriger un parti pour construire une légitimité politique. Il choisit ses terres natales. En quelques années, il est élu député des Côtes-du-Nord - le 21 octobre 1945, lors des premières élections nationales d'après guerre - et s'affirme comme l'un des principaux parlementaires de la IVe République, dans un petit parti situé au centre-gauche, l'UDSR (Union Démocratique et Socialiste de la Résistance). Il devient même président du Conseil pour la première fois du 11 juillet 1950 au 28 février 1951, en pleine période de guerre froide. Omniprésent jusqu'en 1954 - il occupe notamment des fonctions ministérielles -, il est écarté par les partisans de Mendès-France et le front républicain et revient brièvement à la tête du pouvoir en 1958.
Parallèlement à cette carrière "nationale", René Pleven s'enracine politiquement en Bretagne. Sa trajectoire politique le fait passer de la présidence du Conseil Général des Côtes-du-Nord de mai 1949 à 1976, à celle du CELIB (Comité d'Etudes et de Liaison des Intérêts Bretons). Ce comité et groupe de pression breton prône le développement, la modernisation et l'industrialisation d'une des régions françaises restée le plus à l'écart de l'essor économique du XIXe siècle. Séduit par ces idées, René Pleven devient président de la CODER (Commission de Développement et d'Expansion Régionale) de Bretagne en 1964. Il le restera jusqu'en 1972. Cet organisme, qui dépend étroitement du préfet de région, est en fait, l'une des premières pierres angulaires de la régionalisation. Stimulant les forces économiques et sociales de la région, la CODER rencontre cependant quelques obstacles qui amenuisent son bilan au cours des années 1960. En juin 1970, René Pleven devient ministre de Georges Pompidou et est réélu à la présidence du comité directeur du CELIB et à celle de la CODER. Homme politique ayant consacré la plus grande partie de sa vie et de son énergie à la défense de ses concitoyens et farouche militant de la modernisation de la Bretagne, René Pleven s'est éteint le 13 janvier 1993.
Bibliographie :
- Christian Bougeard, René Pleven. Un Français libre en politique, Rennes, PUR, coll. "Histoire", 1994.