Les oignons dans les Côtes du Nord
Notice
L'oignon des Côtes du Nord est cultivé à Langueux, Yffiniac et Hillion. Cet oignon, "le jaune paille des vertus", est conditionné dans les coopératives locales. Il est parfois vendu sur le bord des routes, par des petits producteurs.
Éclairage
Ce document nous rappelle une culture traditionnelle de la "ceinture dorée", zone maraîchère fertile qui longe la côte : celle de l'oignon qui a été immortalisée par Mathurin Méheut (grève d'Yffiniac).
Dans les années 50, ce produit est cultivé dans trois communes de Saint Brieuc - il s'agit alors d'un oignon plat dit "l'oignon jaune paille des vertus" - ainsi que sur la côte du Léon autour de Saint Pol et de Roscoff - il s'agit alors de l'oignon rosé. Actuellement, c'est le souvenir des marchands de Roscoff qui est le plus vivant – les fameux "johnnies" qui traversaient la Manche pour aller vendre leur production en Angleterre. Il faut dire que les producteurs de l'oignon rosé ont obtenu un AOC en 2006 pour ce légume encore cultivé sur plus de 100 ha.
Par contre, dans la région de Saint Brieuc, la culture de l'oignon a quasiment disparu. Si dans les années 50, 6 000 tonnes d'oignons étaient cultivées dans le fond de la baie de Saint Brieuc, seulement 5 exploitations maraîchères en cultivaient en 1988 à Yffiniac. Ne pouvant résister à la concurrence, entre autre celle de l'oignon hollandais, elles ont toutes disparu en 2002. La culture de l'échalote très abondante en Bretagne nord et surtout l'élevage porcin ont maintenant supplanté celle de l'oignon.
Ce document offre un rare témoignage sur les circuits commerciaux traditionnels : au début du XXe siècle, les oignons, après avoir été livrés en train, étaient vendus en porte-à-porte à Paris. Rappelons qu'il en allait de même pour le beurre et le cidre qui, tout en étant des produits de consommation courante, participaient à des circuits commerciaux importants. Ces derniers étaient le plus souvent dans les mains de négociants très bien organisés. Dans cet extrait, le témoin interrogé évoque les voyages que faisait son père producteur qui préférait donc éliminer les intermédiaires. Ces voyages, à finalité professionnelle, étaient sans doute assez nombreux ; ils ont contribué à la modernisation des campagnes bretonnes avant la Seconde Guerre mondiale en apportant au village les coutumes et les bruits de la ville.
Filmographie :
- Les "Johnnies" de Roscoff, André de Beaumont, FR3 Rennes, 1946, 12'02.