La Cité radieuse de Rezé, trente ans après
Notice
Dans les années cinquante, à Rezé près de Nantes, l'architecte Le Corbusier a créé la Cité Radieuse. Ces appartements ingénieux proposaient un confort moderne. Témoignages d'habitants vivant dans cette cité depuis de longues années.
Éclairage
La Cité radieuse de Rezé, dans la banlieue de Nantes, est l'oeuvre de Le Corbusier. Construite en 1955, elle se calque sur le modèle de la Cité radieuse de Marseille érigée en 1947.
Cette "unité d'habitation" se compose d'une barre de béton armé élevée sur pilotis, abritant sur 17 étages près de 300 appartements duplex avec terrasses, des "villas" en hauteur. Généreusement pourvus en équipements (école, commerces, blanchisseries, installations de loisirs), la Ville radieuse devait offrir un environnement complet, être "une machine à vivre". Conformément à cet état d'esprit, Le Corbusier a d'ailleurs mis au point une gamme de mesures harmoniques "à l'échelle humaine" : le Modulor. La plupart de ses réalisations sont ainsi basées sur les proportions d'un homme d'une hauteur de 1, 83 m dont la main s'élève à 2,26 m du sol (niveau du plafond). Son assise est fixée à 0,70 m et il s'accoude debout à 1,13 m ou 1,40 m.
Il existe seulement cinq "Cité radieuse" dans le monde : Marseille, Rezé, Briey-en-Forêt, Berlin et Firminy. "L'unité d'habitation, ça c'est un navire" disait Le Corbusier : "chacun y aura la liberté complète de ses gestes, l'isolement de son foyer, chacun sera libre".
En savoir plus :
Né en Suisse en 1887, Charles-Edouard Jeanneret travailla en France sous le pseudonyme de Le Corbusier. Il incarne incontestablement l'une des inaluences majeures de l'architecture du XXe siècle. Avant 1939, sa réputation reposait à la fois sur quelques villas édifiées pour de riches commanditaires, et sur ses livres, notamment Vers une architecture (1923) et La Ville radieuse (1935). Il y proclamait une sorte d'utopisme par l'architecture, prédisant une ère où des solutions drastiques aux problème sociaux seraient autoritairement appliqués grâce à la science et à la technique, où les populations habiteraient dans des villes planifiées répondant à tous leurs besoins, dans des environnements ensoleillés, lumineux et aérés. Le Corbusier vouait une véritable foi pour le béton, à rapprocher de ses années d'apprentissage auprès de l'architecte Auguste Perret (un des premiers architectes français à avoir employé le béton armé pour la construction).
En matière d'architecture, Le Corbusier était pour l'abolition de la rue, la séparation de l'habitat et de l'industrie, les impératifs de lumière, d'air, de campagne verdoyante. Tous ses projets architecturaux reflètent son souci du mode de vie de ses clients et témoignent de sa manipulation subtile des espaces ouverts et des différences de niveau. Cette phase de sa carrière atteint son apogée dans la Ville radieuse ou Cité radieuse, où il a pu mettre enfin en pratique ses idées sociales.
Bibliographie :
- Le Corbusier, Le Modulor II, la parole est aux usagers, Boulogne, Architecture d'Aujourd'hui, 1955.
- Le Corbusier, Architecture du bonheur, l'urbanisme est une clef, Paris, Presses de l'Ile de France, 1955.