M. Frémin, syndicaliste chez Citroën
Notice
M. Frémin est ajusteur chez Citroën. Délégué syndical à la CGT et catholique pratiquant, il a été licencié suite à une altercation avec son supérieur. Depuis, il se bat pour être réintégré, et poursuit son action syndicale auprès des travailleurs.
Éclairage
La loi L. Ollivier de 1864 et la loi Waldeck-Rousseau, votée en 1884, constituent une première étape vers la liberté syndicale en France. La première, en supprimant le délit de coalition, et la seconde, en autorisant la création de syndicats professionnels et ouvriers mettent fin à la loi Le Chapelier, promulguée en 1791, qui interdisait les organisations ouvrières et en particulier les corporations de métiers. Il faut cependant attendre 1946 et la rédaction d'une nouvelle constitution pour que la liberté dans le choix d'un syndicat, le droit de grève (y compris pour les fonctionnaires) et le droit à l'action syndicale soient reconnus.
Ces droits syndicaux ne sont pas toujours vus d'un très bon oeil par le patronat. Ainsi, en 1966, dans l'usine Citroën de Rennes, un salarié est licencié après avoir eu une altercation avec un contremaître. Yannick Frémin, militant à la CGT (Confédération Générale du Travail) et délégué syndical, avait demandé le droit d'exercer son mandat pendant son temps de travail mais ses supérieurs avaient refusé. Suite à son licenciement, d'importantes manifestations ont lieu. Mais Yannick Frémin ne sera pas réintégré dans l'entreprise. Ce reportage nous plonge alors dans le quotidien de ce militant syndical. Celui-ci revient sur son licenciement et sur son engagement syndical. Il se fait aussi le témoin des évolutions économiques et sociales qui ont lieu dans les années 1960 dans la commune de Rennes. La physionomie de la ville évolue, de nouveaux quartiers apparaissent pour accueillir les ouvriers de Citroën, les ménages s'équipent en électroménager et l'accès à la voiture se démocratise.
Pour en savoir plus :
La CGT, créée en septembre 1895 à Limoges, fait partie des cinq confédérations de syndicats de salariés français considérées comme représentatives par l'Etat. La grève générale, l'autonomie syndicale et le syndicalisme de métier constituent ses trois principales orientations lors de sa création. Fondée sur un principe unitaire, l'histoire de ce syndicat est cependant jalonnée par une série de dissensions et de divergences profondes.
Dans les années 1910, la question du rapport à l'Etat va cristalliser les premiers clivages. Au lendemain de la Grande Guerre, les divisions persistent. La CFTC (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens) et la CGTU (Confédération Générale du Travail Unitaire) voient alors le jour respectivement en 1919 et 1921. Pendant l'Entre-deux-guerres, face à la crise économique et sociale, l'unité est de nouveau à l'ordre du jour. La CGT et la CGTU manifestent ensemble et leur réunification devient effective en 1936 lors du Congrès de Toulouse. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les clivages ressurgissent. En 1944, naît la CGC (Confédération Générale des Cadres), en 1945 la FEN (Fédération de l'Education Nationale) et en 1947 CGT-FO (Force Ouvrière). Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les tendances à la division s'accentuent malgré quelques tentatives d'unification.
Depuis les années 1980-1990, on parle de crise du syndicalisme en France, notamment à cause d'une baisse importante du nombre de militants. La CGT, dont Bernard Thibault est actuellement le secrétaire général, demeure l'une des grandes forces syndicales en France. En 2008, c'est elle qui a obtenu le plus de suffrages lors des élections prud'hommales.
Bibliographie :
Michel Dreyfus, Histoire de la CGT. Cent ans de syndicalisme en France, Bruxelles, Complexe, 1995.