La communauté polonaise de Couëron

18 octobre 1978
04m 07s
Réf. 00158

Notice

Résumé :

La communauté polonaise de Couëron est heureuse de la nomination du Pape Jean Paul II, le polonais Karol Wojtyla. Ces immigrés, arrivés en France dès les années 1920, restent proches de leurs traditions, de leur langue et de la religion catholique.

Type de média :
Date de diffusion :
28 décembre 1978
Date d'événement :
18 octobre 1978
Source :
FR3 (Collection: Reflets )

Éclairage

L'Ouest compte nombre d'isolats industriels qui dès avant la Grande guerre et encore davantage au XXe siècle employèrent des étrangers pour combler le besoin impératif de main-d'œuvre tant pour l'extraction minière que l'industrie métallurgique. Pendant l'entre deux-guerres, l'Ouest a ainsi accueilli de nombreux Polonais.

Alors que la Pologne connaissait dans les années 1920-1930 un surpeuplement de ses campagnes, la France, manquant de main-d'œuvre, mit en place un recrutement collectif, impulsé par le Comité central des Houillères (1919) puis par la Société générale d'Immigration (1924), avec l'aval des deux gouvernements. Entre 1923 et 1930, à Couëron, trait d'union entre Nantes et Saint-Nazaire, 1200 immigrés polonais sollicités par l'entreprise J.-J. Carnaud (les forges de Basse-Indre) arrivent alors. Cette dernière se charge dès lors de leur construire les cités du "Bossis" et de "la Navale" et leur accorde des avantages : un bas loyer, les travaux d'entretien des locaux, l'électricité. Chaque famille a aussi un jardin qui lui permet de subvenir à l'essentiel de ses besoins.

Une école polonaise est créée en 1924 pour perpétuer la culture polonaise. Car de nombreux immigrants espéraient bien retourner un jour au pays ! On maintient les traditions culinaires avec les "kluski", quenelles de pommes de terre, les "pierogi", gros raviolis, les "packi", beignets, ou encore les "placek", gâteaux quatre-quarts. Ces derniers, fabriqués en grande quantité, sont cuits dans le four d'un des boulangers de la ville. Un groupe folklorique "Orzel", est créé dès l'arrivée des premiers ouvriers à Couëron.

Dans les années 1950, une vie associative se développe. Riches de leur culture, les Polonais installés à Couëron, tout comme leurs compatriotes ayant immigré en France, ont tout fait pour préserver leur identité dans l'optique d'un potentiel retour au pays en retardant peut-être le processus d'intégration de certains. L'intégration de ceux qui, avec le temps ont choisi de s'enraciner à Couëron n'empêche pas d'ailleurs la pérennisation d'une identité polonaise forte dans le paysage de cette ville. Un groupe folklorique polonais existe toujours et, aujourd'hui, se produit encore tous les ans, lors de la traditionnelle kermesse polonaise.

François Lambert

Transcription

Commentateur
«Habemus Papam». Nous avons un Pape et il est Polonais. Ce cri de joie, un millier de couëronais l'ont poussé mercredi 18 octobre lorsque l'Archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla, est devenu Jean-Paul II. Aujourd'hui, la communauté polonaise de Couëron a retrouvé son rythme de vie quotidien mais les fêtes Noël et de fin d'année, ont sans conteste revêtu cette semaine une émotion et un caractère très particulier.
Eduard Kavalec
D'avoir le Pape polonais pour nous, c'est un réconfort dans notre travail.
Journaliste
Comment la communauté polonaise de Couëron a ressenti cette élection ?
Eduard Kavalec
On était vraiment très heureuse, c'est vraiment difficile, c'est vraiment difficile d'exprimer la joie que nous avons dans le coeur.
Journaliste
Qu'est-ce qui a changé depuis cette élection ?
Eduard Kavalec
La vie, elle est pareille, mais il y a quand même certain émotion qui toujours, qui est avec nous toujours dans notre travail. Nous gardons vraiment ce moment dans notre conscience. C'est quelque chose qui nous permet de vivre quand même plus heureux qu'avant.
Commentateur
Si l'église polonaise constitue un véritable État dans l'État polonais, en revanche, la paroisse polonaise de Couëron s'est totalement intégrée à la vie de la commune. Depuis 1920, plusieurs vagues d'émigrants se sont succédés à Couëron, des hommes pour la plupart, venus en France avec des contrats de travail. On les rencontre dans le Nord parmi les mineurs et en Basse-Loire où ils travaillent au Laminoir à chaud. Après quelques mois, c'est autour des femmes de rejoindre les premiers arrivants. Ainsi se sont formées les premières familles polonaises regroupées autour de la paroisse du Bossis. Cette paroisse joue un rôle déterminant dans leur vie car tous sont catholiques pratiquants.
Inconnu
60 ans après, la religion est toujours omniprésente, elle est même étroitement associée à la culture, à la langue et aux traditions polonaises transmis au sein de la Paroisse aux nouvelles générations.
(Musique)
(Prière)
(Leçons en polonais)
Journaliste
Christine, tu aimes apprendre le polonais ?
Christine
Oui.
Journaliste
Tu penses le parler bien maintenant ?
Christine
Oui, très bien.
Journaliste
Tu le parles très bien et à la maison, tu l'utilises ?
Christine
Oui avec papa.
Journaliste
Et maman ?
Christine
Maman, elle sait pas trop alors... je peux pas le faire avec elle.
Journaliste
Fabrice, il y a longtemps que tu apprends le polonais ?
Fabrice
Oui, ça fait 3 ans.
Journaliste
Est-ce que ça te plaît ?
Fabrice
Oui.
Journaliste
Tu parles plus souvent le polonais ou le français ?
Fabrice
Le français, parce que, parce que moi, je comprends pas le polonais.
Journaliste
Et tu l'apprends.
Fabrice
Oui.
Journaliste
Et ça te plaît ?
Fabrice
Oui.
Journaliste
Qu'est-ce qui te plaît dans le polonais ?
Fabrice
Parce que si un jour, j'irais en Pologne, je pourrais parler en Polonais.
Journaliste
Tu n'y es jamais allé encore ?
Fabrice
Non.
Journaliste
Est-ce que tu connais le Cardinal Wojtyla ?
Elève
Non.
Journaliste
Tu ne sais pas qui sait ?
Elève
Non.
Journaliste
Et toi Fabrice, tu connais le Cardinal Wojtyla ?
Fabrice
Non.
Journaliste
Tu ne sais pas qui sait ?
Fabrice
Non.
Journaliste
Comment il s'appelle le nouveau Pape ?
Fabrice
Jean-Paul I. II.
Journaliste
I ou II ?
Fabrice
II.