La désertification des campagnes
Notice
La Chapelle Bouëxic est un petit village représentatif du sud de l'Ille et Vilaine. Cette commune rurale, en perte de vitesse, est désertée. Face aux difficultés du monde agricole, elle voit sa population et son activité économique diminuer.
Éclairage
Au début des années 90, la prospective sur l'avenir des campagnes est dominée par le mythe de la désertification : les campagnes se vident car trop d'agriculteurs abandonnent la terre, dont la mise en valeur est menacée par la concurrence internationale. Depuis 1988, la population des exploitants a reculé de 37%. Ce document illustre cette idée force.
Des chiffres vont dans ce sens : en 1970, un Breton sur quatre appartenait à une famille d'exploitants, en 1988 ils ne sont plus que 11 %, et seulement 6 % en 2000 (mais la moyenne française est encore plus faible : 2,8 % environ).
Dans le film, l'abandon de l'activité agricole parait lié aux difficultés rencontrées - crise de la viande, crise du lait - qui poussent les exploitants à s'agrandir et à s'endetter. Nous retrouvons les "modernisés-endettés" analysés par Corentin Canevet. En effet, à partir de 1974, des conditions de crédit plus difficiles, des marchés plus instables fragilisent ces exploitations qui sont souvent celles des jeunes. Le redressement de la situation dépend fortement de la conjoncture. Les syndicats de gauche bretons ont souvent décrit ces situations. Mais en fait d'autres phénomènes participent de la disparition des agriculteurs puisque ce sont les plus âgés qui partent le plus, encouragés par les aides de l'Etat.
Mais peut-on parler pour autant de désertification des campagnes ? Non, "la désertification bretonne est un mythe" nous dit Alain Even, président du Comité économique et social de Bretagne dans une réflexion prospective "la Bretagne en devenir". Selon lui, mis à part quelques cantons situés le plus souvent dans le centre Bretagne, les campagnes sont des territoires peuplés aux multiples polarités (villes et bourgs) car si la population agricole diminue, actuellement les villes peuplent les campagnes. Une preuve : 16 km deux fois par jour est la distance moyenne parcourue par les automobilistes chaque jour travaillé.